Vu de l’extérieur, les choses ont toujours un angle différent. Par exemple, dans le cas de ce Barrabus, premier du nom, l’acheteur potentiel se dira avec certitudes, « Ok, premier album, nouveauté, inconnu, let’s give it a try »…
Sauf que.
Sauf que l’amateur éclairé allumera l’ampoule du savoir pour illuminer les ténèbres de l’ignorance, et saura. Il saura que BARRABUS est tout sauf un groupe de jeunes premiers aux dents longues et aux facettes brillantes. Il se souviendra sans doute de leurs tonitruants débuts il y a une dizaine d’années, et en cas de mémoire défaillante, il comprendra à la lecture du nom de Paul Catten qu’il n’a pas affaire à une nouvelle bande in town, mais bien à la résurrection d’un ancien projet passé à la trappe, pour cause de désaffection et de ras-le-bol.
Et avec un peu d’efforts, les tournées en support de MY RUIN et de SIKTH remonteront à la surface, ainsi qu’une démo enregistrée comme ça, pour le fun, en 2006.
2006-2017, la boucle est presque bouclée, pour un « premier album » qui lui aussi tournera en boucle une fois que vos oreilles seront devenus accros.
« A la base, j’aime bouger. Avec THE SONTARAN EXPERIMENT, je voulais créer le groupe le plus extrême et le plus bruyant. Mais dix ans plus tard, tout le monde bricole des sons électroniques extrêmes dans son Doom. En fait, nous sommes arrivés trop tôt. Mais comme à l’époque, BARRABUS sombrait… »
THE SONTARAN EXPERIMENT certes, mais aussi le projet barré STUNTCOCK, KHANG, MEDULLA NOCTE, LAZARUS BLACKSTAR et évidemment MURDER ONE, dont BARRABUS n’était qu’un side-project. Car si Paul Catten avoue détester rester en place, il manie l’euphémisme comme personne. Il n’aime pas bouger, il aime sauter, le plus loin possible. Il n’aime pas crier, il aime hurler, il n’aime pas distorde, il aime torturer. L’homme conchie le mainstream comme Devin Townsend la parcimonie créative, et les deux artistes partagent d’ailleurs quelques concepts bien allumés en termes d’interprétation et de composition.
Mais celui dont Paul se rapproche le plus est évidemment Mike God ? Patton, avec lequel il évolue en parallèle, en termes de productivité et de bizarrerie.
D’ailleurs, écoutez simplement n’importe quel morceau de Barrabus pour vous en persuader. Avec un peu de bol et sans parti pris, vous penserez parfois reconnaître un poil de MR BUNGLE sur le menton de FAITH NO MORE, rasé par FANTOMAS.
Rien que ça ?
Non, beaucoup plus en fait.
Paul Catten (chant / électronique / theremin), Mark Seddon (choeurs / guitare / bruit), Matt Keen (choeurs / basse) et Adam Evans (choeurs / batterie), c’est un quatuor qui se prend pour une équation à quatre inconnues, qui une fois résolue, en découvre cinq. Dans un créneau de Metal libre et expérimental, peu d’autres disques lui arrivent à la cheville en termes d’intensité et de qualité. Pourtant, la recette est simple, et appliquée par ces quatre olibrius avec une précision mathématique.
Folie instrumentale, liberté de ton, envie décuplée par les années d’attente, et compositions qui ne cèdent pas un pouce de puissance au terrain de l’excentricité.
Et pourtant, tout est cohérent, logique, et les chansons tiennent debout comme le sexe d’un agonisant après une dernière crise de priapisme.
En parlant de ça, vous risquez d’avoir une sévère attaque une fois « My Nightmare as a Reality TV Contestant » ingurgité. Une entame comme ça, qui commence par une intro digne des VIRGIN PRUNES (theremin, sonorités oniriques dérangeantes, etc…), et qui enchaîne sur un tapis de riffs et de couches électroniques perturbées, on n’y avait pas eu droit depuis « Land Of Sunshine » de qui-vous-savez, sur Angel Dust. Sauf qu’en plus, les trois lascars qui s’agitent derrière Paul font encore plus de pirouettes que Bottum, Gould, Martin, et Bordin en pleine (ex)croissance.
Guitare trash et Thrash, rythmique bien cassée comme un éclopé sur le bord de l’autoroute, et ce chant schizo qui se prend pour une conversation improbable entre Patton et Tom Araya sur un vieux téléphone fixe.
Pam, pim, c’est réglé. On adopte.
Mais un seul titre, c’est un peu léger comme preuve de bon sens. S’il faut vous convaincre plus, ce dont je ne doute pas puisque vous exigez des indices plus concrets, alors « The Trials of Joseph Merrick » fera largement l’affaire.
Des accélérations à damner un gang Fastcore en pleine démangeaison estivale, voix toujours aussi abimée par des effets divers, qui vire crooner Warner Bros, pour quatre-vingt secondes de tuerie/boucherie à vous désosser un samedi soir de pluie.
Même constat pour « Master Of Disguise » qui ose pousser les cauchemars de bande originale de FANTOMAS dans les derniers retranchements de la conception musicale d’un Trent Reznor. Le tout, troussé pour un cartoon déjanté qui dézingue les oreilles en épluchant les nerfs. Et ne tablez pas sur une baisse de régime, les mecs mangent gras et s’en tapent de prendre des kilos.
« Porn ! », c’est l’équivalent sémantique lubrique d’un intitulé qui vous nique les tympans et vous caressant le palpitant et…l’entre-jambes. Aussi bourrin qu’un hymne Punk/Hardcore composé par un chœur d’église satanique, c’est le genre de truc qu’on aurait pu entendre chez LaVey si les IWRESTLEDABEARONCE l’avaient connu. Même de loin. Un mid tempo pareil, aussi violent que séduisant, ça tombe pile-poil tous les…dix ans généralement.
Mais alors, « The End » ? Mini space-opera caustique et waltz-thrash ? Et « Pre-Op » ? Jumpy scare-metal avec riff gluant stoner/STONE TEMPLE PILOTS histoire de régler son compte au Grunge via une mise au point en Fusion ?
« Kelptomania » ?
Hum ? Une façon très perso de détourner le Rock de stade des FOO FIGHTERS pour le rendre plus perméable à une version super accélérée de MASTODON ? C’est une option, mais pas la seule.
Et puis sincèrement, finir sur la pépite « Zerox » qui elle aussi abuse de la fumette de désert histoire de se raccrocher à une petite ritournelle d’au-revoir, c’est franchement très malin les gars…Et en plus, ça reste dans la tête et ça contredit presque tout ce qui l’a précédé, tout en confirmant le principe global du « on fait ce qu’on veut et on t’emmerde ».
Vu de l’extérieur, les choses ont donc toujours un angle différent. Par exemple, dans le cas de ce Barrabus, presque premier du nom, l’acheteur potentiel se dira avec incertitude, « Ok, premier album, nouveauté, inconnu, let’s give it a second try »…
Sauf que.
Sauf que. Barrabus est sans doute l’album de Metal libre de l’année. Non, de la décennie. Ou de l’année.
Et puis merde.
(Pour info, quatre morceaux de ce LP se cachent dans les quatre morceaux de la première démo de 2006. Sauras-tu les retrouver puisqu’ils s’appellent pareil ?)
Titres de l'album:
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