Cette affaire, à peine survolée, ressemble à un cas simple et facile à situer. Nouveau groupe, premier album après une démo lâchée l’année dernière (Promo 2016), encore une entité sortie de nulle part qu’il va falloir confronter à des influences plus établies pour que l’auditeur potentiel sache de quoi nous parlons. Mais en y regardant de plus près, Aurum d’URARV est tout sauf un premier album d’un groupe sorti de nulle part…Car si ce nom ne dira pas grand-chose à pas grand monde, il en cache derrière sa formation en trio un autre, beaucoup plus connu, celui de Bjørn Dencker Gjerde, alias Aldrahn, actuel vocaliste de THORNS, et surtout, ancien membre des imprévisibles DØDHEIMSGARD, dont il a assuré le chant pendant plus de dix ans…On retrouve aussi sa trace dans les ZYKLON-B, THE DEATHTRIP, ce qui en fait une sacrée référence pour qui a suivi de près l’actualité de la scène BM et extrême de ces dernières années…Alors, qu’a donc poussé Bjørn à se lancer dans un nouveau projet, lui qui fait/a fait partie de combos d’une indéniable importance ? L’envie de faire autre chose, tout en gardant cette approche résolument avant-gardiste qu’il aime tant…D’ailleurs, à l’origine, URARV devait sonner tout autrement, si l’on en croit son créateur…
« A la base, URARV devait être un projet solo plutôt porté sur le Folk, mais au fur et à mesure que le temps passait, cette idée devenait de moins en moins viable. Et finalement, ça m’a pris des années avant que tout ne prenne forme… »
Et effectivement, il fallut attendre l’été 2013 pour que suffisamment de matériel soit disponible pour sortir un album digne de ce nom. De là, notre guitariste/chanteur se mit en quête de musiciens susceptibles de partager ses idées et sa démarche, et finit par enrôler Trish Kolsvart (batterie, ASAGRAUM, ELANDE, GESTALTE) et Jens B. Johansen/Sturt (basse, THE TANTALIZOR, WHIP, THROAT VIOLENCE), pour compléter son ensemble et enfin pouvoir nous étaler ses vues sur un BM qui sans renier l’héritage original norvégien, en fait fructifier les enseignements pour pouvoir ouvrir de nouvelles perspectives, un peu à l’image de ces groupes nationaux qui au détour du nouveau millénaire, commençaient à mélanger la violence de base à celle du Thrash et du Heavy Metal, pour en proposer une nouvelle fragrance, moins systématique et prévisible.
Pour autant, URARV tout en restant en partie expérimental, se veut aussi logique, et répondant à des préceptes d’efficacité assez clairement développés. Avec un baptême évoquant un « héritage ancien », impossible de passer outre les racines du genre, mais il était évident que Bjørn, en bon expérimentateur n’allait pas se contenter de rester à la surface des choses. Inutile d’attendre un dédale d’idées jetées en brouillon sur le feu de la discorde, puisque les morceaux de cet Aurum sont aussi efficaces qu’ils ne sont excentrés. On y retrouve la patte du musicien qui a traversé deux décades de modes et de styles, et qui finit par imposer le sien, de la façon la plus franche qui soit. Si l’ombre de DØDHEIMSGARD cache évidemment le soleil de riffs qui portant font tout ce qu’ils peuvent pour réchauffer, ce premier LP n’en tire pas plus avantage que ça, en choisissant sa propre voie. Bien sûr, la voix et la guitare de Gjerde restent symptomatiques de sa personnalité, et on retrouve ce chant si théâtral et dramatique, qui tire parfois des instrumentaux assez basiques vers le haut. L’homme s’en est donné à cœur joie, et a rarement aussi bien incarné son propre personnage, qui nous entraîne dans un monde où tout n’est pas clair, mais pas forcément obscur non plus.
