« Pour jouer du Rock, faut des couilles ». Mouais, le genre de lieu commun qu’on entend depuis des décennies, et qui n’a d’autre but que de rassurer quelques males en mal de virilité de leur probité en testostérone un peu mal dosée. Non, je vais vous dire moi. Pour jouer du Rock, il faut des tripes, et tout le monde en a non ? D’ailleurs, on se tape complètement de savoir si un musicien porte un slip ou un soutien-gorge, du moment qu’il envoie la sauce…Et la sauce envoyée par les FOXY LADIES est plutôt du genre bien épicée, piquante sur le palais, et chaude sur l’estomac, sans pour autant déclencher des brulures incompatibles avec une dégustation appréciée. Ce jeune combo lyonnais né aux alentours de 2013 et articulé autour de Gabi (chant), Lucianne (guitare), Chloé (basse) et Emilie (batterie) n’a pas chômé depuis ses débuts, et a arpenté les scènes en solo, ou aux côtés de valeurs sures comme les NASHVILLE PUSSY, PUNISH YOURSELF, BLACK BOMB A, BURNING HEADS, OPIUM DU PEUPLE, UK SUBS, TRUST ou encore MASS HYSTERIA, ce qui vous en conviendrez, n’est pas donné à tout le monde et en dit plus long qu’il n’y parait sur leur potentiel. Ce même potentiel était patent et constatable sur leur premier EP Ignition, publié en 2015 et qui mit le feu aux poudres d’un Rock incandescent, et à la croisée des chemins, entre Punk, Rock, Grunge, et tout ce qui constitue la rébellion musicale depuis l’invention du déhanché pervers d’Elvis the Pelvis. Ici le déhanché est plutôt musical, et bien balancé, entre rythmiques simples mais puissantes, riffs directs en ambiance, et chant à la moue assumée et aux intonations délicieusement provocantes, sans non plus tomber dans la harangue violente ou scandée.
Alors, premier album, financé à 206% par des fans y croyant vraiment, et qui n’ont pas dû être déçus du résultat engendré. Décliné en format CD et digipack, ce Backbone est vraiment à l’image de son titre, et se veut épine dorsale d’un Rock sans chichis, qui sait aller à l’essentiel sans paraître trop simpliste. A son écoute, on pense évidemment à des tonnes de choses, des RAMONES à la scène de Seattle, en passant par les DAMNED, les SLITS, les RUNUWAYS sans ce côté sexy inutile, à MOTORHEAD évidemment, mais aussi aux MAID OF ACE, aux PISTOLS, et en fait, à tous les musiciens ayant épuré une musique qui devenait inutilement pompeuse et qui avait perdu de vue son but initial, permettre à la jeunesse de s’enrager en toute impunité, et de croire qu’elle pouvait renverser n’importe quel régime d’un mouvement de tête ou d’un majeur bien relevé. Ici, c’est l’efficacité qui prime, même si les musiciennes maitrisent suffisamment leur instrument pour ne pas se contenter d’un Punk Rock trop simplifié, en témoignent de petites choses en tout point séduisantes, comme ce « Hell Home » en demi-teinte, osant une mélodie un peu amère, sur fond d’alternance de riffs plombés et d’arpèges caressés. Là est la véritable force de ce groupe qui élargit ses horizons, et ne s’impose aucune barrière, qui de toute façon ne résisterait pas bien longtemps. Doté d’un son parfaitement équilibré, mettant en avant la basse ronde de Chloé, qui s’en donne à cœur joie dans son rôle de pivot (l’intro diabolique de « Sorrow Games », qui vous donne des fourmis RAMONES dans vos pieds BURNING HEADS), Backbone est un pur concentré d’énergie employée à dessein, et qui vous contamine en moins de temps qu’il ne vous en faudra pour beugler « Hey, ho, let’s go ».
Outre l’exubérance qui émane de pistes qui frisent d’indécence Rock, c’est surtout cette construction évolutive qui rend ce premier album aussi fascinant. Les FOXY LADIES, loin de jouer le rentre-dedans permanent, ont élaboré leur première œuvre avec une grande intelligence, nous assénant une bonne calotte en première partie, avant de sournoisement panser nos plaies sur la seconde. On trouve donc en début de parcours des hymnes incendiaires qu’on imagine encore plus pyromanes on stage, avant de tomber sur des digressions plus nuancées, mais pas moins énervées par la suite. A titre d’exemple, envoyez-vous la soyeuse mais rêche dualité « For Fools », aux accents modulés, qui joue beaucoup de son ambivalence entre un Grunge/Stoner un peu asséché, et quelques finesses rythmiques osées. Le jeu de batterie d’Emilie est à ce titre un véritable exemple de ce qu’un cogneur peut accomplir lorsqu’il n’oublie pas son rôle, sans pour autant se contenter d’un binaire trop facile à imposer. Mais les quatre instrumentistes valent le détour, à commencer par Gabi, qui joue de sa tessiture et de ses tonalités pour évoquer trente ans de vocalistes possédées, sans jamais les singer. Parvenant de sa voix à imiter Katie Jane Garside, Ari Up, Siouxsie ou bien Cherie Currie, selon les ambiances choisie, la frontwoman toise de sa superbe des morceaux faussement simples, mais réellement riches, qui unissent les époques et les styles tout en imposant le leur. Lequel ? Un Rock énergique, atypique, qui pique au Punk son urgence pour l’imposer dans la tourmente d’un Stoner Grunge très malin, qui ne crache pas sur des refrains bien chafouins (« An Old Cactus Dream »).
Il est dès lors très difficile de situer le groupe dans un contexte particulier, tant il s’évertue justement à échapper à toute règle trop figée. Si l’ouverture « Fallout » vous saute directement à la gorge de son mélange détonnant entre SAVE FERRIS et les MAID OF ACE, « Under Control » a tôt fait d’imposer la puissance au cœur des débats en la mâtinant d’une sensualité létale que Gabi sait parfaitement retranscrire sans tomber dans les clichés. De son côté, Lucianne tisse des textures très abrasives, parfois denses et aux mailles concentrées, mais ne rechigne jamais à aller chercher du côté du groove ou du Blues de quoi faire avancer la machine sans capoter. Et malgré cette fougue et cette rage juvénile qui transpirent de sillons en surchauffe, Backbone fait preuve d’une sidérante maturité résultant certainement de ces quelques années passées à transcender un public conquis d’avance. Les FOXY LADIES se veulent même « Monster Girl », in a monster world, en signant un hymne Pop-Punk que les early GO GO’S n’auraient certainement pas renié, et terminent le boulot via un accrocheur « The Gentle Art of Destruction » qui nous achève de son insolence Punk Rock nous ramenant aux origines du style…
En tout cas, ce quatuor sait parfaitement où il va, et comment il compte s’y rendre. D’une approche moins directe que d’ordinaire, Backbone joue les mouches du coche, et sait se montrer insaisissable sans pour autant nous glisser entre les doigts. Brassant des influences hétéroclites dans un ensemble homogène, ce premier essai se transforme en démonstration, sans forcer, mais en osant la créativité et la pugnacité en un élan équilibré. Alors oui, il faut des tripes pour jouer du Rock. Mais aussi un minimum d’intelligence. Deux qualités dont les FOXY LADIES disposent en quantité illimitée.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09