Seriez-vous tenté par un side-project fameux, et surtout, bordélique et fumeux ? Si tel est le cas, je me permets de vous proposer ce matin non une nouveauté, mais bien la continuité d’un projet né il y a presque vingt ans, d’un désir commun de deux figures de l’underground de trouver une échappatoire à leurs responsabilités communes. Créé en 2001, le concept FUKPIG n’est rien d’autre qu’un gigantesque défouloir permettant à ses deux membres d’oublier leur implication dans des groupes beaucoup plus réputés, une sorte de récréation de psychopathes incapables de résister à leurs instincts les plus bas, et se faisant plaisir en bousculant les codes de la musique la plus cohérente qui soit. Mais concrètement, et pour les quelques brebis égarées n’ayant pas vraiment suivi leurs pérégrinations, les FUKPIG c’est quoi ? Basiquement, un truc simple mais un peu compliqué quand même, mêlant la brutalité du Crust et du Grind à la pénombre d’un Black pas vraiment assumé, pour obtenir un cocktail éminemment relevé, librement baptisé Nekropunk. Des rythmiques en chien de fusil, des riffs sommaires mais efficients, des lignes de chant aussi inspirées de l’Indus de MINISTRY que des vomissements de BILE, et surtout, beaucoup de fun dans la torture et d’inspiration dans le tri des ordures. Mené de front par deux membres de collectifs célébrés, FUKPIG peut donc s’enorgueillir de compter dans ses rangs Misery (aka Paul Kenney, ex-MISTRESS, ex-ROT et ex-ANAAL NATHRAKH) et Drunk (aka Duncan Williams, ex-MISTRESS, et ex-ANAAL NATHRAKH lui aussi), qui depuis leur première démo publiée en 2001 (The Depths of Humanity) prennent beaucoup de plaisir à foutre la merde et à se rapprocher de leurs racines anglaises les plus extrêmes.
Pouvant s’appuyer sur une discographie assez dense, comptant pas moins de cinq longue-durée et un nombre conséquent de splits, de EP et de singles, les deux originaires de Birmingham se proposent donc sur ce nouvel effort de résumer leur carrière et de se projeter vers un avenir chaotique, toujours placé sous diverses influences. Celles assumées bien sûr, donc les leurs, mais aussi une poignée de références plus académiques, dont NAPALM DEATH évidemment, TRAP THEM, HIEROPHANT, et surtout, les PIG DESTROYER, partageant avec ces derniers un goût prononcé pour le gras qui tâche et la distorsion qui trépasse. Dans les faits, et musicalement parlant, Bastards ne diverge pas vraiment du reste de la production du duo, et continue de repousser les limites du chaos de façon très intelligente, et plus ordonnée qu’il n’y parait. Si l’ensemble dégage un délicat parfum de Grind légèrement assombri d’une touche Black discrète, c’est bien une forme de Crust très primitive qui domine les débats, tirant même parfois sur le Black N’Roll le plus impitoyable pour encore plus choquer les bien-pensants. Sans dévier d’un iota de leur trajectoire erratique, les deux olibrius multiplient donc les figures de style, et profitent d’un son à la hauteur de leur vilénie pour nous faire le coup du Crust-Grind de barbares, très en phase avec son époque, mais aussi très respectueux des codes en vigueur aux origines. Après avoir connu plusieurs périodes de hiatus, les FUKPIG nous offrent donc une suite honorable à leur précédent effort This World Is Weakening, jouant gentiment le jeu d’un bordel paillard, à mi-chemin entre l’horreur américaine et la terreur européenne, sans trahir leur camp pour se faire adopter par l’autre. Et finalement, tout ceci est une fois encore aussi anecdotique qu’indispensable. Ce qui en fait donc l’un des albums du mois, sans conteste.
