Une légende peut-elle se montrer à la hauteur de sa propre légende ? On se posait souvent cette question dans les seventies lorsque Bowie, Bolan, LED ZEP, DEEP PURPLE ou PINK FLOYD annonçaient un nouvel album et une tournée s’ensuivant. On extrapolait par anticipation les percées à venir, les mutations, et surtout, les crises de culot leur permettant de toucher à des choses imprévisibles, ou de faire avancer la cause Rock au point de la dénaturer de sa simplicité originelle. Depuis, les vrais génies, les créateurs, les pygmalions et les rêveurs ont fait place à des stratégies marketing savamment étudiées, et le feeling semble avoir été laissé au placard. Autotune, campagne de promotion au millimètre, contrats étudiés jusqu’au moindre alinéa, l’inventivité semble avoir été oubliée quelque part entre la crainte du piratage et l’envie de rester au premier plan, commercialement parlant.
Mais l’art dans tout ça, le frisson ? Disparus, sacrifiés ? Bonne question, à laquelle il n’existe d’autre réponse que des courbes, des schémas, des diagrammes et des graphiques qui rassurent ou inquiètent les artistes, les labels, les managers.
Et merde à la fin, et si on écoutait de la vraie musique pour une fois, histoire de se souvenir des vinyles de notre jeunesse ? C’est plus ou moins ce qu’on pouvait faire depuis la sortie du premier album presque éponyme de BLACK COUNTRY COMMUNION, et ce, jusqu’à la parution d’Afterglow, en…2012. Depuis, pas mal de choses ont changé, ses musiciens se sont comme d’habitude dispersés, et pis encore, ils se sont brouillés, autour de batailles de directions artistiques, peinant à trouver un trou dans leur sacro-saint emploi du temps pour se réunir, et nous enchanter.
Pour les plus accros, Afterglow marquait le pas. Trop prévisible, manquant de passion, et n’atteignant pas les standards de qualité de ses aînés. On commençait à s’inquiéter du sort du groupe, d’autant plus que leurs relations s’envenimaient au point d’envisager un point final un peu trop précoce. Avec un Glenn Hughes overbooké, un Joe Bonamassa plus volontiers concentré sur ses projets, et un Derek Sherinian trop content de retrouver d’anciens associés pour l’explosion du concept SONS OF APOLLO, la soupe à la grimace dégoulinait des assiettes, et c’est assez rassurés finalement que nous avions appris la sortie d’un quatrième LP pour la rentrée, sans vraiment savoir si l’alchimie allait fonctionner, et si les ego allaient être mis de côté. En même temps, pas facile de concilier des fiertés au parcours si riche et célébré, de rameuter dans la même pièce des musiciens du calibre de Hughes, Joe, Derek et Bonham, sans que les murs ne se sentent obligés de se pousser pour laisser assez de place aux melons surdimensionnés. Et pourtant, après la semi déconvenue (dans le cas de BLACK COUNTRY, une déconvenue correspond plus ou moins à l’album d’une vie pour beaucoup d’autres) du troisième album un peu trop convenu, la tension était palpable, et le défi à relever de taille. Mais dès ses premières secondes, BCCIV prend le contrepied de la tendance et nous catapulte de nouveau dans l’univers très plantien de BCC, via le riff introductif de Joe, et les feulements à la Robert de Glenn, qui n’a toujours pas perdu l’art de nous séduire d’un simple cri en retenue ou d’un souffle rauque bien tendu. Certes, l’innovation se fait attendre, mais cette introduction classique en trompe l’œil est le petit chêne qui cache la dense forêt, puisqu’après écoute, il devient évident que ce IV aurait dû s’appeler III, tans ses accointances dans la recherche de diversité sont flagrantes. Tout y passe, souffle épique, respirations celtiques, détente Pop et déchaînement Rock, pour un LP aussi varié que le séminal écart folklorique de LED ZEP. Seul le destin nous dira si son succès et ses chiffres de vente se rapprocheront du multi-multi-multi-platine quatrième effort du dirigeable, mais il en a au moins les ambitions, et parvient à fédérer en prouvant au passage que quatre musiciens ultra talentueux, même en froid, sont capables de mettre leurs dissensions de côté pour enregistrer la meilleure musique qui soit…
