En voyant le nom, le logo, le chaland inattentif se demandera sans doute qui ose copier l’un des plus grands groupes que l’extrême a connu. Et puis, avec un peu de réflexion, il se dira sans doute qu’une troupe d’inconnus n’aurait pas osé plagier à ce point l’un des combos les plus emblématiques de la scène anglaise. Et il aura raison. Car si le nom de VENOM est inscrit sur la pochette de cet Avé, rien n’est dû au hasard ni au manque de respect. Et malgré le petit INC. accolé, les choses paraissent claires, et le sont. C’est bien de VENOM dont il s’agit, un autre VENOM, plus actuel, et n’ayant rien à voir avec l’incarnation solitaire de Cronos qui depuis des années, s’évertue à faire revivre la gloire passée, avec plus ou moins de succès. VENOM INC. est donc une nouvelle mouture du bouc, cette fois-ci articulée autour de deux de ses dresseurs les plus légendaires, Mantas et Abaddon, une mouture plus noire, plus compacte et un peu moins cornue, qui, une fois évadée du pré dans lequel elle était cantonnée, a commencé à salement endommager les alentours pour exprimer sa colère. L’histoire de VENOM méritait-elle qu’on lui accole un chapitre supplémentaire sans tomber dans le grotesque ?? Je crois que le grotesque a toujours fait partie de sa légende, et pour une fois, il sait s’en tenir éloigné pour signer l’un des disques les plus solides de sa carrière, sans doute parce qu’il est difficile de l’y rattacher, même en prenant en compte les paramètres idoines.
Mantas et Abaddon, c’est une vieille histoire d’amour/haine, qui a trouvé son apogée en 2015, lorsque le tempétueux guitariste, alors flanqué de son lieutenant Tony, a dû s’accorder d’une demande particulière des organisateurs du Keep It True Festival. Ceux-ci étaient d’accord pour programmer M-PIRE OF EVIL sur l’affiche, assez haut d’ailleurs, à la condition expresse qu’Anthony Bray les rejoigne sur scène pour offrir un final à la VENOM, soit quelques reprises bien senties du répertoire originel de la bête anglaise…Le pauvre Tony, réduit à l’état de négociateur s’est vu adresser un très élégant « Fuck you !!! » par son guitariste, peu enclin à l’idée de s’accoupler on stage avec son ancien batteur. Pourtant, à force de diplomatie, les trois membres du VENOM de Prime Evil (1989), Temples of Ice (1991) et The Waste Lands (1992) finirent par se réunir et interpréter quelques tubes de l’early répertoire, à la grande joie des spectateurs présents dont la réponse fut plus qu’extatique.
De là, est née l’idée plutôt saugrenue au départ de continuer l’aventure sous un jour plus formel, et pourquoi pas, de se réunir en studio pour composer de nouveaux morceaux, qui puiseraient à la source pour avancer vers l’avenir, et ainsi, ressusciter le VENOM le plus traditionnel, en le remettant au goût du jour. Sur le papier, l’idée était risquée, je l’admets. Alors pour ne pas trop dénaturer la légende, et certainement pour des questions de droit, les trois « amis » décidèrent d’adapter le patronyme pour éviter les ennuis, tout en reprenant le lettrage du logo originel, histoire de bien montrer aux fans que le vrai VENOM était de retour, sous une forme un peu remaniée, mais avec deux membres originaux pour en manier la barre. Et après quelques répétitions et sessions de studio, Avé était né, et prêt à déverser sa bile Thrash/Black sur un monde dubitatif, attendant certainement le résultat avant d’accorder son pardon.
Et reconnaissons-le, si pardon il y a, il sera autant lié à l’histoire d’un combo hors norme qui nous a tant apporté mais aussi tant repris, qu’à une musique certes sympathique, mais qui n’a absolument rien à voir avec Welcome To Hell ou Black Metal.
