Alors que je me gaussais il n’y a pas si longtemps de l’euphorie suscitée par le dernier GAMA BOMB, étant quasiment certain de ne plus découvrir d’effort aussi intense d’ici la fin de l’année 2020, je suis tombé tout à fait par hasard sur le second long des allemands de SLYMER, au gré des entrées de mon VK Thrash favori. Et dire que ce deuxième tome des aventures germaines est une ode à la démence et à l’hystérie est un euphémisme, dans un créneau pourtant difficile : celui du Crossover. Créé en 2013, cette entité démoniaque mais cocasse a gravi les échelons un par un, mais d’un bon pas, nous gratifiant d’abord d’une démo en 2014 (Demo Borgir, ce qui en disait déjà long sur l’esprit tongue-in-cheek de nos amis d’outre-Rhin), avant de franchir la plus importante des étapes l’année suivante en lâchant sur un monde médusé un premier LP. Slapstick Surgery de son titre en disait long sur la volonté de ces quatre allumés, et d’une philosophie simple, mais incroyablement efficace : reprendre les astuces Thrash de la décennie 80, et les agrémenter d’une surdose de puissance à la MUNICIPAL WASTE/TOXIC HOLOCAUST, tout en louchant sur l’efficience lourde d’ENFORCED. Le résultat ne s’est pas fait attendre, et aujourd’hui encore, les fans n’ont pas oublié cette calotte magistrale que fut Slapstick Surgery, attendant de leurs nouveaux héros une suite à la hauteur de l’introduction de leurs aventures.
Et c’est en autoproduction que cette suite voit le jour aujourd’hui, sous la forme de douze morceaux qui ne s’éternisent pas. Vingt-sept minutes au chrono, c’est un timing totalement Hardcore, mais en parfaite adéquation avec l’urgence dégagée par cet infernal Blood Party. Avec sa pochette rendant hommage aux séries B italiennes pompant allègrement Alien et Zombie, ce second chapitre place la barre très haute, et nous laisse nager dans les fantasmes les plus fous. Et un simple coup d’œil aux photos promo du groupe permet de piger que ce quatuor enragé (Udo Vogel - basse, Stefan - batterie, Nico - guitare, et Olli - chant) n’a pas les blagues dans son short, mais qu’il aborde le genre avec tout le sérieux qu’il mérite. En résulte un album épais, puissant, décapant, saccadé à outrance, utilisant les codes connus mais les transcendant d’une énergie époustouflante, pour nous catapulter vers les paradis Thrashcore les plus fumants. Ce qui marque au prime abord, c’est évidemment la densité des plans utilisés, qui permettent aux courts morceaux de s’incruster dans le crane comme une vieille varlope huilée. Mais si l’instrumental est aussi solide et maboule qu’un Jason Voorhees lâché dans un camp de vacances, la voix tétanisante de folie d’Olli en rajoute une couche dans le genre crise de panique que rien ne vient calmer, même pas une grosse dose de Prozac.
Ce mec est incroyable, et réussit dans un même élan vocal à unir les gosiers uniques de Paul Baloff, de Robert Gonnella et Gerre, tout en s’accrochant à ses racines Hardcore comme Harley F à un pit déchaîné. Et la combinaison guitare en feu, batterie nucléaire et chant schizophrène permet à Blood Party de massacrer la concurrence, les chansons s’enchaînant sans temps mort, avec juste ce qu’il faut de breaks mid pour ne pas vous vriller les tympans trop rapidement. Ainsi, quelques transitions plus posées mais pas plus raisonnables permettent de reprendre légèrement son souffle, tout du moins pendant quelques secondes. Ainsi, l’intro de « Dead Dog Durango » joue le Heavy, avant de dégénérer salement et de nous offrir la tuerie la plus impitoyable du marché. Mais à vrai dire, « American Angst » nous avait déjà prévenus du caractère outrancier de la formation, et « Citizen of the Year » des accointances totalement Thrashcore de ces allumés de Kiel. Pas de modération, un jet de bile en pleine face, des airs d’exorcisme pratiqué dans une vieille ferme de la campagne allemande, et des cris, des hurlements, de la joie qui fuse en blasphèmes, et finalement, une assertion qui crève les oreilles : SLYMER est bien le combo le plus excitant du moment dans le créneau pourtant surchargé du Thrash old-school. Le Crossover ne supporte pas la médiocrité, ni le manque d’investissement. Et Blood Party prouve qu’une implication totale donne lieu à des œuvres totalement irrésistibles, alignant les calottes comme une maman pas contente des notes de son fiston.
Jouant avec les calembours et autres puns, les allemands ne tombent pas dans le piège de la cocasserie exagérée ou de la pantalonnade désolante à base de blagues rances sur fond de BO pourrie, et renforcent leur approche ironique d’un sérieux musical qui fait plaisir à entendre. Mais on peine à croire qu’Olli ait pu sortir du studio avec un reste de cordes vocales tant il donne de son gosier, parfois au-delà de toute raison (ses hurlements de hyène sur « Vampire Empire » font passer le premier EXODUS pour un album acoustique de chants tyroliens), et on se demande ce que tout ça peut donner en live. Aves des segments ne dépassant que rarement les deux minutes, SLYMER a joué la concision dans la violence, et nous assène le dernier coup fatal de 2020, la concurrence n’étant pas capable selon moi de dépasser en intensité ce second album complètement fou.
Titres de l’album:
01. Intro
02. American Angst
03. Citizen of the Year
04. Whipped Witch
05. Vampire Empire
06. Behind scratched Glass
07. Blood Party
08. Phantom Pain
09. Dead Dog Durango
10. Cannibal Conscience
11. To die and drown in blood-soaked Milk
12. Hordes of Horror
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