Voilà un groupe qui a le sens de l’à-propos, en intitulant son second album Back from the Grave. IL faut dire qu’après six ans de silence, il y avait de quoi craindre un acte de décès frappé du nom de CARNAL AGONY, puisque nous étions sans nouvelles d’eux depuis leur initial et plutôt séduisant Preludes & Nocturnes. C’est donc par la petite porte que le quatuor revient, en totale autoproduction, avec de nouvelles aventures héroïques dans leur musette, sous la forme de treize épisodes de narration musicale. Avec une bio qui ne joue ni la discrétion ni le profil bas (en gros, les musiciens sont les fils spirituels de JUDAS PRIEST et Desmond CHILD, pas mal comme accouchement aux forceps), CARNAL AGONY prétend donc incarner une nouvelle vague suédoise combinant la rudesse ouest européenne et la séduction scandinave, et autant avouer que le mélange ne manque ni de piquant, ni de douceur sucrée. Agissant comme un bonbon poivré fondant sous la langue, la musique des originaires d’Umeå ne manque pas de charme, mais n’est pas exempte de défauts non plus. Et si le premier album jetait de solides bases, ce nouvel effort va encore plus loin dans le métissage et essaie d’atteindre un objectif difficile : transformer chaque chanson en hit de horde de viking, débarquant sur les côtes ennemies la hache et l’épée à la main, mais chantonnant pour égayer la mort de leurs adversaires. Ou alors, peut-être pouvons nous concevoir ces chansons aux refrains homériques comme le retour des guerriers triomphants, profitant d’une nuit de calme pour narrer leurs pérégrinations à leur peuple. Toujours est-il que l’opération est en grande partie réussie, le tout prenant des allures de soirée au coin du feu à faire reposer le fer avant de le croiser à nouveau.
S’appuyant sur le même line-up que l’album précédent (Roger Andersson, Mathias Wallin, David Johagen et Pär-Olof Persson), CARNAL AGONY n’a rien perdu de son aptitude à mélanger le Heavy et le Power Metal, tout en agrémentant leur démonstration musclée d’harmonies sévèrement entêtantes et contagieuses. Si l’ambiance virile rappelle parfois une version très expurgée de SABATON, et se pare d’atours Folk Metal du plus bel effet, il est inutile de nier que l’impact des mélodies est optimal, et que même sans connaitre les chansons, on finit par les reprendre en chœur en chantant en yaourt. En témoigne le terriblement addictif « Werewolf of Steel » qui sonne comme un tube de BON JOVI repris par les RUNNING WILD. La recette est pourtant très simple, des guitares gonflées, aux riffs appuyés, un chant rauque et grave mais souple, une rythmique stable et des arrangements radiophoniques au possible, à tel point qu’on a parfois le sentiment que Desmond Child et Jim Steinman ont collaboré en toute discrétion. Citant sans gêne leurs influences musicales et littéraires (METALLICA, IRON MAIDEN, MERCYFUL FATE, IN FLAMES, TESTAMENT, HP Lovecraft, Edgar Allan Poe, John Milton), les suédois entament leur retour avec un sens de l’immédiateté assez probant, et « Back from the Grave » de sa férocité d’incarner avec acuité l’image de valeureux guerriers revenant de la bataille, le visage maculé de sang, mais la fierté ruisselant du front. Qu’on adhère ou pas au propos métissé de leur approche, il convient de reconnaître le talent du groupe pour imposer des ambiances vraiment prenantes, comme ces chœurs discrets soutenant une voix grave. Malgré une autoproduction, l’album dispose d’un son très convaincant, avec un mixage très équilibré, permettant à la batterie de placer quelques fills intéressants. Evidemment, il faut accepter la combinaison entre des riffs somme toute assez convenus et des refrains tirant parfois sur le Power Metal allemand (pas le plus fin du marché), mais la diversité des morceaux proposés, et leur allégement ponctuel en Hard Rock très catchy permet de passer un excellent moment, en occultant évidemment les thèmes les plus convenus (« The Cellardoor », qui sonne comme du ACCEPT un peu feignant sur le couplet avant de se reprendre façon hymne Pop/Rock sur le refrain).
Mais au moins, les suédois ont le mérite de ne pas répéter la même formule à chaque fois, et chaque entrée a son identité propre, même si les modulations sont parfois infimes. Ainsi, le quatuor n’hésite pas à alterner le lourd et emphatique (« The Witching Hour ») et le parfumé et ambré (« Werewolf of Steel »), jouant avec les clichés qu’impose leur philosophie, et les détournant avec un flair certain. Il faut dire qu’avec onze morceaux pour célébrer leur retour, la tâche de la variété était plus ou moins difficile à relever, et le pari est d’autant plus réussi. En choisissant parfois le lyrisme absolu pour immerger l’auditeur dans une ambiance historique et modulée (« Luna », très Folk mais délicieuse), CARNAL AGONY se détourne d’une linéarité menaçante, pour mieux nous reprendre de face avec une charge Heavy de première bourre qui sent bon le souffre (« For the Horde »). Le premier titre choisi en single est bien sûr l’un des plus abordables, et « Love Will Tear You Apart » de se fier aux méthodes suédoises habituelles, tentant même un rapprochement entre le pays d’origine et les approches de biais de HIM sur un hit totalement imparable. Le reproche d’une voix parfois assez mal adaptée aux passages les plus extrêmes (mélodiques ou féroces) est lui aussi compréhensible, et il manque parfois au groupe le potentiel d’un chanteur au timbre plus opératique, pour rendre sa musique encore plus dramatique. Quelques allusions au capital AOR des années 80, avec l’adjonction de claviers et de lignes de chant apaisées (« Higher », cliché mais efficace), absence totale de progression trop longue et roborative, aménagement des guitares qui savent se montrer plus dociles («The Nightmare Never Stops »), changement de tempo en cours de route pour ne pas user les souliers trop vite, et le résultat, quoique mitigé sur la durée laisse quand même un goût doux-amer agréable en oreille.
Il est vain d’espérer fédérer toutes les hordes Metal autour d’un album encore perfectible, mais les fans d’un Heavy simple et travaillé, les accros au Power Metal raisonnable qui sait éviter les harmonies les plus lénifiantes, et les sensibles au Crossover entre musculature sculptée et séduction enjouée se jetteront bien sûr sur cet album bien fait, qui cède parfois à la facilité (« Bane of the Light », faute de goût de fin de parcours), mais qui globalement permet à un combo sympathique de revenir au premier plan. Il n’est pas difficile d’imaginer l’impact qu’auront ces chansons en live, mais on exigera la prochaine fois des idées systématiques moins évidentes, et un choix plus rude dans le tri des plans les plus faciles. Du suédois qui joue l’international, mais qui reste encore à la surface de son optique culotée.
Titres de l’album:
01. The Rebirth
02. Back from the Grave
03. The Cellardoor
04. The Witching Hour
05. Werewolf of Steel
06. Luna
07. For the Horde
08. Love Will Tear You Apart
09. Higher
10. The Nightmare Never Stops
11. Bane of the Light
12. Raise the Dead
13. The Ascension
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30