Oui, la mort trouvera toujours des porte-drapeaux, des brandisseurs d’oriflammes fatals, et surtout, des hommes haut-parleurs n’en finissant plus d’anticiper une fin qui nous attend tous, au gré d’accords sombres et de rythmiques suffocantes.
Death Metal ? Quel style porte mieux son nom que cette émanation gazeuse putride qui nous enfume les naseaux depuis la fin des années 80 ? Certes, depuis, le chemin accompli a éloigné les groupes de l’essence d’origine et la compétition devient rude entre les chantres du Brutal Death à tendance technique et les passionnés de Deathcore à rythmique unique. Mais ne prendre en compte que ces deux extensions reviendrait à masquer le flot continu de combos se vautrant la fange en putréfaction des préceptes originels, en bouchant un énorme pipeline avec un tampon hygiénique.
A l’instar du Thrash old-school, le Death old-school a encore de beaux passages vers l’au-delà devant lui, et les puristes se bousculent au portillon des Enfers, se voulant tous plus garants les uns que les autres de la flamme vacillante allumée par les créateurs.
D’ailleurs, il est maintenant officiel que les NECROT se trouvent eux aussi devant les grilles de l’afterlife réservée aux pécheurs impénitents, à patienter sagement qu’on leur attribue un numéro de pathologistes diplômés…
NECROT, c’est un trio nous venant de Californie, d’Oakland plus précisément, ville dans laquelle ces trois malfaiteurs de l’histoire underground se sont regroupés en association bruitiste dès 2011, histoire de voir si le vent charriait avec plus d’emphase l’air fétide des cadavres environnants. Luca Indrio (guitare/basse/chant), Sonny Reinhardt (guitare) et Chad Gailey (batterie), trois démos (Necrot en 2012, Into The Labyrinth en 2012 aussi et The Abyss en 2014), un premier longue durée compilant tous leurs titres disponibles (The Labyrinth, 2016) ne cherchent donc pas l’innovation à tout prix, même pas du tout, mais se replongent depuis quelques années dans la culture traditionnelle du Death barbare de l’orée des années 90 et de l’agonie des années 80, singeant aux passages le vocable de mentors comme MASTER, BOLT THROWER, AUTOPSY et autres maniaques de la simplicité instrumentale et de la puissance primale.
Ce premier longue durée « inédit », publié conjointement par Tankcrimes Records en vinyle et CD et Sentient Ruin en tape se veut donc lourd regard en arrière, louchant vers une époque pas si révolue que ça ou la bataille était encore rangée entre les tirailleurs techniques de DEATH et MORBID ANGEL et les guetteurs de tranchées nauséabondes des références précitées, bien avant que tout le monde n’uniformise le propos pour le rendre plus… « Actuel ».
Actuel, un terme qui ne colle pas vraiment à la peau décomposée de ces trois musiciens qui ne conçoivent le Death que sous son aspect le plus pur et verdâtre. Si les trois influences citées sont les plus évidentes dans leur cas, leur énorme son bien gras rappelle aussi une version pesante et moite du PESTILENCE le plus emphatique, notamment dans certaines intonations caverneuses de Luca, dont le timbre rappelle légèrement celui bien rauque de Martin Van Drunen.
PESTILENCE, MASSACRE, BOLT THROWER, MASTER, AUTOPSY, la crème du pus de l’infection qui a répandu le virus à travers le monde, des USA à l’Europe, et qui trouve aujourd’hui un écho valable dans la sauce balancée par ce Blood Offerings à la superbe pochette signée Marald Van Haasteren.
Enregistré aux Earhammer studios par Greg Wilkinson (VASTUM, GRAVES AT SEA) et masterisé par l’ultra productif Brad Boatright aux Audiosiege (NAILS, GATECREEPER), Blood Offerings est d’une haute teneur en riffs macabres et rythmique puissantes, et n’a de cesse de provoquer vos sens d’attaques régulières de breaks savamment dispensés et de mélodies anémiées, rendues encore plus rachitiques par le volume sonore accordée à une batterie qui parfois occupe tout le caveau (spécialement, dans les passages en concassage de doubles croches à la grosse caisse).
En gros (pas de détail, pour ça, voir le charcutier d’en face), un énorme disque de Death vintage comme il faut, qui ravira les nostalgiques de la barbaque puante des embaumements estampillés 88/91, et qui tout en puisant dans les ressources principales du genre se permet d’adapter quelques codes à sa personnalité.
