Nous avons tous pris une grosse claque de la part du Rock N’Roll. Que ce Rock le fut totalement, ou qu’il fut dévié par les trajectoires Hard n’Heavy, nous avons tous un jour subi une thérapie de conversion non forcée qui nous a mis à genoux face à cette musique unique, que les teenagers des fifties ont découverte grâce aux hanches habiles d’Elvis. Beaucoup ont embrassé le style de toutes leurs forces, jurant STONES pour mieux confirmer WHO, certains s’y laissant glisser par l’interstice anglais du ZEP, d’autres par la folie de Detroit, et les Seger, ALICE COOPER, MC5, ou même par le Punk londonien tiens, pourquoi pas. Quoiqu’il en soit, quelle que soit l’anecdote, si nous en sommes là aujourd’hui, à des âges variés, c’est que le Rock nous a offert une raison de vivre, d’y croire encore malgré les illusions perdues, une rambarde à laquelle nous accrocher en cas de tempête de la vie, et plus simplement, une source de jouvence qui efface les rides de l’âme et les plaies du corps.
Le batteur, par extension. C’est lui le métronome, lui qui donne l’impulsion, et si le guitar-hero est souvent cité comme exemple de figure christique, le pauvre egocentrique des cordes n’est rien sans cette pulsion de vie émanant de peaux synthétiques et de corps en bois. Les batteurs célèbres sont légion, presque autant que leurs homologues chanteurs ou guitaristes. Oublions le bassiste, bien que lui aussi réserve des surprises de taille, mais entre Ringo Starr, Charlie Watts, Ginger Baker, Keith Moon, Bun E. Carlos, ou John Bonham, la liste est longue, et le choix difficile. Mais nous ne sommes pas ici pur décerner la palme du frappeur le plus créatif ou brutal, mais bien pour parler de l’un d’entre eux, que le grand public ne connaît peut-être pas, mais dont le CV est assez fourni pour que nous le prenions au sérieux.
Tommy Clufetos est le genre de musicien de session très recherché, de ceux qui assomment, qui caressent, mais qui tapent et retapent comme si leur vie en dépendait. Inutile dès lors de chercher à comprendre pourquoi ce cher Ozzy l’a embauché, et pourquoi le SAB’ a fait appel à lui pour ses ultimes dates live. D’autres peuvent aussi se réclamer de la découverte, les ALICE COOPER, Ted NUGENT, Rob ZOMBIE, ou John 5. Car les batteurs, les bons, sont denrée rare, et lorsqu’on en trouve un, on a tendance à le garder, quel que soit le prix à payer. Carmine Appice et Cozy Powell, dans les seventies, bossaient comme des malades, pour des groupes, des musiques de film, et même des pubs. Evidemment, la donne a changé avec l’apparition des boîtes à rythme dans les années 80, mais au bout du compte, le batteur demeure la colonne vertébrale du Rock, celui qui opte pour le binaire ou le ternaire, et qui oblige les pieds et la tête à adopter la bonne cadence. Alors, tout ce laïus pour vous dire que lorsqu’un batteur se lance en solo pour repartir à la conquête du Rock, ça donne un album aussi frapadingue que Beat Up By Rock N' Roll.
Torgnolé par le Rock. Bonne accroche, qui mérite développement. Sentant que le moment était venu de se lancer en solo sous son nom ou autre, Tommy Clufetos a mis sur pied le projet pas si solitaire TOMMY’S ROCKTRIP, pour nous embarquer dans une traversée non du désert, mais du patrimoine Hard-Rock de ces trente ou quarante dernières années. Bien entouré, le sympathique musicien qui se veut aussi chanteur sur trois morceaux a assuré dans les grandes largeurs, conservant cette attaque unique qui le caractérise et qui fait flipper les fûts. Accompagné d’une horde de notables de son rang, le batteur a voulu non se mettre en avant, mais mettre sa musique en avant. Et cette musique, simple, directe, immédiate, méritait bien une tribune spéciale au-delà des featurings les plus prestigieux du bonhomme. Eric Dover (chant), Eliot Lorengo (basse), Hank Schneekluth (guitare lead), Nao Nakashima (guitare rythmique), Tommy C (sax), et Doug Organ (Hammond B3) ont donc accepté d’épauler le fantasque batteur, pour donner corps à sa vision simple des choses. Cette vision, c’est celle du beat qui domine les compositions, mais qui sait se montrer souple lorsque les circonstances l’exigent.
De fait, ce premier album en solo de Tommy Clufetos est aussi humble que l’homme est talentueux. Il ne cherche pas la complication, pique à Detroit ce qu’il rend à New-York, tape Delta pour visiter la Louisiane, joue cajun, ose les seventies dans leur jus, boogise comme un malade pour mieux binairer stable, laisse les soli s’exprimer sans les étouffer sous un déluge de coups de baguettes, et propose donc un véritable travail de groupe, et non pas un simple caprice en solitaire pour voir briller son nom sur les façades des plus grandes salles, fermées de toute façon.
« Heavy Load » ne prend pas de gants pour nous introduire au monde de TOMMY’S ROCKTRIP, mais débute quand même par une attaque sévère sur la caisse claire, histoire de mettre les choses au poing. Gros riff qui sent bon les racines, débordement légèrement bluesy par la droite, et on se replonge dans le Hard Rock des origines, lourd, concis, hurlé comme un fauve, et soudainement plus groovy qu’un chewing-gum ZZ TOP sous les tiags. « Welcome To The Show » n’en fait pas des caisses, mais se souvient de Keith, et lâche un gros lick sur binaire simple comme AC/DC. En choisissant de ne pas choisir entre les différentes versions d’un même thème, Tommy nous rappelle l’urgence de DEEP PURPLE et son orgue diabolique sur « You Got The Cash, I Got The Flash », assez « Speed King » dans l’esprit, mais avoue rapidement son but originel : nous faire sourire, quoi qu’il en coûte (« Make Me Smile »).
Alors évidemment, je le concède, tout ça est d’un classicisme désarmant, mais enchanteur. Batteur hors-normes et chanteur très capable, Tommy efface de sa candeur bien des erreurs commises par des batteurs en solo un peu trop complaisants (Peter Criss, Herman Rarebell), et colle au réalisme teenager d’une musique qui refuse les effets du vieillissement. Tout n’est pas à proprement parler indispensable, mais si finalement, et les anecdotes les plus connues deviennent des histoires qu’on se transmet au feu du Rock le plus tapé (« Kid Blood »). Et s’il est évident que le mot « Rock » est peut-être plus prononcé que sur des discographies entières, s’il est certain que Tommy écoute Angus et les siens avec passion (« Beat Up By Rock N’ Roll »), s’il est plus que criant que les fifties ont encore droit de cité dans notre univers décibellisé (« Power Of Three »), Beat Up By Rock N' Roll n’en demeure pas moins une confession tout ce qu’il y a de plus honnête. Loin des produits Frontiers les plus mélodiquement calibrés, ce premier album solo est une bouffée d’air frais et d’énergie adolescente, qui remet la figure du batteur au centre des débats.
That’s the way I wanna Rock n’Roll.
Titres de l’album:
1. Heavy Load
2. Welcome To The Show
3. You Got The Cash, I Got The Flash
4. Make Me Smile
5. Do It Again
6. Kid Blood
7. Don’t Be Afraid
8. Beat Up By Rock N’ Roll
9. Got To Play Some Rock N’ Roll
10. The Longevity
11. Power Of Three
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41