Le moins que l’on puisse dire, c’est que VENDETTA n’a pas vraiment brillé depuis son comeback de 2002. Trois albums sont déjà venus entériner ce retour quasiment inespéré par les fans, initié par un besoin de continuer une histoire s’étant arrêtée trop tôt, deux ans après la sortie du référentiel Brain Damage, pourtant méchamment démoli par la presse à l’époque. Le VENDETTA des années 2000 n’a plus grand-chose à voir avec son pendant eighties, qui entre Speed/Thrash rageur et Techno-Thrash innovateur s’était taillé une bonne place dans la légende brutale allemande. Non, Hate n’avait récolté que quelques remerciements polis, Feed the Extermination n’avait guère fait mieux, et The 5th, chroniqué en ces colonnes, n’avait éveillé qu’un petit intérêt poli au regard d’un passé remarquable.
Et je ne suis pas certain que Black as Coal fasse mieux, dans un registre prévisible au possible, quoi que subtilement plus efficace.
Depuis vingt ans, la barque est menée par le bassiste originel Klaus Ullrich, le seul à avoir traversé toutes les tempêtes. Epaulé par le chanteur Mario Vogel depuis 2002, Klaus tente par tous les moyens de ranimer la petite flamme, mais connaît des problèmes de stabilité, puisque depuis 2017, deux nouveaux venus sont venus pallier des défections.
Black as Coal présente donc un quintet renouvelé, avec l’arrivée conjointe en 2018 du batteur Dominik Bertelt et du guitariste rythmique Jan Schubert. Michael Opfermann, toujours accroché à son poste de soliste depuis Hate est donc le seul sauvé de l’épuration, et VENDETTA oppose donc une certaine fraîcheur grâce à ce remaniement, fraîcheur qui ne se manifeste pas forcément au niveau de la composition.
Je l’ai souligné à l’occasion d’une précédente chronique, pondérée et mitigée, et je reproduis mes propos ici. VENDETTA ne sort pas de mauvais albums depuis son retour à la maison, mais reste bien loin de ce qu’il a été capable de produite il y a plus de trente ans. On retrouve quelques traits familiers à l’occasion de certains morceaux, plus aventureux et fermes, à l’image du supersonique « AK-47 » qui nous permet enfin de nous ébrouer dans la joie et les poils qui volent, mais globalement, le groupe a pris du bide, et se contente d’un Heavy Thrash joyeux, proche d’un ONSLAUGHT moderne se contentant du minimum.
Pas désagréable, ce Metal à l’allemande est toutefois assez indigeste. D’autant que le groupe de Schweinfurt en Bavière a encore joué les tontons gâteau, en nous proposant un repas d’une heure montre en main, de l’apéro au dessert.
Trop long, trop facile, trop convenu, au point que certains plans se laissent anticiper avant d’être joués. Si quelques fantaisies permettent de se changer les idées et de marcher avec plus d’entrain dans cette campagne Thrash, la plupart des titres usent de ficelles trop usées et de codes trop utilisés.
Evoluant la plupart du temps au rythme d’un mid tempo se voulant guerrier, Black as Coal n’est pas vraiment le coup de grisou qu’il aimerait être, et ressemble plutôt à une explosion médium dans un boyau de mine abandonné. On atteint d’ailleurs parfois la profondeur la moins fascinante, lorsque les cinq musiciens rendent hommage à la fête de la bière de leur propre pays, sur le title-track « Black as Coal », à peu près aussi violent qu’une claque sur les fesses pour redemander une tournée pas forcément méritée.
Entre MEGADETH en version villégiature gratuite et RUNNING WILD négociant ses clous sur le marché local, VENDETTA aimerait bien nous convaincre, mais peine, fatigue et finalement lasse, la voix assez uniforme de Mario n’aidant pas vraiment à s‘attacher à des titres lambda et composés les mains dans les poches.
Certes efficace, ce nouveau répertoire sent le renfermé, et même le refourgué après recyclage. Comme une boite de raviolis qu’on retrouve dans les placards et qui sert de repas sur le pouce sans saveur, Black as Coal est un plat qui se mange froid, lorsqu’on crève de faim et qu’on a la flemme d’aller acheter de quoi préparer un vrai festin. Pourtant, la production est clean, les soli performants, la rythmique solide et stable, mais on attend désespérément le moindre petit grain de folie susceptible d’enflammer l’affaire au point de la rendre dangereuse.
On cogne parfois à la porte des convenances les plus rétrogrades et inintéressantes, lorsque résonne « Cheap Death », lieu commun arpenté des dizaines de fois, et qui laisse systématiquement une sensation de perte de goût. Plus Heavy que vraiment Thrash, mais à des lieux du génie d’un METAL CHURCH, VENDETTA se traîne, se contente de b-sides fatiguées et fatigantes, et nous perd assez rapidement, même s’il insiste lourdement.
Sauvons du naufrage le gaillard « Pallbearer », mais admettons l’uniformisation globale qui condamne les titres à se contenter d’un même riff recyclé avec plus ou (mais surtout) moins de bonheur. 2023 ne sera donc pas l’année VENDETTA, loin de là, et Black as Coal va retourner chez lui la pelle dans la main et la tronche noire de suie pour prendre une douche bien méritée et aller se coucher.
Sans aller jusqu’à recommander l’euthanasie, imposons quand même un programme strict qui reste la seule solution pour extirper les allemands de cette léthargie dans laquelle ils se complaisent depuis de longues années.
Titres de l’album:
01. Shoot To Kill
02. Stranglehold Of Terror
03. No Hands But A Gun
04. AK-47
05. Black As Coal
06. Time To Change
07. Death Means Relief
08. Cheap Death
09. Pallbearer
10. For Dear Life
11. Beast In Her Eyes
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