Pas plus en tout cas que la vague actuelle de hordes Blackened Thrash qui s’en revendiquent…
En tant que LP de son époque, Avé y est solidement ancré, malgré quelques références directes à l’émergence des musiques extrêmes du début des 80’s, que l’on sent sous-jacentes, dans certains riffs et arrangements, et quelques mélodies amères. Sa production est énorme, mais pas trop compressée, et laisse vivre des ambiances que l’on aimerait toutefois plus opaques ou paillardes, mais ne comptez pas trop là-dessus, puisque la puissance est toujours privilégiée sur l’ambiance, malgré quelques trouvailles de fumée assez appréciables. En tant que disque de VENOM, il est difficile de reconnaître la patte d’un groupe unique, même avec deux membres originels dans le line-up, ceux-là mêmes qu’on trouvait sur des pamphlets aussi urgents et primitifs que Welcome To Hell, Black Metal ou At War With Satan. Il semblerait que le trio ait cédé aux sirènes contemporaines, et qu’ils aient voulu se frotter aux cadors d’aujourd’hui, histoire de leur montrer qui sont toujours les vrais patrons.
Sauf que le nom de VENOM, en 2017, n’inspire plus la même crainte ou la même révérence qu’il y a longtemps, et que les morceaux de ce nouvel album, aussi solides soient-ils, ne sont pas toujours très inspirés. De plus, avec une option de plus d’une heure pour onze compositions, Jeff, Tony et Anthony n’ont guère choisi la facilité, et se perdent souvent dans des dédales de décors répétitifs, qui font sombrer leur allant dans une mare d’hésitation et de tergiversation.
Si l’entame homérique de plus de huit minutes « Ave Satanas » est l’introduction glauque et démesurée que l’on était en droit d’attendre, la mièvrerie et la pauvreté de mémoire de « Dein Fleisch » ne cache pas les combles et révèle une créativité légèrement en berne. C’est carré, ça se veut méchant, mais ça n’impressionne pas plus que ça, et là est bien le problème…
Oui, admettons-le, Avé est beaucoup trop long, et aurait gagné à être amputé d’une bonne dizaine de minutes. Les segments les plus brefs dépassent pourtant les quatre, et même si certains ont le goût auditif miraculeux des premiers tubes du groupe (le très MOTORHEAD/VENOM « Time To Die », radical et rapide, « War » et son riff classique qui tourbillonne avec sadisme comme un fouet Thrash claquant sur un vinyle abimé de Black Metal), ils ne parviennent pas toujours à contrebalancer un abus flagrant de mélodies hors contexte, comme celles qu’on retrouve sur « Preacher Man », qui fait pourtant ce qu’il peut de ses saccades pour nous convaincre de sa vilénie. Le chant de Tony, très linéaire n’a pas le détachement et l’ironie de celui de Cronos, mais convient quand même à la tonalité ambiante, qui se veut débordante de testostérone, à l’image des membres du groupe aux muscles saillants et à la mine patibulaire. Mais loin d’un naufrage ou d’un désastre, ce nouvel LP/épisode de saga interminable prouve que les trois musiciens ont quand même encore pas mal de choses à dire, et ont fait d’énormes progrès techniques. Reste que la composition n’est pas toujours leur fort…On pense parfois à du MACHINE HEAD qui repenserait à sa jeunesse perdue (« Blood Staind »), et si certaines progressions ne manquent pas de panache démoniaque (« I Kneel To No God », et ses chœurs virils), le tout manque de diversité, et surtout, de cet esprit maléfique qu’on aimait tant chez le combo de Newcastle, et qui a complètement disparu au profit d’une uniformisation et d’une adaptation aux exigences d’une époque qui ne tolère plus l’approximation de production.
Dommage. Le retour des cavaliers de l’apocalypse aurait pu/dû être fêté comme il se devait, avec tous les honneurs mérités des combats menés, mais le coup d’épée rate l’ennemi et vient s’écraser dans l’eau. Mais pour des néophytes, des fans acharnés, et d’autres plus complaisants que moi, Avé restera une bonne démonstration de forme et de force, à cent lieues de la provocation des débuts, mais assez proche des standards de 2017. Comme une marque déposée, plus qu’un malaise imposé.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
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Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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