Depuis les années 80, FLOTSAM est plus ou moins connu comme étant le groupe le plus poissard de la terre. Pour la simple raison qu’un beau jour de 1987, le groupe a vu son bassiste et principal compositeur se faire la malle pour aller rejoindre METALLICA. Alors, certes, ça n’est quand même pas de bol, mais après tout, Jason Newsted n’avait participé qu’à la composition d’un seul album, le mythique Doomsday for the Deceiver, et réduire le JETSAM à son line-up le plus éphémère ne suffirait pas à expliquer pourquoi le groupe n’a jamais explosé et fait partie du second BIG4 de l’histoire du Thrash ricain. Sans oublier qu’à la suite de ce départ, le groupe a pondu tout seul comme un grand ce que je considère (et beaucoup de fans aussi) comme le chef d’œuvre de sa carrière, le Speed et mélodique No Place For Disgrace. Alors, FLOTSAM & JETSAM, groupe maudit, ou groupe inconstant ayant mangé de plein fouet la vague alternative des nineties, alors que sa carrière semblait enfin décoller ? Je pense qu’il faut arrêter de faire preuve de complaisance au moment de juger du parcours des originaires de Phoenix, et considérer leur œuvre dans son ensemble, et ce qu’elle a apporté au patrimoine musical américain. Et en voyant les choses sous cet angle, on peut estimer que leur apport est au moins aussi important que celui d’ANTHRAX, EXODUS ou même MEGADETH.
Avec près de quarante ans de carrière, le quintet mené de main de fer par le tandem Michael Gilbert (guitare) et Eric A.K. (chant), les deux seuls survivants des jeunes années, nous propose en 2021 son quatorzième longue-durée, deux ans après The End of Chaos, superbe, mais qui s’était malheureusement échoué sur les rives du silence de la pandémie de COVID. Sans pouvoir défendre correctement leur dernier-né, les texans ont accumulé une rancœur légitime, et il n’est guère étonnant dès lors que cette frustration serve de moteur à ce terrifiant Blood in the Water, l’un des albums les plus agressifs de leur carrière, sinon le plus. Animés d’une saine colère, les musiciens ont donc lâché la pression, et pondu le disque le plus ouvertement violent de leur carrière, et puisqu’il faut bien lâcher le mot, le plus…Thrash.
C'est comme The End Of Chaos sous stéroïdes, en gros. Je pense que tu vas aimer ça, mec !
C’est ainsi que Michael Gilbert avait décrit en amont la direction artistique de Blood in the Water, et force est de reconnaitre que le guitariste confiant n’exagérait pas les choses. Dès les premières mesures de la tuerie « Blood In The Water », on prend conscience que le groupe a une revanche à prendre sur le destin, une revanche fomentée ces deux dernières années et qui prend aujourd’hui des proportions à l’échelle de la castration live subie par tous les groupes empêchés de tourner en 2020. Intro gigantesque, double grosse caisse de l’illustre Ken Mary (FIFTH ANGEL, ex-KNIGHT FURY, ex-ACCEPT, ex-CHASTAIN, ex-DAVID T. CHASTAIN, ex-IMPELLITTERI, ex-James BYRD, ex-TKO, ex-STRIKE, ex-Alice COOPER, ex-GIUFFRIA, ex-HOUSE OF LORDS, ex-MAGDALLAN, ex-Randy HANSEN, ex-SOUL SHOCK REMEDY, et membre depuis trois ans) à fond les ballons), Eric A.K. très en voix, et une paire de guitaristes (avec Steve Conley en soutien depuis 2014) qui relâchent la vapeur via des licks saccadés et sombres comme un avenir qui se dessine mal. Le groupe est en grande forme, et fait preuve d’une énergie de tous les diables pour sortir enfin de sa boite et effrayer ceux qui étaient déjà prêts à les enterrer. D’ailleurs, le groupe montre bien sa détermination en nous présentant son nouveau bassiste, Bill Bodily, venu remplacer Michael Spencer après six années de bons et graves services. Et en une seule phrase pas si anodine qu’il n’y parait, Michael Gilbert prouve que FLOTSAM avait bien l’intention de durcir le ton pour s’affirmer comme une valeur sure de 2021 sur la scène extrême ;
« Ce n'est pas seulement un musicien brillant qui s'est établi dans le monde dans la scène Thrash et Death Metal… »
Et bien que Blood in the Water n’ait rien à voir avec le Death, même le plus modéré, il est évident qu’il s’accroche à l’héritage Thrash des années 80, celui-là même que F&J a contribué à déposer dans les coffres de l’histoire. La preuve, « Burn The Sky », qui défie les DEATH ANGEL, OVERKILL et tous les autres sur leur propre terrain d’intensité et de violence. Mixé et masterisé par Jacob Hansen (U.D.O., VOLBEAT, AMARANTHE, POWERWOLF), Blood in the Water dispose évidemment d’un son très up in time, et si l’on peut juger la batterie légèrement surélevée et surgonflée, inutile de préciser que les guitares sonnent haineuses, hargneuses mais fluides, et que le chant parfaitement équilibré sert de MC idéal à la diction ferme et au verbe haut. Pas tout à fait tombé dans le piège des superproductions Thrash des années 2010, le groupe a donc choisi un entre-deux qui lui va très bien, et nous bouscule d’une suite de morceaux homogènes, acceptant parfois les regards vers le passé (« Brace For Impact »).
L’intensité ne se démentant jamais, on ressent toute la colère de musiciens qui en ont assez de rester dans leur coin privés d’oxygène, alors même que la scène est leur atmosphère naturelle. Et même lorsque le tempo décroît enfin sur « The Walls », le lyrisme prend le relais grâce au chant très Geoff Tate d’Eric, qui vocalise comme jamais. Le milieu de l’album propose même un sacré voyage dans le temps, à la rencontre du fantôme du FLOTSAM des années 80, et il est plus qu’évident qu’un morceau comme « Cry For The Dead » aurait largement eu sa place sur la photo de famille No Place For Disgrace.
De là à affirmer comme certains de mes petits camarades que Blood in the Water est le meilleur album du quintet depuis 1988, il y a une frontière de raison que je me refuse à franchir. Certes, les deux albums partagent des points communs, mais pas plus que le reste de l’œuvre des texans qui ont toujours mis un point d’honneur à conférer à leur discographie une homogénéité de lignée. A l’inverse, je peux clairement affirmer que ce quatorzième chapitre de la saga FLOTSAM est le meilleur depuis les années 90, ne serait-ce que par la performance hallucinante du tentaculaire Ken Mary à la batterie (« The Wicked Hour »), ou la pression constante que le groupe met sur nos oreilles (« Too Many Lives »). Alors, groupe malchanceux le FLOTSAM ? Peut-être, mais le simple fait d’être encore là près de quarante ans après sa naissance avec un album de la trempe de Blood in the Water semble démontrer le contraire.
Titres de l’album:
01. Blood In The Water
02. Burn The Sky
03. Brace For Impact
04. A Place To Die
05. The Walls
06. Cry For The Dead
07. The Wicked Hour
08. Too Many Lives
09. Dragon
10. Reagression
11. Undone
12. 7 Seconds
Phoenix est en Arizona pas au Texas.Sinon musicalement je trouve ca très (trop?)propre mais j attend de les voir en live avec leur nouveau bassiste qui est incroyable.
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20