On parlait de DEF LEPPARD, de GUNS N’ROSES, ou de BOSTON, en les moquant gentiment du temps qu’ils prenaient pour sortir leurs albums respectifs (certains évoquaient même la proverbiale Arlésienne), mais reconnaissons qu’à côté de notre concept français OSCULUM INFAME, ils faisaient bien pâle figure et auraient même pu prétendre approcher la productivité d’un groupe de Grind enjoué. Il faut dire que dix-huit ans pour enfin accoucher d’une suite à un premier album semble un laps de temps tout à fait déraisonnable, mais pas forcément inhabituel pour un groupe de BM.
Dix-huit années séparent donc cette nouvelle livraison et l’initial et célébré Dor-nu-Fauglith, qui en 1997 avait soulevé l’intérêt généralisé de la communauté sombre, presque deux décennies qui auront vu les musiciens s’impliquer activement dans des projets divers, dont GLORIOR BELLI, MERRIMACK, DESOLATION TRIUMPHALIS ou REVERENCE furent les plus illustres.
Et comme un être humain, un groupe change avec le temps, et accepte sa transformation, précepte qui n’a pas épargné les OSCULUM INFAME, qui ne ressemblent quasiment plus à la créature difforme et assourdissante qu’elle était à la fin des années 90. Cette créature est aujourd’hui de dimensions effrayantes, et d’une puissance hors-norme, adaptée à son époque et au métabolisme endurant qui lui permet d’affronter tous les revers et autres menaces se profilant sur son passage.
Avouons-le, le mélange explosif proposé par D.Deviant (chant), Malkira (batterie), Dispater et I.L. (guitares) et S. RV. F. (basse) est aujourd’hui l’un des plus explosifs que nous puissions trouver sur le marché, et s’est moulé dans les convenances de son époque. Inutile d’ingurgiter in extenso Axis Of Blood pour s’en rendre compte, puisque quelques minutes suffisent pour comprendre que cette énorme production n’aurait pas rendu justice à Dor-nu-Fauglith, plutôt porté sur un nihilisme cru typiquement 90’s. Des groupes comme MARDUK, 1349 ou BEHEMOTH sont plus coutumiers de ce son si ample et de ces guitares écrasantes, et il est assez aisé d’en déduire que le style même d’OSCULUM a changé, au point d’évoquer un autre groupe, qui se serait imprégné des essences de ses propres projets parallèles.
Pour autant, inutile d’attendre un simple succédané de MERRIMACK ou autres dérivés d’entre-deux époques, puisque l’ADN du groupe est toujours le même, simplement renforcé et légèrement modulé sur ses branches. L’abrasivité est toujours la même, même si le chant a gagné en gravité et les riffs en écho. Axis Of Blood n’a rien d’un album de BM standard, et aligne les morceaux de bravoure qui relèguent une bonne partie de la concurrence dans les antichambres d’un enfer de pacotille, et « Cognitive Perdition Of The Insane » le prouve en quelques secondes d’une intro tonitruante et suffocante. Pesanteur extrême, chant rauque scandé et hurlé sans retenue, rythmique aplatissante, et mélodies sous-jacentes, la méthode est d’usage, et rappelle un joli mix MARDUK/BLUT AUS NORD, avec toutefois ce petit plus d’expérience que les Français ont acquis avec le temps.
2015/1997, un pont tendu entre les époques, avec tout ce que ça implique de changements et de glissements. Pourtant, aussi contemporain sonne ce deuxième album, on ne peut s’empêcher de lui trouver un côté old-school pas forcément très prononcé, mais palpable pour tous ceux qui auront connu l’explosion de la scène française d’il y a vingt ans.
Et si Axis Of Blood est aussi éloigné de Dor-nu-Fauglith qu’il n’en est proche, il est aussi différent d’une production estampillée 2017 qu’il n’en respecte les canons d’enrobage et de composition. Segments incroyablement Heavy, amplifiés par une production qui adoucit les guitares par une basse ronflante et en ombre de graves, chant mixé juste ce qu’il faut en avant, accélérations progressives, arrangements sobres qui habillent les ténèbres, l’équilibre est parfait, tout comme les longues compositions qui nous poussent à l’heure d’écoute, sans efforts.
En parlant de ténèbres, il faut reconnaître que celles baignant ce second album sont vraiment opaques, et que la tonalité générale n’engendre pas le bonheur. L’option choisie respecte les croyances de départ, et même si ce LP nous replace trois compositions déjà présentes sur des sorties précédentes, il a la générosité de les emballer dans un joli paquet de nouveautés.
« White Void », entre autres, sera donc connu des fans les plus hardcore, mais ne constitue pas l’épiphanie d’un album qui se dévoile par petites touches, même si sa qualité globale est éclatante dès les premiers instants. OSCULUM INFAME n’a pas hésité à jouer la carte du progressif, même si le terme peut sembler étrange dans leur cas. Mais impossible de ne pas le constater en tombant sur des pistes aussi sinueuses que « My Angel », longue procession rythmique qui nous ramène aux incantations nordiques les plus abouties d’il y a deux décades, ou le respectable « Kaoist Serpentis », synthèse d’EMPEROR et de MAYHEM déformée par le prisme d’une existence vouée à la pratique d’un BM traditionnel, mais conscient de ses changements.
Inutile pour autant de croire que les français ont placé en entame leurs performances les plus redoutables, puisque l’album ne fait montre d’aucune faiblesse et d’aucun temps mort.
Que l’ambiance soit glauque et poisseuse (« Absolve Me Not ! »), ou emphatique et oppressante (« Inner Falling Of The Glory Of God », qui aurait pu être composé en 1995 tout comme en 2015), le groupe se montre impeccable et irréprochable, et domine son sujet avec une maîtrise assez bluffante (« In The Ocean of Worms », tourbillon de chant de sirènes maudites sur fond de riffs circulaires en vagues d’engorgement).
Et le leitmotiv de l’œuvre pourrait se nicher au creux de l’ultraviolence avouée de « Let There Be Darkness », qui nous assomme de sa rythmique mouvante et de ses ruptures en pertes de repères.
Mais au-delà de tous les superlatifs qu’on pourrait accoler à ce disque qui se sera fait attendre comme Ulysse, il convient de saluer le travail collectif de musiciens qui se sont enfin rappelé de leur cause d’origine. En s’adaptant aux impératifs d’une époque qui ne tolère plus l’approximation, sans tourner le dos à son illustre passé, OSCULUM INFAME a relevé le défi d’offrir une suite logique à son travail, sans tomber dans le passéisme ni l’opportunisme.
Et de fait, Axis Of Blood n’est rien de plus, ni de moins qu’un excellent album de BM violent, sombre et provocant, qui saura se faire une place dans le cœur noir des fans les plus exigeants du genre.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09