De bruit et de fureur. C’est un peu le titre emprunté à un excellent documentaire Punk qui colle à la peau de cet EP des canadiens de MINORS, qui contrairement à ce que leur nom indique, ne minorent pas la violence pour se faire accepter par le plus grand nombre. Non, visiblement, le rejet est leur quotidien, et ils n’hésitent pas à nous en faire la preuve en dix-sept minutes justement comblées de bruit et de fureur. Alors, la fureur, on connaît et elle revêt parfois des atours surprenants. Ici, elle est maitrisée, mais prête à exploser, elle est soutenue, mais modulée. Le bruit quant à lui en est, fatalement, mais de ce genre de bruit qui tend vers le Noise, et qui abuse du feedback, des stridences, et des accélérations fatales pour porter un coup musical l’étant tout autant. Et finalement, Atrophy, malgré son côté anecdotique de sortie de fin d’année un peu perdue dans la masse de production, sonne lourd, gras, percutant, et se fait remarquer de ses qualités propres. Qualités qu’il n’a pas été facile de mettre en avant au vu des problèmes de line-up du combo de Windsor, Ontario. Comment les présenter sans tomber dans l’hagiographie exagérée ? Simple, en reprenant leur leitmotiv, gravé à l’encre virtuelle sur leur page Facebook.
We are MINORS, you are not.
Et ils ont raison, puisque nous sommes tous majeurs depuis longtemps, bien que les choses mineures nous intéressent encore. Artistiquement parlant bien évidemment, inutile de provoquer le politiquement correct pour finir au gnouf. Atrophy ne l’est que par sa courte durée, mais autant dire qu’elle suffit amplement pour détecter le potentiel du combo (Jesse - voix, Nick - guitare, Steve - basse et Sean - batterie). Formé en 2013 par le guitariste Nick Kinnish, le concept tourne autour de l’expérience du leader en tant qu’ingé-son respecté de la scène anglaise, ayant bossé avec les JOHNNY TRUANT, THROATS, WAR WOLF, GURT et DOPEFIGH. Et pardonnez un accès de confiance à votre humble rédacteur préféré, qui sent ses oreilles se tendre à l’évocation des THROATS, dont le son est ici présent, par touches fugaces, entre autres influences.
Les influences des MINORS sont justement assez difficiles à identifier, puisque le groupe bouffe à tous les râteliers, et trempe sa plume et son médiator dans le Hardcore chaotique à la CONVERGE, dans le lourd de chez Sludge des EYEHATEGOD, et même dans la lourdeur oppressante et maladive des PRIMITIVE MAN et autres CULT LEADER. De là, affirmer qu’ils jouent autre chose qu’une forme extrêmement primitive de Hardcore serait tendancieux, alors autant rester dans des balises que Kurt Ballou aurait pu placer sur leur route. Mais pour autant, Atrophy n’est pas qu’un écho Chaotic Core de plus, et certainement pas un clone habile de références utiles. Leur utilisation du feedback est absolument ignoble, tant ils en fourrent partout histoire de ruiner le peu de tympans qui nous reste. Certes, les brisures rythmiques font partie de leur quotidien musical, et cette façon de faire rebondir des titres très courts sur une multitude de plans les rapproche d’un style éprouvé, mais pour autant, leur façon d’amadouer et de mouler le bruit n’appartient qu’à eux, et évoque le plus underground de la scène extrême internationale, pendant US en ligne de mire. Donc, Hardcore, à tendance plein de choses, mais Hardcore quand même. Et c’est déjà énorme.
En dix-sept petites minutes, le quatuor fait tout ce qu’il peut pour assourdir, mais le fait avec l’intelligence des extrémistes qui n’ont pas peur de choquer. Et si l’ironie verbale est un principe appliqué dès « Somnolence », qui au regard de son titre nous prend pour des imbéciles en abusant des stridences si chères à l’école new-yorkaise, on ne peut pas reprocher au groupe de se contenter de recettes éprouvées pour nous déstabiliser. Lourdeur de ton à déchirer le cœur déjà fragile des fans de PRIMITIVE MAN, voix écorchée aux intonations lacérées, énorme basse à faire passer le premier SWANS pour un disque bloqué sur fréquences médianes, tout est agencé de façon à vous faire sentir misérable, mais en même temps à vous extirper de votre torpeur pour regarder le monde en face, sans filtre, mais au travers d’un prisme Sludgecore à vous donner la nausée. Simple cas de figure ? Oui et non, puisque « Bone Pointer » joue l’ambivalence, et use d’une intro faussement tranquille pour nous embarquer sur les chemins embouées du Chaotic Core à la CONVERGE, sans oublier de payer un modeste tribut au Crust le plus teigneux et malsain. En deux morceaux, les canadiens prouvent qu’ils en ont dans la pelle, et varient les attaques pour nous laisser sur le qui-vive, pas vraiment rassurés quant à leurs intentions. Titres courts en coup de grisou, dissonances et basse grasse comme le bide d’un avocat véreux, et la folle sarabande continue vaille que vaille, penchant du côté Heavy ou le Hardcore sombre petit à petit, pour un bilan en forme de fin de non-recevoir d’un Metal à tendance Core vraiment maladif. Difficile de croire que toutes ces effluves puants émanent d’un pays réputé aussi accueillant, mais nul n’étant prophète dans le sien, je ne me fais aucune illusion sur les terres d’asile possibles d’un combo aussi malséant.
Pas plus de trois minutes et quelques, mais parfois, des accès de folie qui nous ramènent aux plus grandes heures du Hardcore le plus vif, pour quelques coups de fouet bien mérités, via l’impitoyable et lapidaire « Dark Clouds » qui assombrit le ciel en optant pour une forme très sociopathe d’un JESUS LIZARD certainement très honoré de voir ses psychoses analysées et amplifiées. « Void » continue le travail de sape en usant d’une rythmique en chien de fusil, avec toujours en exergue les riffs taillés dans la haine par Nick, qui profite des impulsions vocales de son chanteur pour emballer les BPM, et triturer un Crust/Grind plus épais qu’un glaviot cancéreux, et plus violent qu’une tétanie du système nerveux. Sinuant entre les courants, Atrophy cherche au contraire à vous faire bouger quoiqu’il arrive, en mutant le Hardcore pour le transformer en cellule Crust aux métastases galopantes, nous laissant craindre le pire pour nous offrir le meilleur (« Miseranaut »). Qu’on accepte ou pas la torture de cette guitare qui se plaint constamment du traitement subi, qu’on digère ces vociférations qui souillent la membrane d’un micro résigné à son sort, ou qu’on se laisse briser les reins par cette rythmique sans freins, le résultat est le même, et les symptômes patents. MINORS est l’incarnation musicale d’une maladie virale incurable, dont le temps d’incubation est si rapide que « Soothsayer » en final nous laisse l’organisme trop atteint pour espérer une guérison.
De bruit et de fureur. Le plus parfait résumé d’un EP qui coule dans le même moule la puissance du Chaotic Core, et la rage du Punk.
Titres de l'album:
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