« ETERNAL MAJESTY a toujours été dans la spontanéité. On joue quand on a envie de jouer. On n’a jamais vraiment réussi à faire des morceaux sous la contrainte. On n’est pas de bons businessmen, c'est un vrai supplice que de chercher un label, de faire de la promo, de vendre des albums… c'est pas du tout notre truc. C'est peut-être pour ça qu'on est toujours restés un peu en retrait par rapport à d'autres formations de la même époque. »
J’aime cette franchise qui de toute façon, correspond bien à un état de fait. Car malgré sa naissance dans les années 90 (1995 pour être plus précis), ETERNAL MAJESTY n’a jamais versé dans la prolixité, et s’est souvent contenté d’apparitions éparses, comme pour mieux marquer le coup à chaque fois. A la rigueur, le groupe n’aura connu une carrière dite « normale » qu’entre 2000 et 2008, lorsque sa production se rapprochait de ce que l’on peut décrire comme celle d’un groupe « raisonnable ». Dans cet intervalle de temps, les parisiens ont participé à trois splits, ont publié une démo, mais surtout deux longue-durée (From War to Darkness en 2003 et Wounds of Hatred and Slavery en 2006), entrecoupés d’une poignée d’EP’s. Et depuis ce dernier moyen-format baptisé Unholy Chants of Darkness, ETERNAL MAJESTY s’est fait étonnamment discret, à tel point que quatorze ans séparent aujourd’hui leurs deuxième et troisième LP. Ce troisième LP, si critique sur un parcours, et que les fans attendaient comme un antéchrist méchamment en retard, faisant même douter de sa survie. Mais grâce à Solstice Promotion, nous sommes aujourd’hui rassurés sur son état de santé, quoique son retour soulève quelques questions. En effet, avec seulement six/sept morceaux, et une demi-heure de musique, Black Metal Excommunication a de faux-airs d’excommunication pratiquée à la hâte entre deux offices, même si son titre évoque en effet une désaffection des musiciens aux codes inhérents à la production BM moderne.
Sans placer l’enjeu sur un niveau d’exception, admettons que Sagoth (basse), Thorgon (batterie), Martyr (guitare) et Navint Alfius (chant), n’avaient d’autre objectif que de se faire plaisir, et non de rivaliser avec la concurrence ou de briguer une place respectueuse qui leur est due, au regard de leur ancienneté. Le laïus d’introduction semble appuyer cette assertion, mais la musique encore plus. Avec ce troisième chapitre de leur longue saga, les français ont simplement voulu se faire plaisir, et faire plaisir à leur fanbase, en leur offrant quelques morceaux classiques et sans prétention. Des morceaux bien construits, efficaces pas uniquement focalisés sur les techniques et la philosophie en vogue dans les nineties, et certainement pas collés à l’éthique bruitiste des Black Legions, leurs quasi contemporains. Ici, le BM est traité d’un point de vue musical, sonne parfois Heavy comme IMMORTAL, groove, mais reste méchant et suintant. La production, propre et claire permet de saisir toutes les nuances d’une basse qui sinue sur son manche, et qui laisse la guitare ronronner en arrière-plan. Point de révolution à attendre donc de ce Black Metal Excommunication, qui ne mérite pas son excommunication, et qui rentre dans le rang d’un Metal sombre mais pas diabolique, un Metal hurlé, mais parfois scandé, un Metal accrocheur aux riffs classiques, et en définitive, une version assez modérée d’un genre extrême, très ancré dans les premières années de la naissance du groupe.
