Généralement, les groupes norvégiens, finlandais, ou suédois versant dans l’extrême préfèrent se concentrer sur le BM, le Death, ou des formes très particulières et locales de Crust et de D-Beat. Mais heureusement pour nous, certains restent encore fidèles au Grind le plus analogique et efficace, nous évitant de répéter le même laïus à chaque chronique. C’est le cas de nos trois amis du jour, les MAKKMAT qui ne s’embarrassent pas de principes et qui foncent dans le tas sans réfléchir aux conséquences de leurs actes. Prosaïquement, les MAKKMAT en sont arrivés là parce que tous leurs groupes précédents ont splitté, et qu’ils n’avaient pas forcément envie de jouer du Blackened Death ou du Metal. Alors Grind, et pas qu’un peu. Se définissant comme de gros punks, ils ont évité la case démo pour directement passer par l’étape EP, bien que le dit EP soit en fait constitué de leurs démos. Tout ça est logique sans l’être, et pourrait ne rester qu’une anecdote, sauf que les larrons en question ont fait masteriser leur machin par l’insomniaque et omnipotent Brad Boatright à l’Audiosiege, et qu’ils nous balancent une grosse douzaine de décharges sonores aussi électriques qu’elles ne sont joyeuses. Sans tourner autour du pot, Beina Brenner n’est qu’une pure agression des sens, le genre de choc que seuls les anglais savaient produire au début, mais qui depuis a trouvé un écho certain dans les esprits malades des finlandais et norvégiens. Le résultat n’est rien de moins qu’une gigantesque calotte d’un quart d’heure, qui ressuscite l’esprit originel du style, en y apportant sa touche, et en prônant la furie comme valeur majeure.
Mais de fait, et par extension, chroniquer un EP de Grind qui dure un quart d’heure n’est pas chose facile même en commençant à l’heure. Puisque les rythmiques sont atomiques, que les blasts sont prolifiques, que la dualité vocale goret/grizzly est manifeste, que les riffs empestent la vengeance de peste, tout est dit ou presque, sauf que cette œuvre dégage une euphorie toute particulière. Bons musiciens, les trois marsouins qui définissent leur nom de baptême comme « le bruit que font deux morceaux de chair humaine pourris frappés l’un contre l’autre » ne versent pas pour autant dans le Goregrind, et ne refusent pas totalement quelques attaques plus D-beat que la moyenne, bien que leur musique ressemble fortement au barouf produit par la scène Crust suédoise. On y trouve donc des passages méchamment efficaces en up tempo, des accélérations de bargeots, et surtout une ambiance globale assez joviale, qui permet de ne pas trop se prendre au sérieux. Mais c’est éminemment professionnel, joué par des amoureux du genre qui n’ont pas encore donné le moindre concert, mais qui vont bientôt tout casser dans leur pays et à côté. Leurs propres morceaux sont du genre bien costaud, et comme en sus les zigues nous gratifient de deux reprises pas piquées des vers (« Drop Dead » de SIEGE, « Protest and Survive » de DISCHARGE), le menu est copieux, ludique, nerveux, et hautement jouissif.
Doté d’un son qui bien sûr respecte les dogmes de sècheresse inhérents au genre, Beina Brenner est le genre de truc viscéral qu’on se cogne pour se défouler, mais qui répond à des exigences de musicalité. Pas de foutoir donc ni de simple excuse à une pauvreté technique manifeste, et surtout, du gras, une distorsion qui tâche, une atmosphère un peu sombre même dans les moments les plus guillerets, et une propension à aménager des transitions fluides qui ne cassent pas la dynamique. Un petit EP qui permet pendant un quart d’heure de se souvenir que le Grind peut être l’un des sous-genre les plus jouissifs de l’extrême, et que les pays nordiques savent en manier les codes avec flair et intelligence. Certes, pas d’épiphanie à attendre, pas de révélation sur le chemin de Birmingham, mais largement de quoi étancher votre soif de violence musicale paillarde, et la découverte d’un nouveau groupe qui pourrait faire office de leader en son pays. Un mix intelligent entre les mouvances Hardcore de l’Europe du Nord, les tendances à la précipitation anglaises, et une attitude bravache et Punk qui ne déplaira pas à tous les vilains bordéliques qui sommeillent en vous. Et comme en plus, les titres n’atteignent jamais les deux minutes, que ces trois tarés parviennent à densifier encore plus la lourdeur des DISCHARGE sans manquer de respect à leur répertoire, qu’ils semblent prendre un véritable plaisir à nous casser les oreilles (ce que Brad a très bien compris en enrobant leur son dans un glaçage bien épais), et qu’ils ont tout enregistré dans la foulée (mais merci au mixage de Ruben Willem) pour garder l’éthique en vie, on ne peut que saluer les MAKKMAT pour nous offrir un tel défouloir de colère qui n’en est pas pour autant méchant. Positive Grind ? Oui, ça peut se concevoir.
Titres de l'album :
1.Sjeikelandet
2.Kommentarfelt-Kommando
3.Korinterbrevet
4.Barnevernet
5.Kvesta
6.Drop Dead
7.Mustafa-Brevet
8.Landeplage
9.Burning Cop
10.Heil Brundtland
11.Spräckta Snutskallar
12.Protest And Survive
13.Blind Vold I G-Moll
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30