En ayant moi-même marre de moi-même et mes tendances à me réfugier dans le giron de la facilité, j’abandonnais momentanément le vintage, l’old-school, l’ultra-brutal, le Death, le Thrash rebattu, pour me réorienter vers des valeurs plus classiques, mais non moins plaisantes. Et c’est ainsi qu’au hasard des sorties, j’ai choisi celle la plus estampillée Hardcore, m’attendant sans doute à un mélange de saison, odorant, mais pas trop persistant. Perdu, puisque le groupe qui a titillé ma curiosité est bien connu des amateurs de crossover complexe, et se plaît depuis sa fondation à mélanger les courants pour créer une formule lourde, pesante et oppressante. Tant pis pour la joie de vivre, mais tant mieux pour la jubilation cathartique, puisque les LIFETIME SHITLIST sont à l’image de leur nom, sans illusions, engoncés dans leurs certitudes sombres, et manifestement capables d’unir le Metal le plus solide et le Core le plus fluide. Fondé en 2012 à Baltimore, la ville du bon goût de John Waters, ce quatuor enragé et perturbé (Ned Westrick - chant/basse, Metal Matt Crocco - guitare, Corey Fleming - guitare et Ryan Larkin - batterie), nous a déjà exposé sa philosophie sur quelques sorties, EP, LP éponyme, tous publiés par le label US Grimoire Records, certainement satisfait une fois encore de pouvoir promouvoir ce ténébreux et violent Bad Blood. Du mauvais sang donc, celui que les concurrents de nos bagarreurs vont devoir se faire en écoutant ce nouveau jet de bave fielleuse, qui ne contredit aucunement les précédents jugements du groupe. Toujours aussi médian entre épaisseur métallique et férocité rythmique héritée de la scène Hardcore américaine des années 90, les LIFETIME SHITLIST jouent gras mais coulant, comme le nœud qu’on se passe autour du coup un jour de moral qui flanche un peu trop. Mais avec des influences comme celles citées sur leur page Facebook, il n’y a pas lieu de s’étonner de la fraîcheur relative de cette optique, qui combine les mouvements et dévie les tendances.
Quelles influences ? De nombreuses, et pertinentes. Au départ, l’intention du quatuor était de fondre dans un même creuset les références HELLHAMMER, POISON IDEA et MOTORHEAD, pour, comme les musiciens l’affirment, « jouer simple, mais sale ». C’est semble-t-il toujours leur leitmotiv, puisqu’en effet leur musique sonne toujours autant comme la communion entre le primitivisme occulte de Tom Warrior et la méchanceté urbaine et Core d’UNSANE, soit un mélange détonnant et pas vraiment bénéfique pour l’humeur. Avec sa petite demi-heure, Bad Blood frappe très fort et très vite, comme un coup de pogne reçu en pleine gueule au détour d’une rue de Baltimore, un soir moins joyeux que les autres. DISCHARGE, KILLING JOKE, VENOM, EXODUS, CELTIC FROST, DR KNOW, BLACK FLAG, TANK, THIN LIZZY, G.I.S.M., DISFEAR, ENTOMBED, SABBATH, et « la plupart des groupes en DIS » font donc partie du champ de perception des instrumentistes, qui prouvent dès « Bad Blood » qu’ils ne sont pas vraiment là pour rigoler. Personne ne se marrera d’ailleurs en écoutant leurs chansons, toutes empruntes d’une rage sourde et subtilement résignée, et avec une moyenne de trois minutes au compteur, pas le temps de traîner pour se perdre en route. Produit par Noel Mueller, qui a aussi assuré le mixage et le mastering, ce nouvel effort propose donc une sorte de mouture entre Doom et Hardcore, un peu comme si les EXPIRE, UNSANE et DOWN se rejoignaient pour une jam session impromptue entre New-York et la Louisiane. Privilégiant un mid tempo appuyé et agressif, le groupe n’hésite toutefois pas à emballer les débats lorsqu’ils ne méritent, et « Bonfire of The Vanities » de présenter un autre visage, plus méchant, plus sournois, et des grimaces plus rapides entre deux œillades provocantes. On en vient même à regretter que le rythme ne s’emballe pas plus souvent tant le groupe est convaincant dans ce créneau, même si des beignes de la force de « Uncanny Valley » nous font vite oublier nos rares griefs.
Un peu de mélodies bien tassées pour faire illusion le temps d’une intro avant de nous asséner un énorme coup de massue (« Double Blind », le meilleur raccourci entre les premiers TYPE O et EYEHATEGOD), des accélérations syncopées sur fond de riffs ultra basiques et dark comme le slip de Tony Iommi (« Not Yet »), de quoi sustenter la faim des amateurs du late CORROSION OF CONFORMITY sans trop pleurer (« Proud Boys »), en somme, l’hybridation la plus parfaite du Heavy lourd et du Hardcore sourd, pour des fans ne l’étant pas et faisant facilement la différence entre les bons, et les vraiment méchants. LIFETIME SHITLIST a même l’ironie de citer le bayou glauque dans le texte avec sa fausse « The Ballad », qui a plutôt des airs de perdition totale dans les coins les moins recommandables de la Bible Belt, avec guide un peu chelou qui n’en veut pas qu’à vos sous. En se calant sur des riffs essentiels et épurés, les originaires de Baltimore laissent parler l’efficacité, et privilégient l’ambiance poisseuse à la démonstration osseuse, nous délivrant un quota de frissons et de mauvaises sensations tout à fait délicieux. Chanteur/bassiste au phrasé convaincant et au médiator cinglant, paire de guitaristes qui jouent downtuned mais pas exagéré, batteur qui assure les noires sans mépriser les blanches, et quelques soli rudimentaires pour enjoliver le tout. Un trip un peu nauséeux entre le Hardcore de New-York et le Metal de primate du Sud des USA, pour un album qui refuse tout silence, toute pause et toute éclaircie, sans verser dans le trop, ni être pas assez. Le genre de truc pas vraiment à la mode, mais qui s’incruste comme un virus, et qui vous contamine en une demi-heure. Une idée noire persistante, mais aussi la preuve que lorsque les deux styles sont mélangés dans ce qu’ils ont de plus pur, il en découle un crossover de première bourre.
Titres de l’album :
1.Bad Blood
2.Uncanny Valley
3.Double Blind
4.Not Yet
5.Proud Boys
6.Everyone Thinks They Will Survive The Apocalypse
7.Bonfire of The Vanities
8.The Ballad
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