Imaginons que vous aimiez le Grind et l’Allemagne. Oui, je sais, mon hypothèse est un peu tirée par les cheveux, mais si d’aventure vous y répondiez par l’affirmative, alors je serais en droit de vous proposer un EP fait pour vous, paru il y a quelques mois.
Pour ça, direction Berlin, histoire de faire la connaissance d’une bande de malades du bruit, qui depuis août 2012 triment sans relâche pour développer un hybride de Grind et de Powerviolence vraiment velu.
Les EQUES sont beaucoup plus fins qu’il n’y paraît, même si leur musique s’enfonce à chaque seconde dans un marigot de violence sourde et brutale.
Les gus sont quatre (Danny – basse, Lasse – guitare, Philipp – batterie et Chris – chant et vociférations), ont déjà publié une démo et un EP éponyme, et ont donc lâché en cette funeste année 2016 un joli pamphlet extrême enveloppé dans une pochette aussi menaçante que sobre.
Quel est donc ce chien que les Berlinois veulent nous faire affronter ? Un molosse à la bave bien coulée ? Un petit roquet qui aboie avant de détaler ? Ou un gentil poilu un peu pataud qui n’a d’autre envie que celle de jouer ?
La première option semble être la bonne, quoique le quadrupède n’est pas foncièrement mauvais à cent pour cent, et qu’il affectionne les parties de balle et de cache-cache dans les fourrés. Le canidé à l’art du coup de folie bien placé, et n’hésite pas à ramper avant de partir dans des embardées, et semble même parfois tourner sur lui-même pour se bouffer la queue, sans avoir l’air ridicule pour autant.
Ses maîtres ne l’ont pas vraiment bien dressé, et il a totale liberté pour gambader, jusqu’au moment où la laisse l’étrangle un peu et qu’il fasse du sur place en jappant à la mort.
Si les EQUES n’hésitent pas et foudroient l’auditeur de blasts qui nous brisent l’échine, ils savent aussi lâcher du lest sans pour autant verser dans la tendresse. Ce troisième témoignage de leurs méthodes et visiblement très ambivalent et complètement fou, à l’instar de cette démonstration de démence « Magnum Justice », qui évoque tout autant le Powerviolence un peu chafouin que le Grind assez malsain.
Valse rythmique pour une adaptation jusque-boutiste d’un Thrashcore trop trempé dans l’acide, ce Beware of The Dog n’est rien de moins qu’une succession de plans qui s’imbriquent à une vitesse hallucinante, un peu comme si les FULL OF HELL se tapaient un bataille sur la table en jetant les cartes à la face d’un CHIENS hilare.
C’est sombre, un peu glauque parfois, mais très inventif dans le refus de la stabilité et des conventions. Brutal et dérangeant dans son alternance de caresses et de grosses claques, cet EP est un condensé de véhémence débridée qui ne se fixe jamais sur un point de vue et qui apporte un gros vent de folie dans un univers convenu.
Un peu comme si le chien en question vous léchait la main avant de vous la mordre, pour finalement piquer sa crise dans les bosquets de fleurs pour les réduire à néant.
Démonstration ?
Enchaînez le terrifiant « P.O.D » qui fait passer les AGATHOCLES pour de gentils dresseurs du dimanche et « Void » qui se répand en stridences et autres agacements de feedback pesants, avant de partir en vrille sur un numéro d’hystérie collective. La rythmique schizophrène abonde les plans acrobatiques avant d’imposer une pesanteur moite, la voix se dédouble, triple ses efforts, tandis que les guitares restent fixées sur un thème noir et fort, comme un expresso du matin un peu trop corsé.
Mais l’intro « Beware of The Dog » explique déjà tout avant d’aller plus en avant, et affirme dès le départ une basse atypique qui roule et boule de ses cordes maboules, qui se permettent même de croquer les fréquences de guitare de leurs intonations sourdes.
Une pirouette constante qui ne se calme jamais et ne marque aucune absence, des allusions au Fastcore, au Hardcore, le tout enroulé dans une bonne humeur déviante, pour une bordée de titres en free-lance qui ne dépassent jamais la minute de latence.
Bouillonnant comme un Mike Patton perdu dans un festival de Powerviolence, mélodique sans vraiment le faire exprès (« Fisherman »), grondant comme un combo de Grind qui court après le préposé au courrier (« ACAB », là quand même, ça va loin dans les hurlements et autres constructions de petits malins), et finalement totalement libre une fois que le collier est desserré (« TV-Zombie », ou comment conclure en aidant le vétérinaire à forcer les propriétaires à piquer le molosse dézingué).
En somme, un bon quart d’heure de jeu dans une prairie perdue, en compagnie d’un clébard fondu, qui finit par bouffer la balle avant de la restituer par le trou sur une pelouse pas vraiment bien tondue.
J’aime quand le Powerviolence atteint ce degré d’immaturité et refuse les conventions trop bien ciblées.
Et puis, un peu de bave et de caca sur les mains n’a jamais tué personne.
Mais méfiance, ce chien est vraiment vilain. Plus pitbull mal réveillé le matin que Rintintin.
Titres de l'album:
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