Ces Norvégiens n’en finiront donc pas de m’étonner. En plus de truster les avant-postes de quasiment tous les styles musicaux actuels en rapport avec les 80’s et 70’s (comme leurs voisins suédois), ils se permettent même maintenant de donner naissance à de nouveaux sub-genres, histoire d’asseoir un peu plus leur suprématie sur la scène Metal mondiale.
Certes, vous me direz à juste titre que le Horror Metal n’est pas né d’hier. En fait, on peut même remonter jusqu’à Screaming Jay Hawkins et Arthur Brown pour en tracer les origines, histoire d’arriver sans encombre jusqu’à DEATH SS et KING DIAMOND. Et tous ces éléments ne sont pas énoncés au hasard, puisqu’ils concernent directement les CRITICAL SOLUTION, qui au moment de publier leur troisième album ont décidé de recouper toutes ces données. D’une, en admettant pour influence l’ex-leader de MERCYFUL FATE, de deux en adoptant la production d’Andy La Rocque, de trois, et plus incongru, en embauchant Arthur Brown pour jouer les maîtres de cérémonie/Monsieur loyal narrateur sur ce Barbara The Witch qui décidément connaît son histoire musicale et horrifique sur le bout des accords.
Etes-vous donc prêt à entamer un voyage dans une légende « inspirée de faits réels », ou plutôt, dans les recoins sombres d’un album qui redonne ses lettres de noblesse à un style légèrement tombé en désuétude ? Oui ?
Alors allez-y, et préparez-vous à une bonne heure de frissons et de Metal en fusion, puisque c’est exactement ce qui vous attend.
En trame de fond, l’histoire perso de ce quatuor Norvégien, formé en 2005, et s’articulant aujourd’hui autour de Christer Slettebø (chant/guitare solo), Egil Mydland (batterie), Eimund Grøsfjell (basse) et Bjørnar Grøsfjell (guitare).
Les quatre explorateurs de l’histoire parallèle nous en viennent donc de la jolie ville de Helleland (ou de Porsgrunn selon les bios), et ont déjà à leur actif deux EP (Evidence Of Things Unseen en 2011 et The Death Lament en 2014) et deux LP (Evil Never Dies, 2013 et Sleepwalker, 2015). Ils jouissent d’une excellente réputation dans leurs contrées, mais ont définitivement décidé de mettre le paquet pour négocier le tournant hasardeux du troisième album, cap crucial Ô combien dangereux pour n’importe quel groupe à la gloire montante.
Confirmer, tout en osant, rassurer tout en questionnant. Telle est l’attitude idoine au moment d’entamer un virage aussi imposant, et affirmer que les CRITICAL SOLUTION avec Barbara The Witch ont osé la démesure et la grandiloquence est d’un euphémisme tendrement lénifiant. Une heure de musique pour douze morceaux, concept album avec trame de fond du seizième siècle, focus sur la sorcellerie, les anciennes croyances et les maléfices, tout est en place pour un carnaval de l’horreur sans limites ni complexes qui fonctionne comme toute bonne représentation qui se respecte. De l’engagement, des certitudes, et surtout, une musique à la hauteur des ambitions, qui ne refuse aucun excès. Et de ce point de vue-là, Barbara The Witch est une réussite quasi intégrale, qui a réfuté tout minimalisme et humilité de ton. A dire vrai, c’est un album qui se veut à l’image de son artwork, superbe au demeurant, et qui n’hésite pas à aligner les références pour poser des jalons. KING DIAMOND donc, mais aussi METALLICA, URIAH HEEP, BLACK SABBATH évidemment, les DEATH SS donc, et quelques autres, comme TESTAMENT ou même le HELLOWEEN le plus bouillant. Autrement dit, un savant panaché diabolique de Heavy Metal occulte, de Speed, de Thrash, pour une pièce de théâtre musicale aussi démente que prenante.
Je vous laisserai le soin de découvrir l’histoire par vous-même, en écoutant les lyrics ou en les lisant sur le splendide livret du CD, mais sachez par avance que ceux-ci sont à la hauteur de cette musique flamboyante et violente.
