Si je vous dis Black Mirror, vous allez immédiatement penser et à juste titre à cette fameuse série créé par Charlie Brooker, mettant en place une anthologie d’aventures se déroulant dans un multivers dominé par la technologie et les aspects les plus sombres de l’âme humaine. Vous aurez évidemment raison, puisque cette série est d’importance et a marqué l’histoire de la TV au même titre que d’autres, avant et après elle. Mais aujourd’hui, Black Mirror fait référence à une œuvre beaucoup plus modeste et au rayonnement plus limité, puisqu’elle en appelle au ressenti du DIY et de l’underground musical extrême mondial. De la belle ville brésilienne de Teresina nous parvient donc le second LP des locaux de FURIT, groupe à cheval sur les principes mais aussi sur les styles. Né à l’orée des années 2010, ce groupe sympathique jouit déjà d’une bonne réputation dans son pays d’origine et reste un modèle d’acharnement intelligent et d’opiniâtreté touchante. Né trio, avec l’ossature guitare/basse/batterie, FURIT lâcha sa première démo en 2012, en proposant trois morceaux à ses fans éventuels, “The Thunder”, “Let it Bleed” et “Between Death and Life”. Après quelques concerts, le départ du guitariste d’origine et quelques ajustements de line-up, le groupe se stabilisa et pu donner des concerts, mais aussi préparer son entrée dans la cour de grands. D’abord via une série de vidéos sur Youtube, Live at Patrese Studio, puis en composant son premier longue-durée, The Order Remains The Same en 2017. Une fois bien présents sur le marché, nos amis brésiliens purent assurer quelques premières parties, dont certaines fameuses, en ouverture de Tim Owens, KRISIUN ou TAURUS. Et c’est fort de cette expérience que les musiciens reviennent enfoncer le clou avec ce Black Mirror, qui comme son illustre référence télévisuelle, se concentre sur les rapports entre l’humanité et ses moyens de communication modernes.
Aujourd’hui composé de TK Santos (basse/chant), Ulisses Melo (guitare), Max Melo (guitare/chœurs) et Lucas Nannini (batterie), FURIT peut donc mettre à profit sa décennie d’existence pour nous offrir un second album digne de ce nom et de ses capacités. Prenant son inspiration dans les glorieuses eighties, le groupe ne se contente pas pour autant de recycler trop facilement d’anciennes idées. Le parti-pris même du combo, tergiversant entre Heavy et Thrash est loin d’être anodin, mais ce qui frappe le plus sur ce second longue-durée, c’est cette propension à se vouloir allusif à tous les sous-courants du Thrash, évitant ainsi le piège du redondant excessif ou de l’œuvre sous perfusion. On sent que des groupes historiques ont façonné le visage artistique de la formation brésilienne, mais ce désir de réactualiser un allant violent en l’éclairant d’une lumière actuelle est savoureux, sinon complètement inédit. Pour faire simple, autant dire que le groupe rappelle tout autant la vague Thrash allemande de la fin des années 80 que le mouvement de la Bay-Area, sans oublier d’épicer un peu sa musique de références sud-américaines, mais pas celles flottant dans la mare de la bestialité. C’est donc un Thrash précis et hautement saccadé qui nous est livré-là, et qui frise les sommets de l’excellence en version rapide, avec en exergue de petites perles d’agressivité comme « Divide and Conquer ». Sans vraiment bousculer l’ordre établi ou mettre en péril les cadors du renouveau comme POWER TRIP ou MUNICIPAL WASTE, les FURIT tirent méchamment bien leur épingle du Mosh, et nous offrent une partition impeccable, jouée par des instrumentistes précis et carrés. Premier écueil à affronter pour apprécier le travail, le chant très particulier de TK Santos qui se situe dans la lignée de vocalistes à part comme Sean Killian, Russ Anderson ou Robert Gonnella. Son timbre très particulier et suraigu peut surprendre, mais lorsque le tempo monte dans les tours, ses intonations possédées confèrent aux morceaux un doux parfum de folie qui n’est pas sans rappeler les miraculeux ASSASSIN ou les débuts d’EXODUS (« #deathto »).
