N’étant pas né de la dernière pluie, et ne vendant pas la peau de l’ours avant d’avoir fait bouillir l’eau qui n’amasse pas mousse, j’ai toujours éprouvé la plus grande méfiance à l’égard des groupes 2K dont l’argument promotionnel principal est le nombre de followers sur la toile. Il faut bien s’adapter aux standards de succès de son époque, et aujourd’hui, la popularité ne se compte plus au nombre de disques ou de billets de concert vendus, mais bien au nombre de likes et de quidams suivant vos pérégrinations sur la toile virtuelle. Et lorsque ce genre de groupe met en avant une chanteuse plantureuse au maquillage outrancier, la méfiance se transforme en défiance, comme s’il fallait régler leur compte à ces artistes qui pensent qu’un passage dans « The Voice » vaut plus que toute la sueur transpirée pour préparer son grand soir. Mais que voulez-vous, ayant grandi avec les héros des seventies comme modèles, j’ai encore des réflexes de l’arrière-garde qui a peur mais ne ment jamais, attitude pas vraiment adaptée à notre époque, mais qui permet d’éviter bien des déceptions superficielles. Ainsi, les REALITY SUITE au prime abord semblent faire partie de cette catégorie d’artistes entièrement voués au veau d’or 32 bits, mais à la lecture de leur biographie et à l’écoute de leur musique, je ne peux qu’émettre un seul constat. Quel que soit leur succès actuel, ils le méritent amplement, et sont beaucoup moins superficiels que leur attitude ne le laisse présager. Fondé en 2009 à North Haledon, New Jersey par les amis d’enfance Brian King (batterie) Antonio Valenti (basse) et Joe Padula (guitare), REALITY SUITE est finalement devenu un quatuor après recherche intensive d’un frontman qui s’est finalement avéré frontwoman en 2013 après intégration de la belle Kimmii Heart derrière le micro, et c’est plein de certitudes que le quatuor a donc publié à compte d’auteur son premier LP en 2015, Skinn.
Depuis, pas mal de chemin parcouru, des concerts donnés, et une signature avec Lions Pride le label danois pour la sortie de cet Awaken en version deluxe de douze titres. Pour mémoire, Awaken fut d’abord un EP publié l’année dernière, que le groupe a voulu plus étendu en y ajoutant quelques titres, ce qui lui permet aujourd’hui d’atteindre la durée très raisonnable de cinquante minutes. Cinquante minutes, mais meublées comment ? Avec du joli vide alternatif qui sonne comme un produit de son époque, mais dont la vacuité s’accorderait parfaitement avec n’importe quelle décennie ? Non, avec un Rock moderne et créatif à la lisière d’un Hard Rock alternatif, bien dans son temps, mais aux fondamentaux traditionnels, enrobés dans une production up in time. Pas totalement produit par le groupe, et ayant bénéficié d’un coup de main précieux de Mike Ferretti (SEVENDUST, SALIVA, BRAND OF JULEZ) et Earl Cohen (LADY GAGA, Jessica SIMPSON, PINK) à la production, Awaken sonne donc comme une version très teen d’un Rock décomplexé et frais, aux accroches adolescentes très prononcées, et au parfum synthétique assez agréable. Rien de fondamentalement innovant, mais des accointances avec la génération des DIAMANTE, THE HARDKISS (sans le côté fashion théâtral excessif), et quelques allusions aux aînés d’Avril LAVIGNE, et autres Fefe DOBSON, pour une énergie qui convainc, sans aller jusqu’à parler d’un « Rock de stade » que certains journalistes US ont cru déceler dans des articles un peu trop dithyrambiques.
Mais du talent pour trousser de jolis petits hymnes à la lisière d’un Pop-Rock durci d’une distorsion bien présente, des refrains séduisants, et surtout, des textes beaucoup plus profonds que les éternels troubles amoureux et autres désirs de s’affranchir des carcans d’une société oppressante. Ici, on parle de la perte, celle d’êtres chers qui vous manquent, et beaucoup de titres sont d’ailleurs dédiés à ce deuil que la vie nous oblige à affronter. Un peu plus mature que la moyenne, cet Awaken surprend de ses capacités à détourner les codes du Hard et du Rock classique pour se les approprier, sans tomber dans la prétention de ces artistes virtuels qui croient révolutionner leur art qui n’en est pas un. Et si le single « Bury me Alive » se la joue un peu jumpy sur les bords avec un lick prenant à la guitare, son attitude bravache nous convainc que ce quatuor est un peu plus conséquent que la moyenne, ne serait-ce que par ses capacités à jouer avec les frontières pour signer un hit alternative Pop-Rock de première bourre. Mais à vrai dire, l’auditeur prendra conscience de ces capacités dès l’ouverture puissante « Kiss The Ring », sur laquelle Kimmii ne laisse planer aucun doute sur son attitude en lançant un défiant « I don't need you telling me what's right, I've got my own two eyes - I will not kiss the ring ! ». Débordant de jeunesse, ce premier LP s’accorde très bien de rythmiques souples et synthétiques pour y plaquer des riffs prononcés, sans tomber dans le piège pénible du Metalcore moderne, grâce à une sympathie très prononcées et avouée pour une Pop musclée et rugueuse.
Les morceaux marqués par la tragédie assombrissent donc le panorama, et nous permettent d’apprécier le côté plus intimiste d’un groupe caméléon, appuyé sur les deux morceaux « Grave » et « Cut Burn Bruise », à la sensibilité exacerbée. Les arrangements modernes ne cachent aucunement une construction Pop-Rock très prononcée, et finalement, REALITY SUITE échappe à une datation trop prononcée par son optique traditionnaliste. Beaucoup de bon à prendre sur ce second longue durée, et notamment des chansons qui sortent du moule, comme « Lust », son riff tranchant et sa basse proéminente, « Wrong With Me », son phrasé heurté et ses références à la belle Avril, ou « Blame It On Angels » qui reprend à son compte les canons de beauté californiens des années 90 pour les rendre plus matures. Bien sûr, il faudra faire preuve d’ouverture d’esprit pour pouvoir apprécier ce LP à sa juste valeur, mais des hits imparables comme « Live Now Forever » devraient vous y aider de leur son plus classique qu’il n’en a l’air. Alors certes, les quatre américains sont bien dans leur temps et utilisent les armes modernes à leur disposition, mais ils ont du fond, ont travaillé la forme, et méritent autant que les autres de réussir. Et Awaken de se poser en œuvre spontanée mais peaufinée, qui pourra sans doute aider le groupe à conquérir son monde à défaut du monde.
Titres de l’album :
1. Kiss The Ring
2. Live Now Forever
3. Blame It On Angels
4. Bury Me Alive
5. Cut Burn Bruise
6. Dead To Me
7. Wrong With Me
8. Grave
9. Lust
10. Kiss The Ring (Clean Version)
11. Wrong With Me (Clean Version)
12. Grave (Unplugged)
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09