Je pense que c’est le titre « Destruction » qui a mis le feu à ma poudre. Je me suis dit, « Ils auront attendu plus de quarante ans pour sortir un titre sur leur propre nom, ça doit surement cacher quelque chose ». En effet, telle astuce n’est pas sans fondement, ni sans justification. Un appel aux armes ? Un bilan ? Une lettre d’amour adressée à un public fidèle depuis des décennies ? Tout ça, et plus encore, mais plus prosaïquement, un putain de titre d’ouverture pour la campagne live à venir. L’hymne qui va mettre tout le monde à genoux en quelques secondes, et un remerciement sincère du groupe à sa fanbase. Dont j’ai fait partie il y a très longtemps, avant que l’uniformisation du son ne m’éloigne de l’usine allemande.
Mais le temps passe, et les jugements se révisent d’eux-mêmes. Et « Destruction » a balayé mes réticences comme un Dyson réglé pleine bourre.
Le message « We are DESTRUCTION » nous unit à nos fans du monde entier. Je considère ce morceau comme s’inscrivant dans la tradition d’une chanson culte comme « Curse the Gods » dans la façon dont il est composé, une sorte de tour de montagnes russes Thrash!
C’est Marcel lui-même qui parle, et l’imposant bassiste/chanteur sait ce qu’il dit. En se reposant sur le même line-up qui avait accouché de Diabolical en 2022, le tempétueux leader n’a pas pris de risque, et assume cette formation comme étant l’une des meilleures depuis la création du groupe. Et au jugé de l’énergie développée par ces onze nouveaux morceaux plus reprise, on ne peut que confirmer l’osmose de ces quatre musiciens qui visiblement, se sont éclatés comme des petits fous au moment de composer et d’enregistrer.
Cette exubérance est largement palpable sur le lapidaire « No Kings – No Masters » qui dégueule du solo comme un poivrot sa 8.6 sur le parking d’un supermarché. Cette façon d’abandonner toute mesure pour rendre hommage au sous-genre le plus populaire de la seconde moitié des années 80 est joussive, et représente un exutoire parfait pour supporter les assauts incessants de la vague old-school. Du coup, peut-on considérer qu’un groupe vraiment old-school comme DESTRUCTION s’apparente à un représentant new-school ?
La question n’est pas dénuée d’intérêt, mais sera débattue hors de ces colonnes.
Enregistré au Little Creek Studio en Suisse par V.O. Pulver, avec un mixage et un mastering signés par Martin Furia au Black Mancave de Hanovre, Birth Of Malice est un concentré de rage saine et positive, et surtout un hommage personnel aux années passées sur les routes à convertir de nouveaux fidèles tout en bichonnant les ouailles. DESTRUCTION n’a pas toujours été en grande forme, a même méchamment lâché du lest dans les nineties, s’est reposé sur sa propre légende dans les années 2000/2010, mais apparaît aujourd’hui comme le garant d’un mythe qu’on prend toujours plaisir à vénérer.
Thrash moins générique, accents gouailleurs, enthousiasme de tous les diables, Birth Of Malice nous permet de retrouver partiellement le DESTRUCTION que nous avons tant aimé, celui qui pondait des incontournables comme « Mad Butcher » ou « Eternal Ban ». J’en conviens, le nouveau répertoire ne tiendra certainement pas aussi bien le test du temps, mais pour un disque estampillé 2025, son contenu reste intéressant, débridé et bien ficelé, comme un gros rôti de porc Orloff qui attend d’être dégusté. Tout le monde en prend pour son grade, la religion, la société, le capitalisme, l’avarice, l’appât du gain, les nouvelles technologies, pour un passage en revue d’une époque rongée par ses propres démons.
Musicalement parlant, nous évoluons sur un registre allant de la vitesse explosive à la lenteur moite, pour mieux rester allusif à toutes les tendances. Dans les deux cas, le quatuor (Schmier - basse/chant, Martin Furia - guitare, Randy Black - batterie et Damir Eskić - guitare) se montre sous un jour pour le moins flatteur, et même carrément séduisant lorsqu’il devient plus sournois et méchant (« A.N.G.S.T. », un genre de RAMMSTEIN organique et moins martial).
En mettant de côté des espoirs qui n’ont pas lieu d’être, ce nouvel album tient la dragée haute à la majorité de la production DESTRUCTION de ces dernières années. Evidemment, la production est standardisée, assommée par cette recherche de perfection dans les fréquences qui nivelle le tout sans le sublimer. Mais en passant outre ces systématismes qui rendent anonyme toute rythmique un peu appuyée, on apprécie cette rage qui transpire comme un serial killer en plein ouvrage, « Dealer of Death » transposant avec beaucoup d‘acuité l’état d’esprit d’un psycho on the loose.
Solide, nuancé, Birth Of Malice renoue avec l’ambiance du DESTRUCTION de la renaissance. D’ailleurs, Schmier le souligne lui-même, « Evil Never Sleeps », et le titan allemand n’a que très rarement sonné aussi diabolique depuis l’entame du nouveau siècle.
Assez proche parfois des frères d’armes de KREATOR, les mélodies un peu faciles en moins, le groupe déroule et préfère risquer le trop plein que le manque. Un peu long eu égard à son optique extrême, ce nouvel album n’en reste pas moins très digeste, même si sa seconde partie s’embourbe parfois sur des chemins de foret labourés par des sangliers (« Chains of Sorrow »). Heureusement pour nous, le groupe n’en reste pas là et lâche un dernier original entêtant et vraiment méchant, pour que « Greed » nous laisse sur un sentiment de complétude.
Et comme les bonnes surprises vont toujours par paquet de deux, le classique des classiques « Fast as a Shark » de tonton ACCEPT est passé à la moulinette Thrash pour un baroud d’honneur qui tire sur l’horreur. L’original ne donnait déjà pas dans la finesse, sa reprise encore moins, mais on déguste cet hommage comme étant l’assertion de la domination allemande sur la scène Heavy Metal des années 80.
We are DESTRUCTION. And we play Thrash Metal. Oui, ça colle.
Titres de l’album:
01. Birth of Malice
02. Destruction
03. Cyber Warfare
04. No Kings – No Masters
05. Scumbag Human Race
06. God of Gore
07. A.N.G.S.T.
08. Dealer of Death
09. Evil Never Sleeps
10. Chains of Sorrow
11. Greed
12. Fast as a Shark (ACCEPT cover)
Perso, à part leurs deux premiers albums qui sont vraiment géniaux, le reste est quelconque et prétentieux.
08/03/2025, 16:08
Tout comme Gargan, bien plus ADIPOCERE que HOLY à l'époque.HOLY étant bien trop atmo-avant-garde-mélo-musique-du-monde pour moi.Pout autant, GLOOMY GRIM et TRISTITIA ont été de très grandes révélations au mili(...)
08/03/2025, 10:09
Le catalogue était culte avec ses descriptions d'albums !!! ("la batterie va à 1000 km/h", "l'album de la maturité",...) Ma discothèque s'est constituée au début en grande partie grâce à eux.
07/03/2025, 16:48
@ Mortne2001 :J'ai maté les films que tu conseillais et que je n'avais pas encore vu (voir même entendu causer...) :- ODDITY : Mouuuais... ... ...Idée de base pas mal mais des incohérences scénaristiques qui gâche totalement t(...)
04/03/2025, 12:25
Possible qu'ils tournent, étant donné que Bobby est devenu un meme depuis quelques jours....
04/03/2025, 10:50
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