Composé et enregistré en deux ans « Black Metal Excommunication est un titre qui en dit long sur notre statut dans la scène Black Metal actuelle. L'envie de faire des morceaux revient, mais à notre échelle, (encore) plus en retrait. On n’a pas changé, on déteste toujours autant la promo et on n’a pas envie de démarcher ou de faire les hommes sandwich sur scène. On mettra ça à disposition de qui voudra bien l'écouter. »
Prenons acte de ce dilettantisme, et assumons la position du groupe, qui se considère toujours comme une entité à part, humble, mais bien décidée à endosser le costume de cousin éloigné qui revient de temps à autres pour donner de ses nouvelles. Des nouvelles qui ne semblent pas fraîches depuis la dernière visite Wounds of Hatred and Slavery, mais qui finalement, rassurent sur la lucidité. ETERNAL MAJESTY n’a jamais souhaité être un leader, et n’en sera jamais un, car il n’est pas assez expérimental ni assez brutal pour passer pour une référence. Et nous avons besoin de groupes comme ça, pour nous rappeler que le Black Metal est avant tout un mode d’expression artistique, et non un barnum en chapiteau sous lequel les groupes se défient en battle à grand renfort de grimaces et de gimmicks faciles. La musique présentée ici est simple, directe, souvent Heavy et soulignée de mélodies rachitiques à la guitare qui rappellent les origines nordiques du genre. Le seul reproche à formuler envers cette réalisation est sa durée, assez ridicule au vu de l’absence prolongée des musiciens, et avec en sus une intro et une outro, le timing est ramené à celui d’un EP compact, voire d’un seul titre de Black symphonique ou progressif.
« L'Appel De Neptune / Éternelle Majesté » appuie lourdement sur cette notion de comeback avec ses neuf minutes, entame comprise, et nous propose un résumé de ce que les parisiens savent faire de mieux depuis leur émergence, ces longs morceaux à tiroirs, qui aménagent des breaks, qui retrouvent la grandiloquence du BATHORY viking, et qui n’hésitent pas à intégrer des arrangements pour sonner plus riche. Le reste oscille entre emphase dramatique, vitesse raisonnable et respect des codes, des codes que la groupe s’interdit de briser pour rester à cette place qui lui est chère : celle de l’outsider qui sort de l’ombre quand il le souhaite, et qui ne parle que lorsqu’il a quelque chose de pertinent à dire. En 2020, ETERNAL MAJESTY est sorti de son silence pour prendre la parole en musique, mais son discours est net, sans bavure, et précis. A vous de voir si cette sortie mérite votre intérêt, mais elle a au moins le mérite de ne pas déroger à l’éthique du combo.
Titres de l’album:
01. L'Appel De Neptune / Éternelle Majesté
02. Excommunication
03. Les Damnés
04. L'Aube Sanglante
05. Aux Portes Du Temple Noir
06. L'Appel De Netptune (Part. II)
Tourista, bien vu :-) Moi je dirais que c'est une décision avisée cela dit, d'autant plus que musicalement, et ça me coûte de le dire, étant un ENORME fan de Venom, mais du Vrai Venom ( Cronos, Mantas, Abaddon), Venom Inc ne propose pas grand chose d&ap(...)
03/12/2024, 13:55
Bravo pour remettre en lumière un groupe à part et spécialement la partie la plus ancienne de l'histoire de Stille Volk, largement méconnue (j'ai appris des choses). C'est en partie à cause du faible nombre d'interviews qu'ils ont pu fai(...)
02/12/2024, 20:13
"Le metalleux ne se fait pas au sans-gêne si fréquent partout ailleurs des papotages interminables aux premiers rangs"Tu m'étonnes John !!!C'est non seulement insupportable pour le public attentif, mais c'est surtout un manque de respect (...)
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Ouch ! Fini de tout lire...Je connaissais déjà quasi tout ce qui est cité ici, mais c'est toujours un plaisir de se remettre dedans boudiou !Perso, j'adore les trois biopics cités précédemment. Certes, ils ont chacun leurs lot de f(...)
30/11/2024, 08:58
Et y'a même un "à suivre" The pick of destiny et Spinal Tap seront sûrement de la(...)
27/11/2024, 09:15
8 lettres: KHOLOSPVÇa veut dire "coloscopie" en langage mec bourré en fin de soirée.
26/11/2024, 18:14
Je ne suis pas au courant.. il s'est passé quelque chose récemment avec le groupe Al Namrood?
26/11/2024, 14:44