Sous une pochette au trait assez grossier et au message pour le moins évident, se cache donc un album de Thrash très intelligent, mais surtout, très efficace. Je parlais en amont de Techno-Thrash, mais l’utilisation du terme est sujette à caution. La musique du groupe est en effet précise et pointue, mais en aucun cas les musiciens ne s’autorisent des délires baroques ou des caprices jazzy. Il convient de voir en cette référence une technique très pointue, mise au service de morceaux vraiment violents, qui ne refusent pas un brin de finesse au moment de l’exécution. Mais pas d’inquiétude, rien d’élitiste, mais plus une volonté de précision dans la violence de la même façon que les groupes de Californie ont façonné leur art il y a quelques décennies. Ce qui n’empêche nullement les FURIT de nous assommer d’une lourdeur modérée, via « Blood Fascination », nous ramenant à l’époque glorieuse des FORBIDDEN et du OVERKILL le moins Hardcore, toujours avec cette facilité dans la fluidité qui rend les plans plus digestes. Avec des frappes instinctives et opportunes, le groupe taille sa route avec flair et panache, conscient de ses possibilités, qu’il étale au grand jour sur la longue conclusion épique de « Streaming ». En plus de huit minutes, les brésiliens se souviennent de l’EXODUS de « Like Father, Like Son », et nous transportent dans la galaxie Thrash avec une aisance incroyable. Riff emphatique et concentrique, chant presque à la limite d’un Core maîtrisé, pour une longue litanie moins progressive qu’on aurait pu l’espérer, mais à la redondance effective. Un crescendo final discret permet de rattacher l’épilogue au Techno-Thrash de BELIEVER, ou DEATHROW, mais en définitive, et après un recul global, il est certain que Black Mirror, moins complexe et philosophique que son pendant en images fait partie des œuvres les plus intéressantes de la vague Thrash old-school actuelle, ne serait-ce que par ses choix multiples et sa capacité à insuffler un peu de modernité dans l’extrême du passé.
Titres de l’album :
01. Truth Game
02. Wysiati
03. Blood Fascination
04. Eternal Suffering
05. Divide and Conquer
06. #deathto
07. Deus Ex Machina
08. Streaming
Je tombe sur la chronique et ce visuel de groupe intrigant. Cette nouvelle offrande est franchement pas mal, à confirmer avec plus d'écoutes.
01/04/2025, 15:21
On en parle des groupes qui tournent en Israël ? (Comment ça, je trolle ?)Alors, pour moi [qui suis à 200% pro-ukrainien pour ce qui concerne le conflit actuel et 0% russophobe (je considère qu'il y a une différence entre la Russie et la Russie de Pout(...)
31/03/2025, 21:24
Bon...Je viens de me bouffer à peu près la première moitié de leur discographie là...Comme dirait le penseur, cela m'en touche une sans faire bouger l'autre.J'aurai essayé ma foi... ... ...
31/03/2025, 09:08
Quand je vois certains commentaires ici, on mesure à quel point la France (et pas que) est gangréné par les idiots utiles de la Russie. J'aimerais bien vous y voir si ce dégénéré de Poutine avait envahi la France : comment l'auriez-vous j(...)
31/03/2025, 08:54
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
27/03/2025, 20:46
"Poutine ne s'est pas levé un matin en se demandant ce qu'il pouvait faire ce jour-là, puis a décidé que d'envahir l'Ukraine, ce serait marrant"Ça c'est une certitude, pour Poutine l'Ukraine c'est la Russie. Po(...)
27/03/2025, 20:18
Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)
27/03/2025, 19:36
Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
27/03/2025, 16:49
Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live. La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?
27/03/2025, 15:53
Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...
27/03/2025, 10:22
27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
26/03/2025, 20:47