Quand on parle de BM norvégien, difficile de ne pas se référer à la scène originelle des années 90. Impossible de ne pas parler de MAYHEM, BURZUM et consorts, et lorsqu’on parle de BM français, difficile aussi de ne pas citer les Légions Noires et des combos référentiels comme BELKETRE, VLAD TEPES ou MÜTIILATION, spécialement lorsque les musiciens actuels se rattachent à la mouvance Raw Black. Il serait pourtant injuste de réduire la scène française à ce mouvement si particulier, qui a influencé des dizaines de compositeurs, et qui avec les années est devenu une mouvance phare de l’histoire de l’extrême national. Mais en terme de BM cru et âpre, autant dire que les années 94/97 serviront toujours de pilier pour les maniaques en noir et blanc désireux de ne garder du style que son approche la plus cruelle, underground et incorruptible. C’est ainsi qu’en découvrant le premier LP de SENTIER DES MORTS, le vent du passé a soudainement soufflé sur mes tympans déjà méchamment endommagés, sans que je puisse fermement ancrer le trio dans une terre sacrée. Déjà responsable d’une première démo l’année dernière, le groupe, enrichi du batteur Hermod depuis juillet dernier nous propose donc une mouture tout à fait personnelle de Metal noir, certes très abrupt, mais ne crachant pas sur des mélodies amères et des ambiances très travaillées. Nous sommes donc loin du minimalisme brutal de la génération antérieure, puisque Beatus Methodivo se place tout autant sous l’égide de son héritage national que de celui des scènes polonaise et norvégienne. En trente-neuf minutes, le collectif fait donc le tour de la question brutale avec un brio indéniable, multipliant les actes de bravoure, entre mysticisme très prononcé et volonté parfois progressive, pour délivrer un message de haine et de nihilisme très intelligemment dilué dans un propos technique et mélodique indéniable.
Difficile de divulguer la moindre information à leur sujet, les musiciens étant plutôt réticents à lever le voile du mystère. Sithis (basse), Nyarlathotep (guitare) et Modaïs (chant) se contentent donc de jouer leur musique, envoutante, délicieusement sombre et occulte, émaillée de nombreux breaks, à la sècheresse inhérente au style adopté, mais aux ambitions indéniables. Très capables lorsqu’il s’agit d’instaurer des ambiances étranges et pénétrantes, le groupe sous couvert d’une éthique puriste ne se bride toutefois pas et fait preuve d’une puissance que bon nombre de combos norvégiens pourraient lui envier, lorsque toutes les composantes se mettent en place. Ainsi, l’opaque et compressé « L'engeance de son Saint Egoisme » alterne les rythmes, impose des arrangements de clavier bien sentis, se concentre sur un riff concentrique qui va et vient entre l’arrière et l’avant-scène, le tout supporté par un chant évidemment écorché qui égrène ses litanies avec une belle conviction. Rien de nouveau sous le soleil noir, mais des capacités qui crèvent les yeux et les oreilles, et une facilité dans la diversité, chaque morceau apportant sa contribution cohérente à l’ensemble. Sachant rester proche des racines tout en acceptant les développements du genre depuis son explosion dans les années 90, Beatus Methodivo est un beau manifeste d’indépendance qui assume totalement ses influences, mais les restitue à sa façon. Classique jusqu’au bout de l’interprétation, ce premier LP a fière allure, et partage sa promotion entre l’Allemagne et les Pays-Bas, laissant sa distribution aux mains de The Ritual Prod pour les bataves et Obscure Abhorrence Productions pour nos amis d’outre Rhin.
« La Conjuration de NINNUAM » en ouverture place les éléments avec logique, avance sans se poser trop de questions, mais nous convainc du caractère singulier de ce groupe à cheval entre traditionalisme épuré et puissance contemporaine, avec un son un peu passé qui nous ramène des années en arrière, mais des prétentions artistiques plus élevées que la moyenne des groupes de Raw BM. Dans la plus pure logique française de progressions épiques et de symbolisme historique, « Le Conte du Chevalier de Baron » se souvient des longues litanies de BATHORY, mais aussi de la crudité des héros funestes norvégiens, avec sa batterie métronomique, ses hurlements superposés et ce riff redondant qui intervient comme un leitmotiv, alors que « Le Pharaon Noir » préfère renouer avec la crasse et les ténèbres de la scène française des mid nineties, qui cherchait alors de quoi rivaliser avec les grands frères venus du froid. Une véritable recherche sonore, des thèmes qui portent des idées fertiles, et surtout, un désir de s’affranchir d’influences trop envahissantes pour imposer son propre nom et son propre son. Et si les morceaux sont compacts et synthétiques, SENTIER DES MORTS n’hésite pas à laisser parler sa propre grandiloquence sur le final « Sombre Vestige », qui après une longue intro en forme de Dark Ambient suppurant joue la carte de la puissance la plus ouverte, avec toujours en exergue le travail d’un batteur qui connaît bien sa partition. Le chant de Modaïs, sous-mixé comme l’exige la tradition se veut hypnotique, alterne les graves et les grincements suraigus, mais la guitare, en arrière-plan travaille des motifs plus originaux que la moyenne, ce qui permet à ce premier album de se démarquer sans forcer sa nature.
Ajoutez à ceci un art consommé du contrepied et la capacité de toujours trouver une idée choc pour accoucher de titres forts (« L'intelligence du Mal »), et vous obtenez un premier chapitre digne d’intérêt, à mi-chemin de la tradition française et du défrichage historique norvégien. Une belle surprise qui mérite de se creuser une belle tombe dans la légende de l’underground.
Titres de l’album :
01. La Conjuration de NINNUAM
02. Le Conte du Chevalier de Baron
03. Le Pharaon Noir
04. Le Régne de Belial
05. L'engeance de son Saint Egoisme
06. L'intelligence du Mal
07. Northern Flames
08. Sombre Vestige
C'est clairement bon, maintenant le chant j'ai plus de mal.
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09