C’est comme si BLACK BREATH et NAILS avaient eu un enfant fasciné par un Powerviolence mode HM-2.
Voilà un commentaire plein de sens laissé sur le Bandcamp des canadiens de FEAR AND FILTH. La formule est accrocheuse, et surtout, vraie, précise et sans ambiguïté. J’aurais pu la détourner et la faire mienne, mais je préfère la laisser en l’état tellement elle décrit bien Blessed Be, album en noir et blanc qui ne voit pas la vie en rose.
FEAR AND FILTH vient de Nouvelle-Ecosse, province maritime du Canada, et joue un Hardcore en rangs serrés, augmenté d’une attitude Metal qui pousse les curseurs Powerviolence au maximum de leur rendement. Et pour paraphraser ce quidam à l’avis éclairé, je me fendrai d’une formule à l’emporte-pièce moi aussi. Mais j’ai vraiment envisagé Blessed Be comme un side-project d’ENFORCED, rendant hommage à la scène Death Metal nordique de l’orée des années 90. Un Death/Hardcore froid et implacable, à l’image des hivers canadiens les plus rudes.
Mark (guitare/chant), Bob (basse/chant), Myles (guitare) et Marcel (batterie) ne sont pas du genre à s’avancer sans arguments. Après quasiment dix ans d’existence, deux EP’s lâchés généreusement sur la toile, le quatuor enfonce enfin le clou avec une quasi demi-heure de Noise intense, séance de tractions interminable sur fond de gainage avec chape de plomb sur le dos.
Cette musique est âpre, sombre, violente, et floute encore un peu plus la frontière entre Hardcore et Metal. Si les préceptes viennent de la scène Core internationale, le rendu lui se veut à la limite d’un Death Metal épuré et réduit à l’essentiel. Vous devinerez donc que l’intensité que dégage ce machin est impressionnante, et qu’il est difficile de rester le cul vissé à son fauteuil en la subissant.
Strié de samples divers, animé par des textes engagés et pertinents, Blessed Be est tout sauf une bénédiction. C’est plutôt un dernier avertissement avant destruction massive, avec des haut-parleurs branchés sur la gégène, et lapidant la foule de slogans fédérateurs et autres dénonciations tout sauf gratuites.
En gros, du NAILS joué à bras le corps, le torse nu et le regard dur.
Une fois le décor planté, le panorama ne change pas. On l’imagine cité industrielle morte, jonchée de débris en souvenirs d’une période faste et qui aujourd’hui sont autant de témoins d’une misère ambiante, quelque part entre l’Angleterre de GODFLESH et la Suède de TOTALITAR. Pas de quoi se réjouir donc, ni d’aller pointer avec le sourire, les jobs ont disparu depuis longtemps, et seules persistent les allocations qu’on perçoit chaque mois pour garder l’illusion d’une vie tolérable.
Cet album en est plus qu’un. C’est le manifeste d’une ère désolée, régie par la règle du chacun pour soi avant l’apocalypse. Les guitares sonnent aussi assassines qu’un coup de poignard dans le dos, la rythmique est aussi puissante qu’une presse hydraulique lancée à plein régime dans son entreprise de destruction, et le chant, évidemment grave et graveleux hurle des injonctions qui serviront sans doute de dernière astuce avant la fin du monde.
Celle décrite par ces dix morceaux n’est pas gaie. Mais là n’est pas le propos. Entre lourdeur suffocante et vitesse conséquente, FEAR AND FILTH joue avec la peur et la pourriture pour faire passer son message, et nous bousculer de sa lucidité. Telle est la mission acceptée par le Hardcore il y a des décennies, alors qu’il n’était encore qu’un enfant bâtard de l’école Rock totalement dévoyé, mais lucide socialement et humainement.
Les enchaînements sont agressifs, et les tonalités changeantes, comme des humeurs maussades et des colères fulgurantes. Aussi violent qu’il peut l’être sans verser dans le chaos, Blessed Be est une abomination sublime, une bande-son adaptée, et finalement, quelque chose qui va au-delà du simple Hardcore/Powerviolence pour jouer carré tout en sonnant énorme.
Allez. NEUROSIS, GODFLESH, ENFORCED, NAILS, PRIMITIVE MAN, FULL OF HELL, et j’en passe pas mal pour garder le meilleur. Avec telles références, inutile de tergiverser.
Blessed Be est l’album Core du mois, et certainement l’un des plus impitoyables pour la santé mentale.
Soyez bénis.
Titres de l’album:
01. Chiral
02. Scoria
03. Storms of Desolation (Feat. Michael Bowers)
04. As Their Bones Began to Splinter
05. A Forerunner in the Mirror
06. The Better World
07. Rung Hollow
08. Blood Eagle
09. They Wept for the Mercy of Their God
10. Tithes (Feat. Heather Wilson)
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09