Celle-là, je n’étais pas vraiment préparé à l’affronter, d’autant plus que mon dernier souvenir du groupe ne datait pas d’hier. Il datait plutôt d’avant-hier, puisque le dernier album en date des TRYTAN remonte à la belle année 1990, la pénultième année de domination du Hard-Rock sur les charts américains. Fondé en 1979, le groupe a pris son temps pour s‘imposer dans l’underground, et encore, dans l’underground des milieux spécialisés, ceux plus volontiers concernés par ce qu’on appelait à l’époque le White Metal. Car oui, ces trois musiciens de Chicago, Illinois prêchaient la bonne parole, à l’instar de leurs collègues de STRYPER, HOLY SOLDIER, BLOODGOOD, ANGELICA, RANSOM, TOURNIQUET, VENGEANCE RISING, et une poignée d’autres très actifs sur des labels confidentiels ou sur des majors, selon leur réputation commerciale. La défiance naturelle envers le White Metal était alors conditionnée par la dichotomie affichée par ces groupes, agitant le drapeau du Metal alors réservé aux blasphémateurs et autres hédonistes forcenés, alors même que leurs textes prônaient l’abstinence, la foi aveugle, et divers commandements de la bible, qu’ils jetaient parfois lors des concerts. Et que l’on ait aimé ou pas l’approche, il convient de reconnaître que les hard-rockeurs chrétiens étaient aussi de sacrés musiciens et des compositeurs capables. Ainsi, TRYTAN se présentait en 1987 avec le très logique Celestial Messenger, avant d’enfoncer le clou sur Sylentiger, leur effort le plus connu à ce jour.
Reformé en 2001 pour des live et compilations, le combo a alors encore une fois laissé le temps à Dieu de se pencher sur son sort, avant de revenir par la petite porte des respectables Retrospect records pour nous offrir avec un peu de retard son troisième album. Toujours drivé par le membre fondateur du groupe, Larry Dean, guitariste au toucher incroyable et chanteur capable, TRYTAN affiche aujourd’hui un véritable line-up de compétition, avec à la section rythmique deux noms bien connus des amateurs. Nous retrouvons donc Eric Gillette (NEAL MORSE BAND) à la batterie, aux claviers et à la production, et Jim LeVerde à la basse, un habitué de BARREN CROSS. Une formation top-notch donc pour un album terriblement ambitieux, piétinant allègrement l’heure de jeu pour proposer soixante-dix-huit minutes de musique et pas moins de onze morceaux.
Mais trente ans après son dernier album, la question de la forme créative du trio et de son leader titillait l’imagination et la curiosité. Larry était-il encore capable de nous surprendre et de nous enthousiasmer comme il l’avait fait sur ses deux premiers efforts ? Le côté Progressif du groupe allait-il rester aussi souligné et novateur ? La réponse à toutes ces questions ne se fait guère attendre sur Blood of Kings, malgré sa pochette cliché assez laide. Car « The Descender » dénoue l’écheveau des énigmes, et nous délivre un message clair de plus de sept minutes, avec tous les arguments si caractéristiques du groupe. Pas étonnant que fut un temps, TRYTAN fut surnommé le « RUSH du White Metal », puisque entre la voix proche de Geddy Lee de Dean, et l’ambition technique des constructions rapprochent les américains des légendaires canadiens, même si la musique des premiers a toujours été plus agressive que celle de Neil, Geddy et Alex.
Cette nouvelle épitre à la gloire du seigneur a donc toutes les chances de le faire revenir sur terre. Entre cette production parfaite et légèrement passéiste, et ce jeu instrumental bluffant de dextérité, le seigneur n’a que l’embarras du choix pour justifier de sa place parmi les siens, et autant dire que le trio n’a pas lésiné au moment de lâcher les watts et les enchaînements divins. TRYTAN a toujours été réputé pour son agressivité, à contrario de nombre de ses collègues de prêche qui sombraient souvent dans la mièvrerie la moins excusable. Bien loin du STRYPER des débuts, TRYTAN a toujours mis en avant des riffs vraiment tranchants, et a toujours privilégié l’optique la plus dure du progressif des années 80. Parvenu en 2021, Larry a même franchi la limite et encore plus durci son jeu, se livrant à un festival de sextolets à laisser le bel et bouffi Yngwie pantois de jalousie. Mais la puissance n’est pas le seul atout de ce troisième album qui délivre son message par des mélodies vraiment séduisantes, symptomatiques du Hard-FM des années 80 et de l’AOR des années 90. On le remarque évidemment très rapidement, et parfois d’une façon plus insistante, sur le monumental « Blood of Kings », titre éponyme et haut-fait de l’album. Avec ses neuf minutes bien tassées, ce chapitre présente les trois musiciens dans une forme éblouissante, ridiculisant le DREAM THEATER le plus récent pur imposer sa vision des choses, culottée, mais respectueuses des codes.