Pour me montrer plus explicite, j’affirmerais que Bastards redéfinit le partenariat entre punks et metalleux, adoptant l’attitude frondeuse des premiers et le désir de puissance des seconds. C’est certes classique, et hautement redondant, mais difficile de résister à ces pamphlets qui confondent parfois vitesse et précipitation, tout en dynamitant les convenances autrefois balisées par les inoubliables IMPALED NAZARENE (« Meathead »). Sans sombrer dans la gaudriole ni la brièveté en paravent de manque d’inspiration (les morceaux dépassent souvent les deux minutes et même les trois), les FUKPIG se permettent parfois des élans de virulence assez déments, qui réconcilient l’esprit graveleux de l’ENTOMBED période Death N’Roll et le Crust sans concession des UNREST (« Déteste », on ne peut qu’adorer évidement). Textuellement parlant, pas besoin d’une analyse prononcée des rimes et de la ponctuation pour savoir où les deux trublions veulent en venir, et leur conscience sociale leur permet même de pouvoir revendiquer une affiliation prononcée avec les débuts de la scène Anarcho-Core de leur ville d’origine (« Media Shit », « Antisocial Media »). Aussi solides qu’ils ne sont futiles, les anglais se permettent même de détourner des slogans façon MINISTRY pour imposer une énorme basse Punk sur une trame purement Crust acide et animée (« Let’s Make Britain Hate Again »), sans tomber dans les desseins animés d’une simple gaudriole affolée.
Certes, de temps à autres, un petit coup de sang Grind (« Last Brexit To Nowhere »), un petit borborygme en éructation pour amuser la galerie, une diversion un peu trop barrée viennent nous indiquer que le tout est pris du côté fun où son sérieux risque de sombrer, mais dans sa globalité, ce cinquième LP des FUKPIG tient largement la route, et nous emmène sur des chemins où la logique ne cède que partiellement le pas à la folie. Mais celle dégagée par ce nouvel LP est tangible, et la musicalité brute de l’ensemble ne cache aucunement le potentiel de musiciens qui se font plaisir tout en restant honnêtes, et qui ne considèrent pas le Crust et le Grind comme de simples exutoires pour esprits simples.
Titres de l'album:
1.Dogshit Hair
2.Lets Make Britain Hate Again
3.Force Fed Fucking Bullshit. (Feat Paul Catten)
4.Antisocial Media
5.Bastards
6.The Altar Of Austerity
7.Doctrines of the Obsolete
8.Meathead
9.Déteste
10.Ruled By Cunts
11.The Bleakest Toll
12.Last Brexit To Nowhere
Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)
01/05/2025, 09:15
Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...
01/05/2025, 09:11
C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !
29/04/2025, 13:37
Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad
29/04/2025, 08:26
Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.
29/04/2025, 02:27
Je veux une scène vivante et organique voilà tout. Je constate une baisse en qualité, la scène metal ressemble de plus en plus à un musé. Mon expérience c'est que tu as un bon groupe sur 4 dans une soirée live maintenant. Il y a pas si (...)
29/04/2025, 02:24
@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.
28/04/2025, 19:40
@DPD: que METALLLICA n'apporte plus rien à la scène depuis 30 ans, je pense que ça fait plus ou moins consensus. Mais je ne vois pas ce que LORNA SHORE apporte non plus.Ceci étant dit, qu'est-ce qu'un "jeune" de la scène. Moins de 40(...)
28/04/2025, 19:37
Super concert! Avec un peu plus de monde que l'année dernière, il me semble.La chronique résume très bien le sentiment qu'on éprouve dans une telle soirée. Loin de la hype et des touristes, des posers ou des haters(...)
28/04/2025, 19:19
Mince je l'aurais pris pour la revendre et me faire du fric sur ton dos, occasion ratée. Ceci dit je suis très fan du groupe en question.
28/04/2025, 18:42
Dernière minute !!! J'ai une place en plus que j'offrirai volontiers au premier à me répon(...)
28/04/2025, 15:56
Que de bons vieux souvenirs au Chaulnes metalfest ! Entombed, Summon (!!!), Garwall, Kronos, etc... Le tout dans une ambiance survoltée à chaque fois... L'orientation musicale à bien changée par contre à ce que je vois...
28/04/2025, 10:31
J'avais vu l'ancien chanteur de Maiden sur la tournée de son premier album après son licenciement. Je ne suis pas étonné qu'il soit toujours aussi généreux et débordant, à ce que je lis.
27/04/2025, 12:35