Quand on choisit un nom de baptême comme BARBARIC HORDE, autant ne pas se tromper. Sinon, c’est la gamelle assurée, comme celle qu’a connue le petit Thomas, 11 ans, lorsqu’il s’est pointé en cours d’anglais avec un t-shirt de BEHERIT et un sac…Harry Potter. On ne mélange pas les torchons et les serviettes, et lorsqu’on jour du War Metal, on y va à fond sous peine de se faire fumer par les puristes. On sait le style exigeant dans la débauche, ferme dans l’intensité, intolérant dans les concessions. Ce qu’on attend d’un album de Black Death qui se réclame d’une atmosphère de guerre constante, c’est justement qu’il soit aussi bruyant et assourdissant qu’une…guerre constante. Et le premier effort des portugais de BARBARIC HORDE est justement une ode aux bombes qui tombent sur les toits, aux nuits passées dans une transpiration de peur, ou à courir comme des dératés pour se protéger comme on peut. Après deux démos, Gasmask Perpetrators en 2016 et Tainted Impurity en 2017, le duo de Lisbonne a donc mis trois ans à accoucher de son grand-œuvre, mais les fans ne se plaindront pas de ce silence de trois années. En effet, le groupe a en quelque sorte accouché du Reign in Blood du cru, une sorte de démarcation crade du Panzer Division Marduk, mais dans une version incroyablement plus sale, plus impitoyable, et surtout, plus enthousiasmante. Vingt-huit minutes d’agression sonore non-stop, aucune pause ou respiration pour qu’on puisse reprendre la nôtre, la vilénie à l’état pur, comme ce virus satanique de [REC] qui se serait propagé à toute la population de Lisbonne. Quelque chose de vraiment méchant, d’impur, qui respecte les dogmes, mais qui pousse la folie à fond pour nous faire reconsidérer nos propres limites de tolérance.
Pas grand-chose à dire sur le groupe, puisqu’il ne dispose même pas d’une page perso. Les rares photos promo en noir et blanc montrent deux musiciens cachés derrière un masque à gaz ou un crâne, histoire de faire plus couleur locale, et il est donc impossible de dire qui vomit sa haine, qui percute sa batterie, ou qui découpe ses riffs dans la peau des victimes. Mais à la rigueur, ce mystère ajoute à l’aura diabolique d’Axe Of Superior Savagery, qui n’est rien de moins qu’un excellent exercice de style à la lisière du chaos blanc pur et rude. Dans la veine de quelques groupes ne se satisfaisant que du mal absolu, les REVENGE, TRIUMVIR FOUL, BLASPHEMY, BLACK WITCHERY, et même BEHERIT pourquoi pas, BARBARIC HORDE taille dans le gras et ne propose que les riffs les plus sombres, les blasts les plus moisis, les arrangements les plus sourds, pour mieux torturer nos oreilles et nous plonger dans un climat moite d’horreur et de désolation. Si vous avez un peu de mal à comprendre, ne vous en faites pas, « Tyrant of the Dark Trynity » vous en dira plus en quatre minutes et quelques, une fois sa glauque intro dispersée dans les airs. Et une fois ce morceau assimilé par vos terminaisons nerveuses, rassurez-vous : elles ne seront pas mises à plus rude épreuve. En effet, la ligne de conduite du groupe est claire, jouer à fond dès le départ, et maintenir l’intensité jusqu’à la fin. Pas de déviation, pas de dérivation, pas de modulation, juste de l’agression pure, de la méchanceté underground, de la violence crue, et une terrible envie de personnifier les enfers de la guerre par l’entremise d’une musique infâme.
Vocaux hurlés du fond d’une crypte, batterie irrégulière mais constante dans ses blasts, guitare en redondance cyclique qui hypnotise, et quelques breaks plus médiums pour enjoliver le tout, la recette est connue, mais toujours efficace entre les mains de musiciens qui savent la mettre en pratique. Sans rien offrir de plus que les hordes diaboliques déjà sorties des abysses, les portugais mettent quand même la main à la patte, et se montrent convaincant dans l’ignominie. De là, que vous appeliez ça du Black Death, du War Metal, du Black tout court, l’issue est la même et la musique identique. Disponible en CD/LP/digital, et même sous textile avec un sémillant t-shirt, Axe Of Superior Savagery est une symphonie ininterrompue à la gloire de la misanthropie, du ressentiment, et des premières années du Black Death lusophone, sorte d’hommage à peine déguisé aux premières années de la scène brésilienne et de ses représentants les plus maléfiques. Mais en tant que première étape d’un parcours evil, cet album est solide, sent la mort, et ne propose rien d’autre qu’un maléfice géant de vingt-huit minutes pour les uns, et une grosse demi-heure de boucan pour les autres. Alors, choisis bien ton camp camarade, Lucifer n’aime pas beaucoup les tergiversations.
Titres de l'album :
01. Tyrant of the Dark Trynity
02. Antichrist Command
03. Venomous Infernal Carnage
04. Barbaric Provocation
05. Bow Before the Altar of Satan
06. Axe of Superior Savagery
07. Storms of Primitive Violence
08. Wrath of Goetic Glorification
"Sinon, c’est la gamelle assurée, comme celle qu’a connue le petit Thomas, 11 ans, lorsqu’il s’est pointé en cours d’anglais avec un t-shirt de BEHERIT et un sac…Harry Potter."
Hahaha !
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