Devinez quoi. Du vintage pour vous, taillé sur mesure, quelle surprise non ? Pas vraiment, tant on se demande, à l’instar d’Hollywood et de ses remakes, si les musiciens d’aujourd’hui ne s’épanouissent pas plus dans le glorieux passé de leurs aînés que dans leur propre présent. Le débat peut être considéré comme futile, et la problématique anecdotique, pourtant l’issue est d’importance, et révélatrice d’une tendance qui depuis une dizaine d’années a la fâcheuse habitude d’empiéter sur le sens de l’innovation…Pas vraiment de quoi se plaindre pour le moment, d’autant plus que la grosse majorité des groupes s’adonnant aux plaisirs de la mode rétro sont plutôt compétents dans leur genre, mais si la vague continue de grossir, nous risquons de faire face à un raz-de-marée qui engloutira toute velléité d’originalité, ce qui a terme risque de nous pénaliser plus qu’autre chose. Mais avant d’en arriver à ce constat fataliste, sachons apprécier la musique pour ce qu’elle est, puisque celle proposée par les croates de SPEEDCLAW est plutôt du genre agressive et énervée, mais délicatement et subtilement décorée. Affichant trois ans d’existence, le quatuor de Rijeka (Dorian Perusic - batterie, Luka Jurisic & Luka Hrelja - guitares, Silvano Cosic - basse/chant) nous narre donc ses vues sur le patrimoine d’Europe de l’ouest via ce second EP, faisant suite à une introduction courte-durée Iron Speed, publiée en 2016. Ce Beast in the Mist, initialement paru en 2017 est donc relayé par le label US Shadow Kingdom Records, qui semble croire dur comme l’acier au potentiel de ses poulains, puisque l’objet sera formaté en vinyle, CD et tape, ce qui en dit long sur leur confiance. Mais à l’écoute des cinq morceaux plus intro de cette nouvelle sortie, il n’est pas difficile d’imaginer ce qui a convaincu la maison de disques, puisque ces morceaux sont taillés dans le Metal le plus chauffé, et répondent à une inspiration plurielle véritablement déchaînée.
Contrairement à pas mal de leurs petits camarades de jeu, les croates ne se fixent pas sur un mouvement particulier, et semble butiner de style en style pour polliniser le leur. On trouve donc dans leur approche des traces probantes de Speed fumant, des éléments convaincants de Thrash incandescent, et aussi pas mal de Heavy Metal pur jus, de quoi satisfaire tous les Heavy Metal maniacs ne s’étant jamais remis des avancées connues dans les années 80. C’est donc cette décennie bénie qui alimente une fois de plus l’imaginaire de jeunes musiciens, qui y trouvent leur compte et qui continuent l’entreprise de formulation entamée il y a bientôt quarante ans. De fait, et sous une pochette au graphisme qui sent bon les crayons de l’orée des eighties se cache un EP d’une efficacité terrible, mais aussi d’un niveau de jeu appréciable, qui condense en moins d’une demi-heure toutes les tendances, passant du Speed léger au Thrash effréné, sans paraître incongru ou inopiné. Impossible de ne pas craquer pour cette basse Core qui claque, pour cette rythmique vaillante qui frappe, et pour ces guitares que rien ne tempèrent, et l’ensemble dégage une fraîcheur incroyable, tout autant qu’une férocité imparable. Si l’empreinte des WARFARE, CROSSFIRE, AT WAR, TANK, et autres chantres de la NWOBHM est évidemment patente, le melting-pot proposé par le quatuor à des airs de pèlerinage sur les traces des premières vagues Heavy/Speed/Thrash européennes et américaines, mais c’est surtout la versatilité qui séduit, puisque de l’entame « Beast In The Mist » à l’ambivalence revendiquée, au final « Evil That You See » syncopé, le résumé est parfait, et surtout, sans faute de goût ni redite trop remarquée. Loin de se fixer sur un genre ou de réciter des leçons apprises à la volée, les SPEEDCLAW imposent leur patte, qui griffe les souvenirs de la NWOBHM et du spectre des DIAMOND HEAD et SAXON, tout en se plantant fermement dans la peau tatouée des vikings du Speed de l’époque, et des furieux du Thrash épique. On se retrouve donc en convergence de violence, avec des titres qui ne rechignent pas à se montrer beaucoup plus progressifs que la moyenne, et rebondissant de couplets Hard en refrains Thrash, tout en explosant au son de breaks Speed plus techniques qu’ils n’en ont l’air.
Et les croates connaissent la chanson, et maîtrisent les leurs, qui sont autant de crises de colère absolument pas larvées. Mais avec des intitulés comme « Faster Than Hell », impossible de se tromper et de remettre en cause l’allégeance à un mouvement qui n’en finit plus de nous faire pleurer les neurones, pas encore remis de toute cette créativité débridée. Entre une paire rythmique qui connaît son boulot et qui varie le tempo, et une paire de guitaristes qui riffent d’enfer et qui soloïsent en croisant le fer, on se surprend à headbanguer comme des sauvages mais aussi à siffloter d’un air plus sage, en pensant que si les chemins de METALLICA, RAZOR, ANVIL, TANK et CROSSFIRE s’étaient croisés, ils auraient pu dans un esprit d’émulation produire un titre comme celui-ci, encore plus rapide que l’enfer. On pourrait presque sentir les clous des bracelets sortir des sillons, et imaginer cet artwork ornant un dossard, tant cette musique sent la bière et les poings levés, et la furie d’une foule que rien ne semble arrêter. Et de riffs hautement accrocheurs en lignes vocales légèrement démoniaques, Beast in the Mist déroule et accumule les coups de boule, tout en prenant parfois soin d’adopter une posture plus cool. Impossible de détacher un segment plutôt qu’un autre, puisqu’ils sont tous bâtis sur le même moule, à l’instar de cet infernal « Rising In The Claw » qui après une intro à la tierce fait grimper le tempo et les fans au rideau, en juxtaposant un couplet purement Thrash à des coupures Heavy de grande classe. Affrontement permanent entre brutalité et mélodie, cet EP évite les pièges de la redondance du Power pour se concentrer sur la véhémence d’un Thrash à tendance Heavy qui balance, la purée évidemment, mais aussi les notes et les idées bien amenées. La production, intelligemment troussée nous ramène à des standards d’appréciation passés, mais refuse le statisme d’un cachet nostalgique trop prononcé en travaillant ses graves et en refusant aux médiums un son nasillard trop prévisible sur le tard. Tout ceci garantit donc une portée optimale, et si le timing dépasse souvent les six minutes, ça n’est pas à des fins de remplissage, mais parce que les chansons en ont besoin de ce ramassage.
Parfois, on s’y croirait carrément (« Aggression Strikes »), et la plupart du temps, ce second EP parvient sans peine à recréer l’ambiance des eighties si libérées, en jouant en rangs serrés, mais avec une aisance assumée. Une nouveauté qui n’en est pas vraiment une stylistiquement parlant, mais qui permet à la vague vintage d’éviter son creux, et de rebondir un peu. De quoi surfer sur la sauvagerie, sans se tremper de balbutiements qui paradoxalement évitent de trop se mouiller.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09