Rappel aux premières lignes, la guerre reprend. Les anciens se souviennent de ces années sombres, durant lesquelles la scène BM française explosait sur tout le territoire, engendrant des armées de soldats fardés et misanthropes, lutant pour la suprématie d’un style se voulant puriste, authentique, belliqueux et affreusement bruyant. Aujourd’hui, ce souvenir est plus lointain, mais il persiste dans la mémoire des adorateurs des ténèbres, et risque même de revenir encore plus fort dans le cœur noirci de ceux que l’on a appelés fidèles des légions.
Les légions noires.
Les années 90 ne sont après tout pas si éloignées de nous. Cette décennie funeste gangrénée par la désillusion, l’apathie, la haine et l’envie d’un ailleurs qui n’existait pas, a produit un des boucans les plus assourdissants depuis la naissance du bébé maudit BM norvégien. Mais c’était en France que le chaos s’est installé pour de bon, se montrant sous diverses formes, démos, compilations, splits et albums. Et au milieu de cette horde encapuchonnée trônait le prince le plus maléfique du lot. Le sublime et ridicule MÜTIILATION, ses clichés, ses croyances, et son talent. Personne ne pensait que Meyhna’ch reviendrait sur le devant de la scène pour contempler l’horreur de son héritage, et nous estimions que Sorrow Galaxies était l’épitaphe rêvée pour un cauchemar éveillé, mais c’était sans compter sur la volonté de la bête de poursuivre son parcours.
MÜTIILATION revient donc à la vie une fois de plus, avec son premier cri en dix-sept ans. S’il était évident que le leader impétueux ne pouvait se contenter de prémâché ou de recyclé à la hâte, il est plaisant de constater que le musicien omnipotent s’est creusé la cervelle et les veines pour laisser couler le sang d’un Black Metal toujours aussi passéiste et rétrograde, mais toujours aussi fort et malsain. Et en découvrant la sentence « Black Metal Cult », postulat comme on n’en fait plus depuis longtemps, on comprend que la bataille va être rude, et que les blessés des tympans vont se compter par centaines.
Meyhna'ch s’est une fois encore chargé de tout, de l’écriture/composition à l’instrumentation, et son travail mérite une reconnaissance immédiate. Ne serait-ce que pour l’honneur, et pour l’horreur distillée par « Hominicide », fiel amer et corrosif déversé sur les masses chrétiennes, et toute autre forme de reconnaissance divine qui n’a plus lieu d’être depuis des siècles. La simplicité des motifs ne cache en rien la créativité mal intentionnée, et la puissance d’une production hors-norme s’échappe des carcans minimalistes des années 90, qui exigeaient des mixages rachitiques, et des grésillements permanents.
C’est donc en grandes pompes que le culte macabre continue d’officier. Sans surprise, Black Metal Cult est d’ores et déjà un massacre grandeur nature, avec en exergue une guitare mortifère et un chant exhorté de poumons certes fatigués, mais encore capable de pulser l’oxygène pour en exhaler le poison.
Ce septième album, chiffre divin s’il en est, vomit sa haine sur le Christ, sur ses congrégations aveugles, et sur ses commandements bienveillants. Le mal n’a jamais été aussi tangible, et calé sur une époque qui le déifie comme l’idole d’une société consumériste et totalement inconsciente. Sans s’éloigner de son champ d’action habituel, MÜTIILATION continue de trancher les poignets avec une efficacité redoutable, rappelant parfois un mash-up de toutes les périodes BATHORY, entre néfaste adolescent et phase adulte Viking emphatique.
« From the Plains of Ice and Death », central, impose un rythme échevelé, et sonne l’hallali des trépassés. Le retour s’est opéré avec perte et fracas, et il eut été impardonnable que la bête revienne sur le bout de ses sabots. La fonction première de MÜTIILATION a toujours été d’agir en pleine pénombre, les griffes en avant, et la musicalité en étendard. Une fois encore, la violence outrancière du propos ne cache aucunement une capacité de composition hors-normes, avec toujours ces breaks et déviances qui ont fait la richesse discographique du one-man-band le plus révéré de notre pays.
MÜTIILATION incarne donc toujours cette grimace horrible reflétée par le miroir BM nordique, mais se montre accrocheur, décadent, grandiose et effrayant. « Into the Cursed Necropolis » course poursuite Heavy Metal dans les années du cimetière des anciens partenaires (AÄKON KËËTRËH, AMAKA HAHINA, BELATHAUZER, BELKETRE, BLACK MURDER, BRENORITVREZORKRE, CHAPEL OF GHOULS, DVNAEBKRE, DZLVARV, MOËVÖT, SATANICUM TENEBRAE, SEVISS, SUSVOURTRE, TORGEIST, TORTURE, VAGEZARYAVTRE, VERMYAPRE KOMMANDO, VLAD TEPES, VOR.ULKR, VZAEURVBTRE…) bat le tambour du DARKTHRONE le plus fétide, et le défiant « The Fall of Islam » s’intéresse de près aux harmonies amères et au destin d’une religion conspuée régulièrement par les médias et les gouvernements successifs comme étant la source de tout mal.
Peu importe dans quel état d’esprit vous aborderez ce nouveau constat. Peu importe l’angle d’observation, la passion investie, le temps consacré, la conclusion reste la même. Si MÜTIILATION incarne encore aujourd’hui l’esprit originel des légions noires, c’est qu’il n’a jamais cédé, et qu’il a continué de propager son message néfaste et en même temps persuasif. Il n’est guère difficile d’anticiper les réactions à venir, celle des fans de la première heure, comme celle d’une jeunesse découvrant le BM par petites touches, et toujours friande de légendes.
Celle de Meyhna'ch est l’une des plus abjectes jamais racontées. Mais une fois encore, on ne devient pas un soldat du Diable en aidant les vieilles dames à traverser la route. Et si la créature vieillit, elle ne perd rien de sa force et de sa fougue.
MÜTIILATION revient. Ces deux mots devraient suffire à lâcher la pluie acide sur votre journée. Votre semaine. Mois. Année.
Titres de l’album:
01. Black Metal Cult
02. Hominicide
03. From the Plains of Ice and Death
04. Into the Cursed Necropolis
05. The Fall of Islam
06. The Mirror of Disillusion
Pour ce que j'ai écouté vite fait (je vais l'acheter), c'est très différent des précédents, j'y trouve même un côté frénétique qui touche parfois à du Funeral Mist. Sinon je ne crois pas une seconde que la batterie soit une boite à rythme, j'imagine que c'est encore le gars de DSO mais faut pas le dire c'est un secret.
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09