Réveiller les masses. Les secouer. Leur faire prendre conscience. Eviter ce nouvel ordre mondial qu’elles craignent tant/espèrent tant. Mais alors, qui pour les réveiller ? Tabler sur la conscience collective nous évitant un naufrage programmé ? Espérer qu’un candidat sortira de nulle part avec un programme réaliste tenant compte des impératifs sociaux et des obligations écologiques ? L214 et ses intrusions dans les abattoirs et les élevages ? La fondation l’Abbé Pierre ? SOS Racisme, Greenpeace ? Quelques illuminés nous avertissant du danger imminent de l’apocalypse en brandissant des passages de la bible ? Non, croyez-moi, la seule force capable de fédérer tout un peuple, et même tous les peuples serais-je tenté de dire se devra d’être l’écho de millions de voix s’élevant contre l’immobilisme et ce confort rassurant d’un vieux monde consumériste à l’agonie. Cette voix se devra d’être tonitruante, vociférant, imposant ses réalités, et dynamitant les vieux restes d’une idéologie basée sur l’ignorance et le refus de faire face à la vérité. Alors…
Alors…
Alors…
Si cette voix était celle de PRIMAL RAGE ?
A chaud, comme ça, l’idée parait peut-être incongrue, pour ne pas dire ridicule, et pourtant, le groupe savoyard pourrait largement se faire le porte-étendard d’une révolution que tout le monde attend sans vraiment le savoir parfois. Il faut dire que le combo n’est pas né de la dernière pluie acide de la pandémie COVID ou du désastre Macron, mais plutôt de celles qui trempaient déjà nos paillassons d’espoirs dans les années 80. Certes, en dehors de trois démos frappées du sceau des nineties, le quintet d’Albertville d’abord quatuor n’a jamais eu l’occasion de publier un pamphlet en longue durée, mais comme patience et longueur de temps font plus que force et rage…Et bien cette maxime est quand même à prendre avec des pincettes lorsqu’on aborde leur cas.
Car si le gang a bien fait preuve de patience, il n’a en rien perdu sa rage, comme son nom le confirme, mais surtout sa musique. Plus de trente ans après sa formation, PRIMAL RAGE explose enfin de rage primale sur un premier album que les fans attendaient comme le messie Hardcore de cette année 2021…qui en avait bien besoin.
Aujourd’hui, le groupe s’articule autour de la rythmique formée par Flöw (basse) et Alex (batterie), de la paire de guitaristes David Bonvin et Ollie, et du chant infernal et vociférateur de Dav. Mais comme on le sait, les années émoussent les armes les plus affutées, et il était à craindre que la colère des musiciens ne prenne une forme un peu trop nostalgique de ces années 80 Core jusqu’à l’os. Or, dès la déflagration énorme de « Repression », plus en phase avec AGNOSTIC FRONT et SLAYER qu’avec TRUST, les doutes sont balayés comme des promesses électorales qu’on ne peut résolument tenir. Le son est gigantesque, l’attitude actuelle, la stance ferme et la position menaçante. Doté d’un son à décorner Andy Wallace lui-même, Awakening the Masses va effectivement réveiller les masses avec un bon coup de pelle sur la tronche, maculant l’oreiller des illusions de sang noir, pour mieux dessiner un avenir un peu plus…viril.
Mixé au Studio Artmusic par Sébastien Camhi (AKIAVEL, SWARM) et masterisé au Kohlekeller Studio par Kai Stahlenberg (BENIGHTED, ABORTED, POWERWOLF), Awakening the Masses est de ces albums qui replacent le Hardcore dans un contexte métallique, sans tomber dans les travers groovy du Crossover un peu trop joyeux. Et faites-moi confiance, rien n’est joyeux sur cet album, mais plutôt irascible, mécontent, en nage, en rage, et les morceaux vous explosent à la face comme des pétards de vérité un 14 juillet un peu moins festif que la moyenne. Avec un duo de guitaristes qui connaissent leur bréviaire Thrash sur le bout du médiator, PRIMAL RAGE joue sur du gravier, décolle dans les tours, négocie les virages avec l’inconscience de ceux qui n’ont pas le temps de freiner, et si la sortie de route semble menacer au moindre faux-pas, le quintet garde toujours cette lucidité rythmique qui lui fait éviter le ravin du chaos.
En tendant l’oreille de loin sur le monstrueux « Kill Yourself », on ne peut s’empêcher de penser qu’un album partagé par SLAYER et BODY COUNT aurait été une tuerie. Mais les savoyards nous en donnent un aperçu en dopant leur street rage d’une bonne dose de violence de Thrash new-yorkaise, et ne plient jamais, ni ne rompent les rangs. Pas question ici de se défiler face à ses responsabilités, parfaitement assumées par un chanteur qui hurle ses messages comme un soixante-huitard avec un porte-voix nucléaire.
On apprécie évidemment les saccades traditionnelles, mais c’est l’énergie qui se dégage de l’album qui impressionne. Assez puissant pour fournir en électricité une petite ville pendant au moins une année, Awakening the Masses maîtrise tous les secteurs de jeu, s’offre des chœurs typiques de la vague NYHC, tout en aplatissant un Heavy/Thrash méchant comme une teigne sur le monstrueux « X-Rated ». Classique dans le fond, mais comme de la lave en fusion dans la forme, ce premier album fait montre d’une expérience du métier, mais aussi d’une haine juvénile devenue ressentiment d’âge adulte qui en assez d’attendre et de croire en vain.
Les accélérations, toujours justifiées par un besoin viscéral, tombent pile au bon moment pour dégager la nuque, et le groove insufflé par la paire Flöw/Alex fait clairement regretter de ne pas expérimenter cette rage en live, le terrain de jeu préféré du groupe. Pourtant, en écoutant cet album, on a clairement le sentiment d’être dans le studio, à les regarder jouer leurs hymnes, et lorsque résonne la double grosse caisse aplatissante de « Racial Hate » ou le binaire ravageur de « Freedom Is a Lie », on se dit que MADBALL et RATM ont là des concurrents sérieux.
Trente-neuf minutes de haine Hardcore, trente-neuf minutes de Metal enragé, trente-neuf minutes d’une vie qui pourraient avoir des répercussions gigantesque sur la carrière de PRIMAL RAGE.
Alors…
Si cette voix était celle de PRIMAL RAGE ?
Titres de l’album:
01. Repression
02. F.F.F
03. Kill Yourself
04. X-Rated
05. Racial Hate
06. One of the Dying
07. No Cure for Hate
08. Freedom Is a Lie
09. Respect
10. Awakening the Masses
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30