Que signifie aujourd’hui, en termes artistiques, le Black Metal ? Peut-on toujours y puiser l’essence du mal originel, ou bien le style s’est-il dénaturé à force de s’extirper de sa propre condition en impasse ? Le débat est lancé, et les options sont larges. Les avis sont aussi vastes qu’emprunts de certitudes, et finalement, il y a fort à parier que la problématique ne se transforme en pugilat verbal, tant les puristes s’acharneront à regretter les effluves originels, et les évolutionnistes à les railler en arguant du fait que répéter ad vitam aeternam les mêmes discours est d’une puérilité sans nom. Il n’empêche, et en occultant les paramètres inhérents au Post Black, hors contexte dans le débat, que les avancées des plus conservateurs prennent souvent l’aspect de travaux bâclés, et gravés pour la non-postérité sur des cassettes usées, aux bandes souillées par des exactions que les grands anciens eux-mêmes auraient reniées. Car si le son des origines était si pur et inaltérable, c’est tout simplement parce que les moyens étaient limités pour le genre. Certes, quelques groupes poussaient les choses à leur paroxysme en préférant capter leur son sur un matériel peu adapté, mais les IMMORTAL, MARDUK, DARKTHRONE, MAYHEM et autres garants de la légende se contentaient souvent du peu qu’on avait à leur offrir, et ne devaient compter que sur leur seul talent, et sur leur seule éthique pour atteindre l’objectif suprême, en devenant les leaders qu’ils sont toujours aujourd’hui. Alors, de BURZUM à DEATHSPELL OMEGA, le chemin fut-il si long que les dogmes en furent oubliés en route ? En écoutant le premier album du projet VEILED, la réponse est forcément négative, tant ce premier album luit d’une pénombre impénétrable, et brille d’un brouillard à couper au couteau de Varg.
La référence est osée, et pas forcément pertinente en terme de musique. En replaçant le contexte sous les bons auspices, il convient de préciser que les VEILED ne sont ni suédois, ni norvégiens, mais bien américains, mais qu’ils sont allés chercher à Stockholm l’été dernier de quoi couvrir leurs morceaux d’une épaisse couche de glace. Duo répondant auparavant au nom de GNOSIS OF THE WITCH (2013/2015, deux EP et un split), avant de se rebaptiser pour cause de changement d’orientation et de conviction, VEILED est en fait le projet de Niðafjöll (chant, guitare) qui pour l’occasion a débauché Dimman (GRA, CURSED 13, WHEN NOTHING REMAINS) pour assurer les parties de batterie, et ainsi publier ce premier album, Black Celestial Orbs, distribué dès le mois de mars par Iron Bonehead. Ce LP se veut donc officialisation du projet, après publication d’une première démo (Omniscient Veil, 2015), et concrétise enfin trois ans de travail acharné pour exposer des vues très tranchées sur un BM de tradition, qui n’a rien oublié des enseignements les plus nordiques du genre. On y retrouve donc le souffle épique des enregistrements les plus cultes des 90’s, avec ce monolithisme frisant parfois l’ascétisme, cette violence sourde et froide, et cet entêtement à s’accrocher à quelques thèmes porteurs, sans trop les gêner de quelconques arrangements superflus. Ici, c’est l’instrumental qui orne l’instrumental, et rien d’autre, même si quelques intros bénéficient d’un traitement un peu plus élaboré (« Portal » notamment, mais qui revient bien vite dans le giron de la violence la plus rigide). Inutile donc de chercher à étayer vos théories sur l’évolution, puisqu’ici, c’est le respect des codes qui est érigé en tant que principe essentiel, sans pour autant faire basculer le projet dans le bégaiement ou la redite exploitée de façon éhontée. Il est évident que les influences sont plus qu’évidentes, et trouvent racine dans les arbres morts des landes suédoises et norvégiennes d’il y a vingt ans, même si quelques parties de guitare en son clair, distillées de façon parcimonieuse, brouillent un peu les pistes (« Enshrouded », et sa longue cassure ambiante médiane qui débouche sur un retour à la case départ assez probant). De là, l’interrogation légitime du néophyte sera la suivante : les globes de Black Celestial Orbs sont-ils à même de nous propulser en arrière, et de ramener à notre mémoire les manifestations spectrales des grands défunts ? La réponse est là encore un oui massif, tant la puissance dégagée par ce premier opus impressionne de maîtrise.
Composé de six longues pistes dont un diptyque, ce LP trace sa route et évite les congères en négociant à merveilles les virages et les sorties de pistes noires. S’il n’est bien sûr pas question d’innovation, il faut souligner la portée des riffs ombragés précieusement congelés par Niðafjöll, qui a bien retenu les enseignements d’Euronymous et Jon Nödtveidt, parvenant même lors de séances de spiritisme impromptues à réconcilier leurs deux esprits antagonistes au détour d’une inspiration fatale (la thématique centrale et le riff redondant de « Omnipotent », qui une fois encore offre une diversion centrale étonnante de bifurcation). Alors, ne vous attendez pas après avoir tendu l’oreille sur « Luminous » à une longue litanie répétée jusqu’à la nausée, puisque le duo parvient toujours à casser la linéarité sans plomber la dynamique, en trouvant la petite idée idoine pour détourner votre attention d’un chemin trop bien tracé. Preuve en est donnée par les quatre premiers titres de l’album évidemment, qui sous couvert d’une logique implacable se permettent d’incruster des déviances Ambient ou progressives à une structure purement old-school, mais surtout par le gros morceau final, découpé en deux chapitres, qui prouve que les musiciens ont une carrière qui leur sert de base solide. Aidés dans leur tâche par le producteur Heljarmadr (DARK FUNERAL, GRA, CURSED 13), qui a concocté le son le plus proche du prologue historique possible (on se croirait parfois en pleine dérive d’iceberg à la DARKTHRONE, sans le mauvais goût prononcé pour l’inintelligible), les VEILED se permettent donc de citer leurs références dans le texte, tout en prenant certaines libertés leur autorisant des passages à la limite du Post Rock (« Black Celestial Orbs I », et son break aux deux-tiers superbe de surprise). De son côté, « Black Celestial Orbs II », en tant que final pas si fermé que ça, propose de suivre une suite que l’on sent à même de nous prendre à revers, en choisissant de clôturer l’aventure sur des harmonies épurées menaçantes…
Alors, que signifie donc le Black Metal aujourd’hui ? Si l’on en suit les préceptes énoncés par le duo de Pennsylvanie, il est toujours aussi exigeant en termes artistiques, et fascinant tant dans le fond que dans la forme. Il est aussi rassurant, dans sa façon de tirer sa révérence aux plus grandes figures, sans pour autant leur manquer de respect en les paraphrasant au blasphème près. Et de fait, Black Celestial Orbs est peut-être le plus innovant des albums formels que vous pourrez écouter ces prochains mois. Mais le style n’en est pas à un paradoxe près…
Titres de l'album:
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