Un petit détour par Riga en Lettonie, pour y rencontre un jeune groupe dont le premier album sonne frais et dispo. Surfant sur la vague nostalgique qui agite la scène Néo-Thrash depuis vingt ans, ces quatre musiciens ont l’avantage de la naïveté qui prime sur l’opportunisme, et signent l’une des œuvres les plus enthousiasmantes de cette année 2024. Rien d’exceptionnel, pas de quoi faire basculer l’ordre mondial, mais largement de quoi s’y faire une belle place, sans l’aide ni le soutien de qui que ce soit.
MÖRKVARG est l’archétype de groupe qui semble anecdotique sur le papier, et qui se montre redoutablement efficace sur le terrain. Les cheveux propres et bien peignés, les t-shirts qu’on imagine neufs, un petit sourire pour le cliché, mais du métier, de l’ambition, et des capacités exploitées à plein régime. Loin de la resucée Thrash à laquelle nous avons droit de semaine en semaine, le quatuor (Dan - basse, Max - chant/guitare, Carlos - batterie, Jacques - guitare) se placerait plus volontiers en convergence d’OVERKILL et de la vague Speed des ANNIHILATOR, EXCITER et autres SCANNER. Mais si les ingrédients sont classiques, la façon de les accommoder est très personnelle.
« Battle Ready » annonce d’ailleurs la couleur. Ce morceau d’ouverture nous replonge dans la fournaise des années Noise Records, avec son tempo enlevé et ses riffs charnus. Avec une grosse bordée de chœurs guerriers et un batteur qui ne s’en laisse pas conter, la prise de contact est convaincante, et la poignée de main ferme. Doté d’un son plus qu’honnête, Blindfold n’avance donc pas à l’aveugle, et assume ses positions, tout en suivant un chemin bien tracé. Mené de front par un guitariste/chanteur convaincant, et par une section rythmique souple et polyvalente, le groupe sait aussi se reposer sur les interventions d’un soliste très porté sur la mélodie, mais tout à fait capable d’emballer les débats.
Beaucoup d’informations en un seul morceau, c’est un signe qui ne trompe pas. Une basse qui ronfle Crossover, des changements de rythme bien amenés, et une énergie contagieuse, largement de quoi convaincre les nostalgiques qui sommeillent en nous. Mais ce voyage dans le passé est largement plus intelligent que la moyenne. Loin de la réplique presque parfaite d’un tableau exposé au Thrash Hall of Fame, Blindfold est un original qui sait parfaitement doser le Heavy, le Thrash et le Metal, pour nous offrir de véritables morceaux, réfléchis, sauvages et travaillés, que l’on se prend à réécouter immédiatement juste pour le plaisir.
Et ça, c’est assez satisfaisant. Rappelant parfois les éphémères suédois d’AGONY, ou une version plus calme de HEATHEN, MÖRKVARG est déjà très professionnel dans sa démarche. Chacun reste à son poste, assume ses responsabilités, mais n’hésite jamais à proposer une petite idée qui transcende la normalité. Ainsi, les syncopes et la montée sonore de « Terror Vendor » confirment immédiatement la bonne impression, de son up tempo entraînant et entêtant. Et avec un refrain collégial, l’adhésion est unanime, et les présentations validées à un haut niveau.
Constamment sur le fil du rasoir, MÖRKVARG tient admirablement bien la corde pour ne pas déraper au premier virage. On soulignera cette pertinence dans l’agencement des idées, et la portée émotionnelle de riffs qui cherchent un peu plus loin que d’ordinaire de quoi séduire la fanbase. Très noble mais efficace, Blindfold pourrait être un album enregistré par des fans de METALLICA et de la génération d’outre-Rhin des RISK, tant ces sonorités passéistes sonnent claires, précises, et nettes. On le remarque d’autant plus que la production est très pointue, avec un grain léger, et une pureté dans les graves délicieuse. Ainsi, « Trench Devils » cavale bon train derrière la locomotive EXODUS et la chaudière OVERDOSE, fumant juste ce qu’il faut pour atteindre la bonne température.
Vous n’êtes pas sans avoir qu’un album dont tous les morceaux sont de qualité est denrée rare. C’est le cas de ce premier jet qui parvient à rester frais mais carré, et qui ose même quelques écarts plus traditionnels, avec une imitation de SKIDROW plus vraie que nature (« Meanfidelity »).
Grosse surprise, métissage raisonnable, affiliation Metal jusqu’au bout des ongles, pour un hommage rendu aux plus harmonieux des agressifs. « Wolfpack » continue sur la lancée avec un pré-chorus très malin, avant que « Hellheart » ne fasse claquer les BPM en mode New-York. OVERKILL, EXODUS, mais à la sauce lettonne, voilà qui détonne et qui m’étonne, et qui finalement se la joue très bonne. Une came de première, pour un enivrement médium, mais un plaisir maximum.
Peut-être aurait-on aimé une grosse bourre en fin de parcours, mais avec ses dents bien aiguisées, « Blindfold » est l’hymne qu’on attendait, de ceux que le BIG4 et ses proches signaient il y a quatre décennies. MÖRKVARG gagne donc franchement à être connu, et Blindfold va certainement s’incruster dans votre playlist pendant quelques semaines.
Le travail honnête est toujours récompensé. Votre intérêt et votre soutien seront le salaire de ces quatre musiciens qui n’hésitent pas à faire des heures supplémentaires.
Titres de l’album :
01. Battle Ready
02. Terror Vendor
03. Cold Fury
04. Trench Devils
05. Meanfidelity
06. Wolfpack
07. Hellheart
08. Blindfold
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