Vous avez le mojo ? Moi, pas trop, les jours gris nous enchaînant à l’été le plus triste depuis des années, alternant les périodes de canicule et les cieux chargés de nuages gris et humides. Heureusement pour nous, la production musicale n’est pas calée sur la météo, sinon, les albums s’enchaîneraient aussi dans la tristesse artistique la plus absolue. De quoi regarder cette corde à nœud avec l’envie de s’y balancer sans que personne ne nous retrouve. Mais fort heureusement, les groupes sortent en ce moment des albums qui valent vraiment la peine de s’accrocher au quotidien, à l’image des texans de BLACKTOP MOJO venus redresser le nôtre.
Originaires de Palestine, Texas, les BLACKTOP MOJO sont loin de nous offrir le bal des débutants. Eux ont commencé à graver sur sillons numériques ou analogiques dès 2014 et leur premier postulat I Am, qui en disait long sur l’affirmation de leur identité. Sept ans plus tard, les texans nous offrent donc un cadeau, sous la forme de douze nouveaux morceaux cachés dans un paquet éponyme à la pochette discrète. Il faut dire que ces musiciens ont toujours joué l’humilité sincère, évitant les gimmicks et les effets de manche en proposant les chansons les plus honnêtes qui soient. Une sorte de mélange entre Hard des années 70, Blues intemporel, et Alternatif de la fin des nineties, lorsque les Grunge déjà agonisant se diluait doucement dans les veines des rockeurs du nouveau siècle.
Sortir un quatrième album éponyme n’est pas chose gratuite. De ce fait, les cinq musiciens (Matt James – chant, Ryan Kiefer & Chuck Wepfer – guitare, Matt Curtis – basse et Nathan Gillis – batterie) bouclent la boucle et reviennent quelque part à leurs origines et à ce fameux I Am qui posait les jalons de leur indépendance. Pas étonnant donc que ce nouvel album sonne comme les anciens, puisque BLACKTOP MOJO n’a toujours joué qu’une seule musique : la sienne, celle qui vient de l’âme et les tripes, et qui cite LYNYRD SKYNYRD, les GRAVEYARD, SOUNDGARDEN, BLACK CROWES, BLACKSTONE CHERRY, mais sous un angle plus moderne et moins cacheté. De là, difficile de ne pas apprécier cette tranche de vie savoureuse, simple comme du beurre étalé sur du pain, mais sophistiquée dans la production et up in time dans l’attitude.
Produit par Phil Mosley, enregistré à Nashville et à Palestine, ce quatrième album peut être considéré comme la déclaration d’intention la plus ferme du groupe. A cheval entre l’authenticité des pionniers seventies et des séducteurs eighties (les mélodies et les refrains ne sont pas sans rappeler parfois l’illustre BON JOVI, aussi étrange que ça puisse paraître dans ce contexte), Blacktop Mojo est donc pluriel dans la forme, et offre des tubes qu’on se prend à fredonner sous la douche comme le souple « Rewind » qui donne effectivement envie de rembobiner la cassette du temps.
Délicatesse acoustique, et toujours cette voix, superbe, gorgée de feeling de Matt James, de ces chanteurs/narrateurs qui racontent leur quotidien, leurs traumas, leurs histoires d’amour, se dévoilant en quelques mots pour mieux se draper d’une pudeur presque Soul et Gospel. Le parfum du Sud, mais aussi la rudesse du Nord des Etats-Unis, un mélange unique qui permet encore une fois à ce nouvel album de s’adresser à tout le monde, et d’offrir à chacun d’entre nous.
Difficile en effet de recenser tous les tubes que contient Blacktop Mojo puisqu’il ne contient que ça. Il révèle la physionomie d’un groupe polymorphe, capable d’enflammer un stade de festival ou un petit bar local, et de s’adresser à une foule immense comme à une poignée de fidèles. Avec en signe avant-coureur, ce single fatal et immédiat, « Wicked Woman », qui de son titre nous renvoie au meilleur du SAB et de la vague occulte des seventies, tout en lâchant un énorme riff digne de Joe Perry, le quintet a joué les grands princes, et nous en donne immédiatement pour notre argent. On aime cette production ample et souple qui rappelle les grands vinyles de l’ancienne époque, peaufinés pour faire trembler les murs, on aime ce son de guitare rond qui n’émousse pas le tranchant des attaques, et ces chœurs qui nous rappellent le meilleur du Hard-Rock US toutes époques confondues.
Et même si les jeux de mots sont plus ou moins finauds (« Bed Tundy »), même si les interludes sont courts (« Darlin' I Won't Tell », superbes arpèges en échos cristallins), même si les ballades sont en trompe-l’œil pour mieux plaquer un énorme lick (« Darlin' I Won't Tell »), rien ne nous retient de penser à nouveau aux TESLA, à BLACKTONE CHERRY, et même au GRETA VAN FLEET le plus récent et débarrassé de ses oripeaux LED ZEP.
Dès lors, le métrage s’égrène, et une seule chose vient nous effrayer : atteindre la fin d‘un album qui redonne envie d’y croire. Car tout y passe, la violence sourde de la NOLA revue et corrigée Page/Plant (« Do It for the Money »), le Rock bluesy et subtilement jauni (« Hold Me Down »), le Rock universel strié de mélodies Pop (« Cough »), et même ces feux arrières qui s’évanouissent dans une nuit noire, après un concert homérique, lorsque tout le monde rentre à la maison pendant que le groupe charge le matos dans le van (« Tail Lights »).
Démonstration de pureté, sans artifices ni effet de manche, Blacktop Mojo EST BLACKTOP MOJO, soit l’un des albums les plus essentiels de ce maussade été 2021, soudain lumineux et porteur d’espoir. Merci à ces musiciens vrais de rester fidèles à eux-mêmes, et de nous jouer cette musique intemporelle et personnelle, malgré ses nombreux emprunts. Le ciel paraît moins gris soudainement. Quand on le regarde avec le cœur.
Titres de l’album:
01. Wicked Woman
02. Bed Tundy
03. Latex
04. Rewind
05. Jealousy
06. Make Believe
07. Darlin' I Won't Tell
08. Do It for the Money
09. Hold Me Down
10. Cough
11. Stratus Melancholia
12. Tail Lights
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