Inutile de nier par contre que l’album n’est pas si facile d’accès que ça. Avec quatre morceaux d’ouverture dépassant les trente minutes, il est certain que nombre d’auditeurs potentiels se sentiront dépassés par l’enjeu et les efforts à faire. D’autant que rares sont les morceaux à passer sous la barre des six minutes, mais ne vous inquiétez pas ; les idées sont nombreuses, et le résultat tout bonnement hallucinant de savoir-faire et de génie musical. Passé l’écueil de la voix si spéciale de Larry, vous pourrez vous immerger dans cette mer de notes s’entrechoquant à une vitesse folle, et apprécier un up tempo royal comme « Monsters », huit minutes de course-poursuite contre l’inanité de la production actuelle.
TRYTAN a pourtant pris un sacré risque en jouant avec le chrono, comme s’il souhaitait excuser ses longues années d’absence. Mais s’il a fallu se passer du groupe pendant trois décennie, l’attente en valait la peine pour pouvoir apprécier une œuvre aussi riche et dense ; car même en mode mineur, le trio reste fascinant et captivant comme un pendant plus musclé du RUSH des seventies, réactualisé nineties avec une énergie folle (il est aussi possible d’évoquer une forme plus enflammée du TRIUMPH des grandes années). En onze segments, les américains nous prouvent que l’osmose entre eux a été palpable dès le départ, et avec ses compositions toutes plus élaborées les unes que les autres, et son jeu flamboyant, Larry Dean démontre qu’il n’a pas pris une ride, et qu’il est même plus enthousiaste qu’à l’époque, ce qui n’est pas le moindre des exploits. On aime cette façon de s’approprier les codes du Hard des années 80 pour les fondre dans une inspiration plus progressive (« Ricochet »), ce synthé typique du créneau qui occupe les espaces vides pour créer des ambiances prenantes (« The GodStorm »), et plus globalement, cet allant général qui prouve que le groupe n’a jamais sonné aussi jeune et alerte.
Admettre que l’album le plus excitant de ce mois-ci est l’œuvre de musiciens de White Metal sera difficile à reconnaître pour certains. Et c’est pourtant le cas, puisque Blood of Kings se montre plus aventureux que la plupart des sorties actuelles, quel que soit l’angle que vous adoptiez pour l’aborder. Complexe mais mélodique, ambitieux mais humble devant le seigneur, TRYTAN n’a non seulement rien perdu de son audace, mais est même devenu encore plus téméraire avec le temps.
Titres de l’album:
01. The Descender
02. A Million Hearts
03. Blood of Kings
04. Monsters
05. Last Night in Dubai
06. Ricochet
07. Centrifuge
08. Shadow Racer
09. Yesterday
10. The GodStorm
11. Revelation Song
Excellente chronique que je me suis empressé de partager. Je te conseille tout de même de te plonger dans les albums sortis depuis 2015 (en débutant donc par Hammer of The Witches). Tu remarqueras certainement que le groupe est véritablement sur une tr&egrav(...)
07/04/2025, 22:35
Juste regardé la dernière, il s'agit de la fameuse grotte aux cristaux géants (qui ne peut hélas être visitée..).
07/04/2025, 13:00
1 - Géorgie (le pays, pas l'état US)2 - Lozère3 - Kentucky4 - Belize5 - Belize6 - Mexique (état de Chihuahua)Voila voila. Une chasse au trésor ?
07/04/2025, 09:53
Et évidemment que les élections sont suspendues en temps de guerre, ça me semble logique.Genre il va organiser des élections avec une partie du territoire sous occupations lol, il y a plus urgent.
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Mouais défendre l'impérialisme russe, aucun pays qui en était occupé ne regrette ce temps.et les arguments types les accords des minsk LOL, genre la Russie en a quelque chose à foutre de ces traités.Je sais pas ça fait vraiment r&ec(...)
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@satan : tu veux dire comme ton Zelensky qui fait arrêter nombre de personnalités, interdire des partis et des médias par qu’il le considérait trop proche de la Russie? Ou parce qu'il profite de la loi martiale en vigueur en Ukraine piur ne pas organiser de n(...)
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04/04/2025, 11:34
Non honnêtement j'ai été trop gentil c'est une affiche de merde qui cherche à contenter tout le monde, est-ce qu'on peut avoir un grand festival de metal extrême ou c'est trop demander?
04/04/2025, 11:28
Mouais mais en même temps c'est un problème de la scène actuelle, tu as encore des couillons pour aller voir Iron Maiden ou Metallica, Alors ouais il y a du bon, mais tu payes majoritairement pour Trivium Dimmu Kerry King et ce genre de merdes. Il y a un temps ou sur ce t(...)
04/04/2025, 11:25