Que faut-il pour faire un bon album de Hard-Rock mélodique à tendance Heavy et AOR ? Simple, des guitares acérées aux riffs musclés, un chanteur au timbre chaud et aux envolées lyriques, une rythmique solide et stable mais qui sait se montrer inventive, des compositions classiques qui respectent les codes tout en transcendant des poncifs trop faciles à placer, une réelle énergie, une connaissance suffisante du style, et une production parfaitement équilibrée, juste assez âpre pour gratter, mais suffisamment douce pour caresser. Une fois ceci posé, aucune autre question ne saurait être soulevée. Car si pendant longtemps, on a cru que le genre n’était l’apanage que des Etats-Unis et de l’Allemagne, la Suède a depuis longtemps prouvé ses capacités, ainsi que les italiens, les norvégiens, les brésiliens, et tout autre pays désireux de s’éloigner de certains canons en vogue dans sa nation. Alors des français, je n’y vois aucune opposition, d’autant que l’attraction de notre contrée pour le Rock mélodique ne date pas d’hier. Les représentants de l’harmonie dans notre beau pays remontent aux années 80, lorsque les EPSYLON, FISC, FINE tentaient de se mettre à la hauteur des standards mondiaux.
On pourrait évidemment citer les franco-américains de XYZ et quelques autres, mais autant reconnaître que la France, en temps et en heure, n’a jamais su lever une armée de chevaliers pour conquérir l’Europe. Mais s’ils avaient pu compter à l’époque sur le soutien indéfectible de HEART LINE, la bataille eut pris une toute autre tournure
HEART LINE est l’enfant légitime d’une poignée de musiciens reconnus de la scène, de vieux jeunes briscards qui connaissent la musique, et la jouent à la perfection. Assemblé autour d’Yvan Guillevic (guitare/production, YGAS, PYG, UNITED GUITARS, EMPTY SPACES), nous trouvons donc dans le line-up Emmanuel Creis au chant (SHAYDON, EQUINOX), Jorris Guilbaud aux claviers (DEVOID, SHAYDON), Walter Francais à la batterie (SHAYDON) et Dominique Braud à la basse (YGAS, EBH). Mais avoir du beau monde sur papier est une chose, provoquer une osmose en est une autre. Même gratifiés d’un splendide artwork de Stan W Decker, encore fallait-il aux HEART LINE composer de véritables hymnes, et la tâche n’était pas simple. Sauf qu’en écoutant Back In the Game, on a clairement le sentiment que tout a découlé d’un processus très naturel, comme si les chansons dégoulinaient de la guitare sans aucun effort.
Et si dans les années 80, la presse spécialisée devait faire preuve de complaisance paternaliste envers les groupes français, allant même jusqu’à devoir créer un top des groupes nationaux pour ses sondages de fin d’année afin qu’ils ne croisent pas le fer avec les pointures étrangères, le réflexe est devenu inutile aujourd’hui. Car les HEART LINE pourraient tout aussi bien être allemands, américains ou suédois.
Je ne peux m’empêcher de prendre en considération ces questions de nationalité, puisque le grand public Metal a longtemps pensé que les musiciens français étaient incapables de rivaliser avec les américains en matière d’AOR et de Metal mélodique. Alors, découvrir un groupe bien de chez nous tenir la dragée haute aux cadors US et aux ténors scandinaves est un réel plaisir, qui ne doit rien au chauvinisme, mais à la qualité du travail proposé. Soulignons tout d’abord l’énorme travail de production d’Yvan Guillevic, qui parvient à donner à ce premier album un parfum Beau Hill/Michael Wagener, avec des médiums qui écorchent et des graves qui roulent, mettant superbement en avant la voix sublime de son chanteur sans avoir à l’imposer de force dans le mix. Sa guitare évidemment est traitée aux petits oignons, et ses nombreux soli homériques trouvent ici un écrin aux proportions de leur dextérité, sans que la rythmique ou les claviers ne se sentent lésés. En gros, un équilibre parfait entre tous les intervenants, qui en dit long sur cette envie de partage équitable, si important dans le créneau.
Outre le son, c’est évidemment le plus important qui frappe : la qualité de ces chansons qu’on se prend à chantonner après seulement quelques écoutes. HEART LINE a bien retenu les leçons des aînés de SCORPIONS, de JOURNEY, de WINGER, XYZ, DOKKEN, BRIGHTON ROCK, et nous offre un véritable quatorze juillet d’harmonies musclées, un vrai feu d’artifices hédoniste qui se permet même de tenir la dragée haute aux fêtes nationales suédoises les plus prisées en la matière. En tombant sur « Back In the Game », j’ai été époustouflé par ce professionnalisme, par ce sourire musical qui donne envie d’embrasser le soleil, en découvrant « I'm in Heaven », je n’ai pu m’empêcher de penser au meilleur KING KOBRA et ses harmonies enchanteresses sur fond de riffs cinglants, et en encaissant l’intro bombastic de « Fighting to Live », les images de SCORPIONS et DOKKEN me sont revenues à la mémoire sans que je n’ai à faire aucun effort d’imagination ou de transposition.
Mais si deux ou trois compositions magnifiques suffisent à faire un album assez intéressant, elles ne suffisent pas à en faire un album essentiel. Et là réside le réel talent du quintet, qui a maintenu cette qualité tout au long de son parcours, signant onze morceaux tous plus magiques les uns que les autres touchant la corde sensible des amateurs, sans avoir recours à des gimmicks et autres arrangements putassiers.
Ainsi, les cordes délicates de « Once in a Lifetime », délicatement lovées au creux d’un chant tout en nuance, nous ramènent aux grandes heures de la tendresse eighties, lorsque les ballades Rock accédaient encore au sommet des charts. Interprète caméléon, Emmanuel Creis fait montre de tout son talent, de la puissance à la nuance, et apporte une énorme plus-value aux compositions d’Yvan, dynamitant les burners embrasés de claviers (« Fire Dance »), et polissant les entrées plus modulées (« Stranger in the Night » et son riff central teigneux comme un Rudolf Schenker aux incisives taillées).
Le bilan est donc lourd, d’autant que HEART LINE se permet même de défier les parrains de FOREIGNER sur leur propre terrain avec le velours de « In the City », qui pourrait demander en mariage « Waiting for a Girl Like You » sans avoir à rougir de timidité trop humble.
Incroyable performance de HEART LINE, qui en toute fin d’année, va s’incruster dans mon top 10, qui lui n’a cure des nationalités. Et cet album, heureux, souriant et sincère est sans doute l’une des plus belles déclarations d’amour au Hard mélodique des eighties, qui n’a pas besoin de ressortir les photos de famille pour prouver sa légitimité rétro.
Titres de l’album:
01. Fighting to Live
02. One Night in Paradise
03. Hold On
04. I'm in Heaven
05. On Fire
06. Back In the Game
07. Once in a Lifetime
08. Fire Dance
09. Stranger in the Night
10. In the City
11. I Long to Rise
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30
Un bouquin est sorti là-dessus, "The Tape Dealer" de Dima Andreyuk ( fanzine Tough Riffs)...
10/02/2025, 15:31
Toute ma jeunesse.Mais franchement, je ne regrette pas cette période : Le nombre d'heures "perdues" à remplir des K7s et faire les pochettes bordel... ... ...
10/02/2025, 10:16
Um som genuíno e nostálgico.Eu olho para Um poema morto, com grande carisma, com a esperança de que a boa e velha desgraça dos anos 90 ainda respire. Abstract Existence, talvez, seja o &(...)
09/02/2025, 11:22