La vitesse, l’apprêté des motifs, la brutalité ambiante, même nuancée, se rapprochent des dogmes BM les plus absolus, mais le trio traite le formalisme avec une ambiguïté progressive directement héritée des 70’s, qui leur permet de garder des zones d’ombre assez vastes. On pourrait même parler d’un VIRUS tombé dans le chaudron des productions Moonfog d’autrefois, pour ce mélange d’incarnation vocale et ces soudaines frappes chirurgicales BM précises et sans pitié, mais le résumé serait encore un peu court pour vraiment cerner le propos même de l’aventure.
D’ailleurs, lorsque Bjørn décrit avec ses propres termes le concept même de son œuvre, il ne se veut pas plus clair que sa musique :
« Nous voulions explorer des territoires vierges, pour voir ce qui s’y cachait, sous les pierres et sous la froide étendue de l’incertitude. Nous avons voyagé au travers de régions Metal très éloignées, mais aussi au travers d’un espace mental avec cette musique. Et bien que notre message touche à la putréfaction mentale, nous voulons aider l’auditeur à trouver sa voie au travers du trou noir… »
Il est certain qu’avec une telle justification, l’auditeur évoqué risque d’avoir du mal à se frayer un chemin autre qu’au travers de sa propre interprétation, juste ou pas…
Mais le libre-arbitre est justement une des composantes les plus importantes de ce projet. En privilégiant les longues suites mouvantes, le trio ne s’est pas, et ne nous a pas facilité la tâche, mais s’est offert une liberté de mouvement totale. Et plus l’album avance plus les choses se simplifient ou se compliquent, à l’image du clair et net « Guru », que les DARKTHRONE ou IMPALED NAZARENE auraient pu entonner de concert, et qui laisse sa véhémence couler le long d’une rythmique Crust mangée par des blasts affamés. On retrouve ce sens du systématisme sur le plus que surprenant « Fancy Daggers », sur lequel Bjørn se lâche complètement, et joue les rock stars pleine de stupre, en nous alpaguant d’un sifflement, ou d’un « Wow » que Tom Warrior cautionnerait d’une moue, tandis que la bande son s’amuse beaucoup d’un motif unique et Hard’n’Heavy pour laisser l’interprète agir comme bon lui semble.
D’un autre côté, nous avions besoin de ces intermèdes ludiques pour supporter des charges comme celles de « Valens Tempel », qui du haut de ses huit minutes et quelques ne cherche pas la facilité, bien au contraire. Longue intro évolutive, pour maelstrom central uni d’un VOÏVOD tourmenté et d’un MAYHEM traumatisé, pour une sarabande de guitare et basse qui s’enroulent avant de se séparer au son d’un Black Folk entonné d’une voix de conquérant enivré. Volume sonore qui monte en flèche et suggère un banquet des chefs un peu dissipé, et puissance globale soufflante, pour un vent épique qui n’oublie pas les arpèges en cours de route.
Même remarque à propos du final dantesque « Red Circle », proposé en avant-première et comme représentant d’un album impossible à présenter, et qui tente en à peine moins de dix minutes de résumer presque vingt ans de BM en s’accrochant à un riff redondant doublé d’une ligne de basse ondulante. Blasts, décélérations, chant plus rauque, traditionalisme presque épuré, pour une conclusion qui sans contredire les postulats précédents, offre un pas en arrière qui nous laisse dubitatif…
Entre emphase dramatique et presque Folk-Doom (« Forvitringstid », qui dès le départ laisse Bjørn dériver au son de ses propres incantations vocales habitées), et pulsions hérétiques d’outrance revendiquée (« Broken Wand », le meilleur du BM qui n’en est pas vraiment), Aurum se pose en LP résolument atypique, mais plus affranchi de toute contrainte formaliste que réellement d’avant-garde. Il incarne surtout la folie d’un homme qui ne supporte plus les limites, et qui nous offre un trip ultime dans un monde extrême, sans autre étiquette que celle de la démence musicale, qu’il est bien obligé d’assumer et d’affronter. Il le fait avec dignité, mais aussi avec une inconscience rafraichissante, qui confirme toute son importance.
Un fou sait-il qu’il l’est ? Et qui sommes-nous pour oser le juger ?
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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