Lorsque j’ai choisi de reprendre le journalisme en 2006 et d’écrire pour le webzine Metal-Impact, l’un des premiers albums à tomber sous ma plume fut le troisième LP de KILLSWITCH ENGAGE. A l’époque, mes chroniques dépassaient à peine le paragraphe, se voulaient plus concises, mais je m’étais laissé emporter par mon enthousiasme et avais gratifié l’album d’un 9 sur 10 totalement immérité. Rétrospectivement, et après avoir écouté As Daylight Dies une poignée de fois depuis, j’ai compris que j’avais fonctionné à l’instinct, sans recul, et que j’avais été trop généreux, sans forcément le regretter. C’était il y a déjà treize ans, et depuis, mes chroniques se sont rallongées à mesure que mes cheveux se raccourcissaient, mais l’enthousiasme est toujours là, se formalisant avec moins de mesure dans l’espace, mais plus d’objectivité dans le fond. Et il est assez amusant de constater qu’une fois encore, et pour la deuxième fois, je me retrouve à traiter du cas d’un troisième album de la part des américains. Le troisième album studio depuis le retour du chanteur originel Jesse Leach, six ans après Disarm The Descent, et trois ans après le très célébré Incarnate. Malgré le talent et le vibrato inimitable de Howard Jones, les fans se sont réjouis du retour au bercail de Jesse, qui semblait signifier pour eux un retour aux sources de l’éponyme début et du classique Alive or Just Breathing, le véritable point de départ de la carrière des originaires de Westfield, Massachusetts. Le retour aux sources n’a pas forcément été constaté par tout le monde, mais les accros eux étaient d’accord. Incarnate était une tuerie qui méritait une suite à la hauteur, mais une fois encore, c’était sans compter sur les impondérables d’une existence décidément très capricieuse. Jesse, atteint de polypes, a dû se faire soigner pendant de longs mois, sans savoir s’il allait retrouver sa voix, et c’est donc un chemin de croix qui a mené à l’enregistrement de ce huitième album, qui sans s’aventurer hors d’une zone de confort déjà bien établie, en conforte les limites et en agrémente le contenu.
On le sait, c’est aujourd’hui un quasi consensus, le Metalcore n’a jamais été en odeur de sainteté dans la famille Metal. Presque au niveau du Nu-Metal en termes de mépris, il n’a même pas l’avantage de représenter un pallier franchi, puisque le genre n’est uniquement considéré que comme une extension un peu batarde, réservée à un public trop jeune et incapable de faire la différence entre vrais musiciens et habiles faiseurs. Mais en occultant ce jugement manquant d’objectivité, et en admettant que le nœud du problème ne se situe pas là, admettons que les KILLSWITCH ENGAGE en sont les représentants les plus dignes, et certainement les plus efficaces. Si leurs albums n’ont jamais rien révolutionné depuis des débuts pétaradant, difficile de ne pas voir en Alive or Just Breathing un classique du cru et une œuvre qui passe avec aisance l’épreuve du temps. Depuis, pas de réelle déception, même si la critique n’a jamais épargné le groupe, et c’est avec une envie de revanche sur le destin que le groupe se présente aujourd’hui, avec ces onze nouveaux morceaux qui sont autant de déclarations d’intention. Une fois encore travaillé maison avec une production signée par le guitariste Adam Dutkiewicz, Atonement n’étonnera personne mais rassurera tout le monde. On reconnaît la patte inimitable des auteurs, et ces figures imposées entre saccades traditionnelles et mélodies plus prononcées, et dans les faits, ce huitième opus de la saga KILLSWITCH ENGAGE pourrait incarner le parangon d’une méthode éprouvée par les années, mais toujours aussi efficace. Eprouvée, le terme est le bon, puisque le groupe envisage cette nouvelle étape comme la formalisation musicale de « la réflexion sur la persévérance et la passion au travers de la souffrance de nos existence ». Et cette souffrance est souvent palpable, spécialement - et logiquement - dans les intonations de Jesse, qui très en forme, nous offre un faire-part de guérison qui fait plaisir à entendre. Le reste de la bande-son ne déroge à aucune règle, à tel point que j’ai parfois cru faire un bond dans le temps pour me retrouver en 2006 et réécouter As Daylight Dies (« As Sure As the Sun Will Rise »).
