K2000, le bitume qui crame, des flammes floues en arrière-plan, ça sent le bolide qui brûle l’autoroute en roulant à une vitesse excessive, ou plus simplement, un Hard-Rock nerveux, typique de la nostalgie envahissante de ces années 80 que personne ne semble vouloir laisser reposer en paix. Dans le mille Myrtille, et pour en rajouter une couche, cette bagnole nous vient directement des routes suédoises, les plus empruntées du monde entier.

J’imagine bien le père Serafino derrière son bureau, attendant son petit déjeuner avec impatience. Découvrant la liste des sorties du mois, son sourire accroche le quatrième album de WILDNESS, un combo qu’il produit depuis 2022 et le troisième chapitre Resurrection. Sirotant son café, le CEO se réjouit de cette nouvelle en grommelant un truc du genre : « des bons ça…. ». Une réflexion pétrie au coin du bon sens et qui résume à merveille l’attitude du quintet suédois depuis sa création : des bons.

Mais existe-t-il des suédois mauvais à leur propre jeu rétrograde ?

En laissant cette question futile de côté pour se concentrer sur le contenu d’Avenger, quatrième long du nom, on se rend compte que les cinq musiciens (Erik Modin - batterie, Adam Holmström & Pontus Sköld - guitares, Erik Forsberg - chant et Marcus Sjösund - basse) n’ont pas changé d’optique depuis leur initial éponyme de 2017. Toujours adeptes d’un Hard Rock tirant sur un Heavy Metal très mélodique, les suédois continuent donc leur voyage avec un seul but, lui aussi inchangé : faire plaisir aux amateurs de mélodies, en composant des chansons simples, parfois agrémentées de quelques lignes de claviers à la BON JOVI.

L’attente est enfin terminée, et nous sommes fiers de vous présenter notre quatrième album Avenger! C’est un album qui résume tout ce que WILDNESS représente, et nous sommes vraiment impatients de vous le faire découvrir! 

C’est chose faite, et merci pour l’intention. Et très sincèrement, avec un morceau de la trempe de « Wasted Time », cette attente est comblée d’une façon brillante et sincère, les maigres doutes étant balayés par un refrain d‘anthologie et un solo qui sortirait un neurasthénique de sa léthargie. Le contrôle technique est donc passé haut la main par cette bagnole de l’enfer, au moteur vrombissant et aux chromes rutilants. WILDNESS n’a en rien changé son approche, et confronte toujours les nuances pour obtenir un entre-deux extrêmement gratifiant. Hard-Rock, Melodic Rock, AOR, tout est là, et même le Heavy Metal, qui se manifeste sur le title-track qui déboule comme un outsider dans le championnat Nascar.

Les lascars n’ont donc pas perdu la mesure, et jouent comme si leur carrière en dépendait. Ce qui est évidemment le cas, mais ils n’ont aucun souci à se faire. Ce nouvel album est une nouveauté que l’on place en tête de gondole à côté des révélations du mois de janvier.

Très bien produit, ne troquant jamais son côté brut pour assouplir son approche, Avenger est un savant mélange d’Iron Man, de Black Widow, Hulk et Ant-Man. Pouvant se glisser sur toutes les platines, avec une classe inégalable, assumant son côté féminin tout en faisant preuve d’une force surhumaine. En colère, WILDNESS ne devient pas vert, mais rouge flamme, et plus apaisé, il sort les flûtes de champagne pour une soirée romantique arrosée. De la qualité dans la tradition, de la souplesse dans les transitions, ce quatrième album est une petite perle cachée dans une coquille facile à ouvrir, et qui offre un éventail de sensations différentes.

Inutile de jouer au jeu des comparaisons, puisque le quintet ressemble à beaucoup d’autres de sa nation et de sa génération. Une génération élevée au biberon d’un Rock smooth et sensuel, avec toujours cette émotion sous-jacente qui perce parfois le derme. « Poison Ivy » en est l’une des manifestations les plus sensibles, avec ce refrain une fois de plus fédérateur, et ces guitares qui triment jusqu’à pas d’heure.

Oui, WILDNESS est un groupe de bosseurs. Mais des travailleurs intelligents qui ne confondent pas heures sup’ inutiles et conscience professionnelle, et qui de fait, ne remplissent pas leur dossier avec des annexes futiles.

De la force, mais aussi beaucoup de tendresse, celle qui recouvre les oreillers lorsque les amants sont couchés. Ils se susurrent des mots doux, se chantent « I'll Be Over You » en s’embrassant sur la joue, pour mieux s’enivrer de cette nuit qui les unit pour la vie.

Mais on peut tomber amoureux et aimer sans être niais. On peut vivre cette passion le pied au plancher, en partance vers nulle part, mais ensemble. Au rythme du déchaîné « Stand Your Ground », WILDNESS prouve que la vitesse et la mélodie s’accordent toujours très bien, sans pour autant tâter du Power Metal italien. A la manière d’un PRETTY MAIDS des grandes années, les suédois varient les plaisirs et les nuances pour se montrer allusifs à toute la classe des amateurs de rétro. Agressif, persuasif, Avenger est un vengeur même pas masqué qui avance à découvert, en totale confiance de ses pouvoirs.

« Walk Through The Fire » nous laisse d’ailleurs sur le bord de la route, trop pressé de continuer son chemin. Un burner qui sent le pneu brûlé, l’essence fuitée et le polish bien passé, c’est une conclusion qu’on n’attendait pas forcément, mais qui ne manque pas de mordant.

Serafino a terminé son petit-déjeuner. Il s’apprête maintenant à se doucher, en se félicitant de son flair. Il n’y a pas de mal à verser dans l’autosatisfaction quand on a raison.         

Titres de l’album:

01. Wings Of Fire

02. Crucified

03. Broken Heart

04. Caught Up In A Moment

05. Wasted Time

06. Avenger

07. Poison Ivy

08. I'll Be Over You

09. Stand Your Ground

10. Eye Of The Storm

11. Walk Through The Fire

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