On ne va pas reparler de Portland, Oregon, d’autant plus que l’exemple de ce matin est assez asymptomatique de la démarche locale. D’ordinaire, émergent de cette ville des créatures musicales difformes aux intentions malfaisantes, mais aujourd’hui, c’est une bestiole assez étrange qui sort de sa tanière pour nous proposer son premier EP assez hétéroclite dans l’optique.
Fondé sur les cendres d’un très ancien combo estampillé Death des nineties, DEAD CONSPIRACY, responsable d’un premier EP en 1991 (As You Would Have Them Do), après plusieurs démos eighties (quatre à la suite entre 1987 et 1989, bonjour Questions pour un Champion), SLEEPLESS est une sorte de surprise concoctée par des musiciens se connaissant par cœur, et se reconnaissant dans l’exécution d’une musique plus précise que leurs influences ne le laissaient paraitre jusqu’à lors. Créé par Eric Dorsett et Eric Detablan, accompagnés de leur vieil ami guitariste et programmateur Kevin Hahn, SLEEPLESS nous propose donc un voyage dans le temps, très retro dans le déroulé, amis assez finaud dans le fond. Loin des références classiques des dealers old-school actuels, les trois américains sont allés piocher au fin fond du répertoire ricain de la technique brutale, citant les WATCHTOWER et leurs contemporains européens de LIFE CYCLE et VENDETTA, sans toutefois jouer avec les limites de tolérance Thrash de la sophistication.
Aucune crainte à avoir donc de devoir subir une tentative de recréation de la légende Control and Resistance, puisque malgré une palanquée de plans à rendre fiers les fans de DEATH, CYNIC et autres SADUS, les SLEEPLESS ont privilégié la préciosité efficace, et méchamment puissante. On pourrait à la rigueur concevoir le projet comme une concession entre le classicisme de CORONER et l’agression élaborée de TARGET, voire comme un petit cousin éloigné du moyen-format Concepts Of Math: Book One en version plus adolescente. Vous savez donc plus ou moins à quoi vous attendre, et malgré sa forte propension à singer les tics les plus symptomatiques de la vague Techno d’il y a trente ans (breaks à profusion, signatures rythmiques impeccables, chant lyrique), Blood Libel a gardé cette empreinte Death caractéristique de ses géniteurs.
L’analogie la plus probante serait celle comparant le trio de Portland à TOURNIQUET, notamment dans cette utilisation des effets de voix et ces mélodies plus ou moins trafiquées qui rappellent les grands moments de Psycho Surgery ou Pathogenic Ocular Dissonance. J’en veux pour preuve de cette théorie le final éponyme très bref, qui fait ressortir les comparaisons les plus flatteuses avec les méthodes de composition de Ted Kirkpatrick. Mélodies proéminentes, jeu de double grosse caisse inventif, voix atonale et grondante, les ingrédients sont là, et agréables en oreilles. Opératique juste ce qu’il faut, mais éminemment brutal, ce premier EP propose donc le meilleur des deux mondes Thrash, avec de fréquents débordements en terrain Heavy, comme le démontre le premier morceau « The Man Who Could Not Sleep ».
Car après une intro démonstrative au possible et rythmiquement hermétique, des riffs s’enchevêtrant en couches d’agression, le chant rentre en lice comme un souvenir de l’ICED EARTH le plus sauvage, alors que les patterns de batterie proposent un déséquilibre constant. L’impression est donc durable et immédiate, et la voix survole les débats, pour un rappel important des classes les plus huppées du Thrash américain de la fin des années 80.
Et alors qu’on pense le plan bien dessiné et déjà terminé à l’encre, le trio nous réserve quelques surprises plus directes, à la WATCHTOWER époque McMaster, via « Host Desecration », direct, mais précieux et harmonique. Du bon donc, du très bon, de l’excellent, du culot dans l’adaptation, et enfin autre chose qu’un succédané des cadors Thrash EXODUS, SLAYER, KREATOR et METALLICA. De quoi se rassasier en attendant une éventuelle suite au dernier EP de Ron Jarzombek et ses troupes.
Titres de l’album:
01. The Man Who Could Not Sleep
02. Host Desecration
03. Deluded Hordes
04. Blood Libel
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