Pour solde de tout compte, le quintet (Jesse Leach - chant, Adam Dutkiewicz & Joel Stroetzel - guitares, Mike D'Antonio - basse et Justin Foley - batterie), accepte de regarder en arrière et d’admettre que cet album est sans doute le plus varié qu’ils ont enregistré. Sans accepter cette assertion pour argent comptant qui ressemble à s’y méprendre à un argument promotionnel, il convient de reconnaître au moins que l’écart entre les morceaux les plus radicaux et ceux plus nuancés est plus ouvert que d’ordinaire, avec des tubes grand-public formatés pour séduire, et qui vont certainement le faire. Dans ce créneau-là, le groupe est toujours aussi à l’aise, nous servant « Us Against the World » et son intro presque dramatique sur un plateau d’harmonies en tierces, et « I Can’t Be the Only One » sur une assiette de Nu-Metal digéré et assumé, malgré la rythmique qui concasse de Justin Foley. Que l’on aime ou pas l’approche plus harmonieuse de KILLSWITCH ENGAGE, on acceptera au moins leur talent pour imposer des hymnes aux motifs simples et aux riffs mémorisables, talent qu’ils travaillent depuis leurs débuts, et qui est maintenant imperfectible. Mais aussi plaisant soient ces morceaux, ils ne constituent pas le vrai fond de l’album, qu’on peut trouver sans avoir à pelleter dès « Unleashed ». Malgré quelques cordes qui semblent apaisées, le titre est une véritable boucherie qui présente les meilleurs aspects du Metalcore, se jouant de ses clichés les plus poussés (et qui ont été soulignés récemment par une excellente vidéo parodique sur Youtube, que vous trouverez sans problème), pour les transcender et nous massacrer les oreilles d’une colère qu’on imagine née de la frustration de ces deux dernières années.
Seul, le groupe s’en sort avec plus que les honneurs, mais épaulé, il déclenche la fureur, et signe deux morceaux aux featurings fameux. Le premier et le plus évident est bien sûr « The Signal Fire », avec l’ancien chanteur Howard Jones venu en renfort. Du KE tout ce qu’il y a de plus classique, mais qui claque comme du AT THE GATES réintroduit dans un labo de la Bay Area. La combinaison des deux voix assure la jonction historique, mais c’est surtout le riff qui explose les enceintes, et le headbanging est alors inévitable. Parlant de la Californie, « The Crownless King », avec la caution légendaire de Chuck Billy est une autre tuerie, qui nous rapproche d’arguments plus Thrash, tels ceux qu’on trouvait justement sur les derniers albums de TESTAMENT. Le reste se partage entre des tranches saisies à vif, presque bleues, mais trop produites pour sonner réchauffées, avec un « Know Your Enemy » qui synthétise tout le parcours, « Ravenous » qui ose plus de méchanceté concentrée, ou le final « Bite the Hand That Feeds » qui a parfois de faux airs de MESHUGGAH version redux pour se montrer plus ambitieux, tout du moins sur son intro. Atonement de fait ne sera donc une surprise pour personne, puisque KILLSWITCH ENGAGE se contente de faire du KILLSWITCH ENGAGE, et cette fois-ci, contrairement à ma clémence d’il y a treize ans, j’ai le recul nécessaire pour juger le groupe à sa juste valeur. Une valeur indiscutable, mais bien en dessous d’une importance cruciale.
Titres de l’album :
01. Unleashed
02. The Signal Fire [Featuring Howard Jones]
03. Us Against the World
04. The Crownless King [Featuring Chuck Billy]
05. I Am Broken Too
06. As Sure As the Sun Will Rise
07. Know Your Enemy
08. Take Control
09. Ravenous
10. I Can’t Be the Only One
11. Bite the Hand That Feeds
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