De tout, le meilleur, l’étrange, des passages obligés, des concessions surement, mais aussi beaucoup de fun, c’est ce qui constitue l’ossature de ce nouvel effort de BLACK COUNTRY COMMUNION, qui a dû en faire un certain nombre pour que le projet arrive à son terme. Mais s’il fallait en passer par là pour que nous dégustions des perles comme « Over My Head », qui nous livre sur un plateau la plus belle digression Pop-Rock psychédélique du groupe, alors la bataille valait d’être menée. Voix détachée, refrain qui fédère de ses falsetto en volutes, osmose globale et basse de Hughes qui affirme sa présence à grands coups de déliés, le résultat est à la hauteur de toutes les attentes, et même plus. Plus, parce qu’il est enchaîné sur la plus belle composition de Joe, signée de ses deux seules mains contrairement au reste du répertoire. « The Last Song For My Resting Place » et son ambiance celtique et Folk nous ramène des décennies en arrière, lorsque Robert et Jimmy tentaient le tout pour le tout de l’ouverture identitaire sur III, avec force arrangements étranges et ambiances envoutantes…Ici, c’est le violon qui nous charme de ses interventions, mais aussi le chant de Glenn, qui ne force aucunement son talent pour se faire une place dans le délire imaginatif de son guitariste. Le genre de truc que Gary Moore a cherché toute sa vie à monter de toute pièce sans vraiment y arriver, ou par fugaces intermittences, et qui unit dans le même élan passionné le ZEP, les CORRS, et THIN LIZZY, sans jamais se départir de son immense énergie Hard-Rock de classe A…La classe, c’est bien ça qui distingue des mecs pareils du tout venant du barnum habituel, cirque qui confond talent et décibels sans vraiment à chercher à comprendre pourquoi ou comment…
Pourtant, le quatuor ricain n’a pas cherché la facilité pour se tirer d’un mauvais pas qu’il avait lui-même enjambé. En lâchant des compositions flirtant souvent avec les six, sept ou huit minutes, la gageure à relever n’était pas des plus simples, et on les imagine se surpassant pour rester à la hauteur de nos attentes, celles déclenchées par la sortie presque simultanée de I et II qui servent encore aujourd’hui de références inouïes. Et ces mêmes attentes seront comblées au-delà de toute exigence par un « Wanderlust » jouant les sales prolongations, mais s’éloignant enfin du dytique PURPLE/LED ZED, en se frottant au Rock le plus simple mais homérique qui striait le ciel eighties de ses éclairs bluesy. Les quatre faux compères se sont tout simplement arrachés pour produire un résultat aussi magique et sublimé, ce que la guitare de Joe semble confirmer à chaque intervention, délicatement soutenue par le clavier discret de Derek en contrepoint parfait. On se prend à rêver à l’écoute de ce petit chef d’œuvre à une union passionnée entre le BCC et TOTO, pour cette finesse d’arrangements qui tombent pile quand on les attend, mais qui n’en font jamais trop pour rester séduisants…
Niveau solo, chacun connaît son boulot, et les années passant ne semblent avoir aucune prise sur leur talent. Si la voix de Glenn gagne de plus en plus à rester médium, la frappe de Jason semble se montrer plus nuancée, et souligne plus qu’elle n’impose pour que la rythmique reste sur des rails moins linéairement tracés. Ce qui n’empêche pas le cogneur de forcer sur ses poignets pour imposer le Hard Rock le plus racé, celui de papa qu’il retrouve sur un « Love Remains » sidérant de puissance. Quant à la basse du maestro, elle s’amuse à provoquer la jeune génération des PROPHETS OF RAGE, pour une ligne sur laquelle Tim C et les autres digressaient à volonté sur les premiers efforts d’un RATM enragé (« The Crow »).
Et comme à chaque fois, c’est l’émotion du passé qui referme les portes, et « When The Morning Comes » d’illustrer avec intimisme et force ces petits matins embrumés par les jams nocturnes…On imagine les quatre faux copains rentrer chez eux, sans forcément parler, mais satisfaits du travail accompli…Riff et claviers en mode ZEP assumé, construction évolutive en tension programmée, mais comment ne pas être bluffé par des instrumentistes au potentiel exponentiel…Trop varié, pas assez cohérent, sont les seules critiques formulables par les esprits chagrins à l’égard d’un album qui a su dans un même élan trop bien faire semblant. Faire semblant d’y croire encore, peut-être pour la dernière fois, histoire de ne pas rester sur des rancœurs qu’on ne pourra plus panser. Mais même en mode concessions et tolérance d’autrui, BLACK COUNTRY COMMUNION reste plus convaincant que n’importe quelle bande de pote à l’amitié soudée. Reste à connaître le véritable rôle de Kevin Shirley dans tout ça, lui qui a dû ménager les chèvres et les choux pour en arriver là…La légende peut-elle se montrer à la hauteur de sa propre légende ? On ne se pose plus très souvent cette question aujourd’hui. Mais dans le cas de BCCIV, la réponse est bien évidemment oui.
Titres de l'album:
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