Le monde a la gueule de bois ce matin. Enfin, une partie du monde, celle dans laquelle j’évolue, et vous aussi j’espère. L’orangé multi-presque-condamné a retrouvé son trône, et les dictateurs laissent éclater leur joie. A peu près quarante pour cent des américains ont du mal à le croire, mais le pantin Trump redevient président des Etats-Unis. Mais après tout, quoi de plus normal ? Ne vaut-il mieux pas élire un misogyne-agresseur sexuel-raciste-affairiste mais blanc, plutôt qu’une démocrate afro-américaine ? Une femme noire à l’investiture suprême ? Vous n’êtes pas sérieux…

Si, malheureusement, mais le vote a rendu son verdict, et l’histoire se répète. Bonjour l’élitisme et la xénophobie, et au-revoir les droits des femmes, de la communauté LGBTQIA+, et des couches sociales intermédiaires. Alors, sincèrement, comment réagir à cette nouvelle ? Se résigner, se cacher, avoir honte ou dénoncer bien au chaud ? Non, une seule solution s’impose en attendant plus actif. Le deuxième album de ZERO SURVIVE.      

ZERO SURVIVE c’est ce qui va bientôt nous arriver à force de fermer les yeux et d’attendre des jours meilleurs. Aucun survivant, et la nature reprend ses droits. L’agro-alimentaire, le lobby des armes, les labos pharmaceutiques et les complexes pétroliers n’ont cure de l’avenir de cette planète pour peu qu’ils continuent de toucher de substantiels dividendes. Ainsi va la vie sous le régime libéral et le capitalisme à outrance.

Fuck it all.

Après avoir vu BENIGHTED vendredi, je me suis dit benoitement que la semaine suivante allait être calme. Je me suis visiblement trompé, puisque le Grind de ces originaires de Boston, Massachusetts est aussi intense que le Death de notre ami Julien Truchan. Aussi épais, aussi rapide, aussi méchant, mais plus concerné socialement. Directement adressé aux fans d’INSECT WARFARE, de NAPALM DEATH ou SUFFOCATION, ZERO SURVIVE (Shaun Andruk - guitare/chant, John Gillis - batterie, Jake Rainis - basse/chant et Kyle Wilkins - chant) est une machine de guerre fabriquée à partir de pièces venant des chars BRAIN FAMINE, STAGNATER, et HALLUCIVORE, qui pulvérise à peu près tout sur son passage.

Une mécanique très bien huilée, et qui profite d‘un batteur inépuisable pour nous refourguer des missiles courte portée, qui causent des dégâts irréversibles sur le cerveau. Tout ce dont nous avons besoin pour nous changer les idées, et un exutoire fabuleux à cette rage intérieure qui brule comme de la lave.

La tentation de résumer l’affaire à un fruité « bla-bla-mouthe-groiiiink » était forte, mais je suis passé outre mes sentiments exacerbés pour consacrer quelques lignes de plus à ce deuxième album en tout point réussi. Avec trois sagouins derrière le micro, une guitare qui se prend pour une turbine ou une VMC défectueuse, et une caisse claire aussi maltraitée que la sécurité sociale, Besmirch est fantastique, exotique, brutal et viscéral. Toutes les raisons pour lesquelles nous aimons tant le Grind sont réunies ici, sous la même bannière. Et à la rigueur, cet album pourrait être envisagé comme un best-of avec absolument aucun bonus gratuit.

Sec, nerveux, autoritaire et graveleux, ZERO SURVIVE prône le juste milieu, mais ne peut pas non plus s’empêcher de nous gifler d’un ou deux cris de goret, ou de plaquer des passages Death bien lourds et méchants. Les options sont donc clairement définies, et le résultat est fulgurant. La descente d’organe de mamie gâteau trouve ici son illustration sonore la plus fidèle, et les remugles s’accumulent dans les poumons. Alors sortez-moi tout ça d’une bonne toux, et crachez-le à la gueule de la classe politique de cancres et de faux jetons.

Comme si tout ça ne suffisait pas, Besmirch se termine sur une relecture très fidèle d’un 45-tours d’INSECT WARFARE, qui connut son petit effet dans les classements. Nous sommes donc entre gens de bon goût, et de bon dégoût. Les égouts vont bientôt déborder de nos dernières illusions, alors pissons comme les chiens pour marquer le peu de territoire qui nous reste.

C’est toujours ça de pris.

Titres de l’album :                                              

01. Guilt Lottery

02. Rust Colored Skewer

03. Immemorial Litany

04. Crowd Around The Nithing Pole

05. Uneven Disbursement Into The Holy Urn

06. Both Tyrant And Judge

07. Wax Spider

08. Mice Inside The Furnace

09. Trust Amongst Traitors

10. Divinity From An Insufficient Blessing

11. Quota Ransom

12. Hollow Cyclopean Eye

13. Fulcrums Which Dismantle Gravity

14. Nomenclature Of Disposable Anatomy

15. Perfection Easily Smudged

16. Lobotomized (INSECT WARFARE cover)

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