Huit morceaux qui ne font pas dans la dentelle, et qui sonnent aussi casher qu’un cri guttural de Paul Speckmann. Une symphonie de l’outrance majeure, déclinée en chapitres presque en tous points identiques, qui parviennent à synthétiser les vagues des côtes américaines, les vents violents d’outre-Manche, et les bourrasques impitoyables d’Europe centrale en moins de quarante minutes.
L’équation est simple, et à des allures de best-of, avec sa panoplie de guitares graves comme une mine éplorée un jour d’enterrement, et une association basse/batterie privilégiant l’efficacité à la finasserie. Une digression très pertinente sur les éternels « Echoes Of Death », « Always About To Die », « Through The Eye Of Terror » ou autres « Mangled Dehumanization », pour quelques clins d’œil à la mouvance scandinave des UNLEASHED ou GRAVE et la production si particulièrement caverneuse des Sunlight Studios, sans pour autant confondre les guitares avec des taille-haies électriques.
En somme, et en définitive, un bon melting-pot de toutes les nuances possibles d’un genre qui n’a jamais particulièrement brillé par sa variété.
Mais c’est exactement ce qu’on cherche sur un disque pareil, et les NECROT ont parfaitement suivi le cahier des charges. Intro circulaires, écrasements inopinés, soli primitifs, grosse caisse qui résonne dans la crypte, alternance de vitesse et de lourdeur, pour une jolie balade en territoire Death hostile, que tout le monde connaît par cœur, mais qu’on arpente toujours avec le même plaisir coupable.
Pas de morceaux à mettre particulièrement en avant, à vous de piocher, ou d’avaler la mixture cul sec histoire d’en optimiser les effets enivrants.
Blood Offerings est le genre d’album qu’on connaît déjà avant même de l’avoir mené à son terme, mais dont la magie morbide opère dès les premières minutes. Mais n’est-ce pas le principe de toute entreprise old-school ? Alors jouez le, et imaginez-vous dans un vieux cimetière un dimanche matin, jour de deuil. Ou dans la morgue d’un vieil hôpital désaffecté, encore encombré des odeurs malsaines des corps en déliquescence.
Vous verrez, ça fonctionne, et plutôt bien. De quoi ne jamais oublier que la mort rôde autour de nous, et que ses héros d’hier sont les nouveaux disciples d’aujourd’hui.
Titres de l'album:
De mon côté j'ai toujours eu du respect pour le groupe même si ce n'est pas ma génération, je n'étais pas né quand ils se lançaient... Donc ils ne m'ont pas marqué comme ils ont pu le faire avec leurs fans de la prem(...)
22/04/2025, 17:35
Pour moi Loudblast, ce sont des suiveurs avec un bon train de retard sur ce qui se fait à chaque époque et Clearcut fait partie de cela... Bref, je ne suis pas très client de leurs albums, on m'avait chanté les louanges de Burial Ground, je me suis ennuyé..(...)
22/04/2025, 16:04
@RBD : ton dernier paragraphe est plein de vérité. Quant au pseudo DPD je préfère le laisser croire ce qu'il veut. Vu comment il écrit, il a pas dû encore sortir de l'école. J'encourage néanmoins les thr(...)
22/04/2025, 13:35
@Tourista : tu t'es trompé, la news sur les 40 ans de Loublast, c'est plus haut
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Le Metal est parfois sur le fil du rasoir de la beauferie... Voire tombe carrément dedans.
21/04/2025, 11:45
Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)
20/04/2025, 18:02
Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.
20/04/2025, 14:08
Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir).
20/04/2025, 12:45
Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)
19/04/2025, 14:36
J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)
19/04/2025, 09:13
J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?
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Jus de cadavre, je parle pas des captations audio dans un instant précis, je crois d'ailleurs que certaines œuvres sont intemporelles, mais ce qu'il reste de ces gens aujourd'hui, c'est extrêmement différent. Bien entendu qu'il faut écoute(...)
19/04/2025, 05:07
@Deathcotheque : Il y a eu confusion entre Aborted et Benighted au moment de poster la nouvelle, ellle a été éditée, mais pas complètement.Bonne nouvelle pour Kevin, après s'être fait éconduire par Archspire, il cherchait justemen(...)
18/04/2025, 12:13
"les prochaines dates de la tournée européenne serait assurée par l'ancien batteur du groupe, parti en 2024, Kevin Paradis." Vérifiez ce que vous écrivez, Kevin n'a jamais été dans Aborted.
18/04/2025, 10:35