Ça sent le tir à vue. Le chargeur vidé en plein buffet, la condamnation à mort inévitable. Des sonorités électroniques, des arrangements Hip-Hop, et surtout cette caution Trap que beaucoup ne vont pas comprendre. Les autres ? Ils détestent déjà sans avoir écouté la moindre note. Et je suis tenté de les laisser dans leur ignorance. Après tout, l’ouverture d’esprit n’est pas donnée à tout le monde. Un monde qui va d’ailleurs encore plus mal dans l’univers de KRACK, qui se pose déjà après l’apocalypse.
Entre Naples, Marseille, et Paris, KRACK ne s’en prend pas pour un, mais n’est pas non plus dupe de ses qualités. Les thématiques sont de société, l’inclusion, la violence policière, ah ça ira, ça ira, et le tout enrobé dans une bande-son très éloignée de nos turpitudes habituelles. Maniant les vocables avec un flair certain, Bakounine mélange et mixe d’une main ferme, réservant le fouet pour le châtiment suprême. Mais la claque musicale est déjà suffisamment puissante pour ne pas avoir à en rajouter niveau conceptuel. Pourtant, ce Paris rongé par la violence se veut prophétique. Du moins, en partie.
Bakounine, révolutionnaire, théoricien de l'anarchisme et philosophe trouve un siècle et demi après sa disparition un écho certain sur ce deuxième EP du collectif. Si le rôle de l’état dans la débâcle économique est indéniable et évident, c’est l’état dans l’état qui inquiète le plus. On se demande jusqu’où la fourberie pourra aller, entre petits cadeaux entre amis et exonération de toute forme d’impôt. Les KRACK rentrent donc dans le lard, sans se demander si leur musique saura séduire les réfractaires à l’ordre. Mais gageons qu’avec cette dose de brutalité saine mais ombrageuse, les lanceurs de pavés se sentiront inspirés. Galvanisés.
Invincibles.
M&O music se fend d’ailleurs d’une formule que le département promotion aime tant. L’énergie brute de SCARLXRD, la puissance de KORN, et la transe de PRODIGY. Je trouve que pour une fois, le gimmick fonctionne, car en effet, la musique de Bakounine est un crossover vaste, certes assourdissant, mais bouillonnant d’une créativité le confinant à la rage. Comme des infectés ayant pris le pouvoir dans la rue, les membres de KRACK hurlent leurs commandements, et chacun pour soi. L’altruisme n’a plus de valeur autre que nominative, et si les minorités sexuelles trouveront asile dans celui des fous, c’est pour mieux regrouper les extrêmes et leur donner accès aux armes de la pensée.
Ne comptez pas sur moi pour vous dire que tel titre ou tel autre est influencé par ou défluencé pour, la valeur ajoutée de ces onze morceaux étant gigantesque. On a du mal à croire que cette ode à la révolte n’est qu’un EP de plus pour le collectif, qui brave une fois encore le conservatisme des masses Metal, celles qui détestent qu’on brade leurs principes.
De fait, KRACK n’est pas vraiment Metal. Il n’est pas non plus Indus, ni Néo, il est électronique, pour le moins, mais il est surtout anti-sécuritaire. Il sonne comme le haut-parleur d’un ras le bol qui emprunte au Hip-Hop son phrasé, au Rap ses formulations les plus abruptes, musicales et thématiques (« Suce », on n’y va pas par quatre chemins), ou comme le nightclub louche à la faune bigarrée et aux backdoors menant sur un univers de luxure et autre raffinements de lits superposés (« Virus », très KMFDM revu et corrigé par DALEK).
Les 90’s, la Dance, la violence d’un Industriel dansant loin de l’EBM caressant, et quelques idées pour s’extirper de la masse. Avec une guitare prétexte, une rythmique réflexe, Bakounine braille comme un révolutionnaire armé, le canon pointé sur la face des élus. « Revolte » en est la transcription, et peut-être l’un des rares titres à être suffisamment franc pour être apprécié de tous.
« Maison Pourpre » relève le défi de sonner plus MANSON qu’un remix de LAIBACH. Entre SKINNY PUPPY, FRONTLINE ASSEMBLY, et la nouvelle génération de rappeurs sans peur ni reproches, KRACK pulvérise le Rock sur l’autel de l’électronique diabolique, et donne à son apocalypse des airs de dernière fête avant la fin du monde. Mais le monde ne connaîtra pas de fin, ou seulement celle qui lui est réservée dans quelques milliers d’années.
Pour le moment, le soleil brille encore pour (presque) tout le monde. Bakounine fait mine de l’ignorer, mais sait de ses mélodies qu’un sauvetage in extremis est encore possible. Sinon…
La curée.
Titres de l’album:
01. Intro
02. Revolte
03. Maison Pourpre
04. Tire
05. G-hole
06. Ego Trop
07. Creve
08. Plagiat
09. Suce
10. Virus
11. Suicide
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