La musique d’ailleurs, trouve son point d’ancrage dans un couplage entre les sémillantes 80’s et les terrassantes 90’s, unissant les impulsions gravissimes de MACHINE HEAD aux envolées opératiques rythmiques de METALLICA et toute la vague Speed/Thrash de 87/89.
On pense aussi à l’écoute de certaines pistes à d’autres, moins évidentes (« The Burning Pyre » et ses huit minutes est de fait un joli panaché BLIND GUARDIAN/METALLICA/ICED EARTH, avec une belle touche MAIDEN policée et un couplet subtilement subtilisé au TESTAMENT de « Trial By Fire »), et certaines nous replongent même dans le feu ardent d’albums de légende (« Barbara The Witch », ou comment rappeler au METALLICA de Death Magnetic qu’il vient de la NWOBHM).
Ce qui frappe au prime abord, c’est l’ambiance générale de ce troisième album qui fait preuve d’une belle maturité de direction et de composition. Le fait d’avoir confié à Arthur « The God Of Hellfire » Brown (Monsieur « Fire » pour les étourdis) les parties narratives permet au quatuor de s’appuyer sur une figure de proue et d’asseoir leur crédibilité (d’autant plus que ces rares séquences parlées sont très bien placées), mais aussi de marquer quelques pauses pour relancer la machine de terreur à plein régime (l’enchaînement de l’interlude « End Of The Beginning » et du fulgurant orage Heavy-Thrash « The Headless Horsement », est très efficace et dramatique).
Outres des riffs saignants, aux saccades régulières et mortifères, des soli revenant de l’enfer et des parties vocales d’airain et de fer, les CRITICAL SOLUTION peuvent aussi s’appuyer sur des constructions évolutives logiques, qui ne souffrent que très rarement de redondance. Ils parviennent toujours à trouver un angle d’approche sinon inédit, du moins terriblement accrocheur (« Officer Green » et son ambiance grondante et grouillante, plus WARBRINGER meets TESTAMENT que nature), et des arrangements sobres mais bien sentis, et utilisés avec parcimonie (le souffle venteux qui souligne les arpèges acoustiques introductifs sur « Lady In White », classique mais efficace et envoutant, la basse en circonvolution de « Peter Crow », très HELLOWEEN/MAIDEN).
Mais ce sont bien sur les compositions en elles-mêmes qui battent le haut du pavé. Si toutes font preuve d’un beau formalisme Heavy/Speed/Thrash de rigueur, certaines parviennent à trouver un équilibre parfait entre toutes les composantes et données (« Red Hooded Devils », l’une des meilleurs du lot avec son refrain mélodique inquiétant), et toutes peuvent se reposer sur une interprétation qui ne tolère aucune approximation ou hésitation. L’implication des musiciens est donc totale, et les quatre compères se sentent à l’aise dans la peau des personnages qu’ils décrivent, à grand renfort de guitares incisives et de rythmiques décisives.
Si l’on ajoute à ça une splendide pochette signée Mario Lopez, et une production parfaite de La Rocque, le bilan est donc plus que positif pour ce Barbara The Witch, qui risque de devenir assez rapidement la nouvelle borne en termes d’Horror Metal teinté de Thrash et de Heavy en oraison.
A noter que l’album sera disponible en version double, le second CD proposant une poignée de reprises (KING DIAMOND, OZZY, MOTÖRHEAD, BLACK SABBATH, DEEP PURPLE et URIAH HEEP, les Norvégiens n’ont donc peur de rien et surtout pas des classiques), mais même en version simple, il présente déjà suffisamment de valeur et de qualités pour que vous vous y intéressiez.
Alors, laissez-vous envouter par la sombre histoire de Barbara la sorcière. Vous ne finirez pas sur un bûcher comme elle, mais son destin mis en musique a de quoi vous toucher. Nous sommes tous des incompris après tout.
Titres de l'album:
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