Depuis hier, les écoliers ont repris les chemins des bancs, le sac sur le dos, et les vacances en souvenir touchant. Et depuis hier, il pleut. Il pleut, et on pourrait presque croire que cet été 2021 agonise de sa propre instabilité, au point de penser que la Toussaint n’est pas si loin, avec son cortège de gouttes, de larmes et de couronnes de fleurs. Alors, autant laisser les mélodies du soir derrière soi, autant oublier ces moments passés entre amis, une tasse de café à la main, et ces discussions sans fin. Et quoi de mieux qu’une bonne mandale Death Metal old-school pour nous rappeler que le cycle des saisons est inéluctable, et que le temps passe plus vite qu’on ne le croit ?
D’Amersfoort, Pays-Bas, nous provient l’écho d’une fin d’année que l’on pressent tout sauf tranquille. Talibans de retour, ouragan aux Etats-Unis, tremblements de terre, crise économique, pandémie, variant, pass sanitaire et tutti quanti, pas de quoi se réjouir de ces trompettes de Jéricho que l’on croit entendre dans le lointain. Alors, les fidèles au poste de BLOODPHEMY et leur baptême en jeu de mots se proposent d’illustrer musicalement ce marasme ambiant, à grands coups de rythmiques atomiques et de riffs morbides.
Fondé en 2000, et accusant donc une majorité de 21 ans leur permettant de boire à Los Angeles ou New-York, le concept BLOODPHEMY n’a que très rarement dévié de son crédo de départ. Jouer un Death Metal d’obédience nineties, avec des influences que l’on peut renifler à dix mètres comme la sueur d’un sale mioche qui sort du cours d’EPS. Depuis leur introduction via Section 8 en 2002, les hollandais n’ont eu de cesse de prôner des valeurs rétrogrades à souhait, combinant le renouveau de la vague suédoise, et l’efficacité brute des racines américaines. Résultat, leur Death s’est toujours montré hautement compétitif à défaut d’être créatif, et ce quatrième chapitre ne déroge à aucune règle.
Du bourrin, mais du bourrin qui sait se faire fin, et plus intelligent que la moyenne. Du SUFFOCATION, du GORGUTS simplifié, du MORBID ANGEL évidemment, mais aussi une côte de CANNIBAL CORPSE, et quelques prétentions de dissonances et de sifflantes pour agrémenter l’étal de la boucherie. Aussi gras qu’une couenne de jambon mais sans les poils, Blood Sacrifice bénéficie d’un traitement sonore effectif au possible, avec ces guitares tranchantes et cette section rythmique gonflée à l’hélium. Et c’est après une courte mais distrayante intro mystique que le manège se met à tourner à fond, de quoi transformer n’importe quelle attraction à sensations en trip Center Park pour retraités en villégiature de septembre.
Jouant constamment avec les ruptures et les cassures, lâchant le lest et les BPM au moment idoine, les hollandais se livrent à un exercice difficile, celui du recensement exhaustif des figures imposées du Death classique qui souhaite s’ancrer dans son époque. In Cold Blood avait déjà cimenté les fondations pour éviter les tremblements d’une tempête de répétitions, mais autant dire que Blood Sacrifice pousse la bétonneuse encore plus loin dans la cave pour qu’aucune infiltration ne soit possible. Sorte de visite guidée de la maison de John Wayne Gacy avant qu’elle ne soit rasée, ce quatrième album est un modèle d’efficacité, qui écrase la concurrence de sa confiance, et qui saura rassasier les plus difficiles de quelques soli à la CARCASS judicieusement placés (« Flock of Lambs »).
Vous l’aurez compris, le tout est aussi formel qu’un album de Death vintage peut l’être, mais aussi efficace et percutant qu’une mort qui vous attend au tournant. Entre ces accélérations en blasts qui nous rendent aussi nostalgiques qu’un Guy Lux des années 80, des harmonies sortant d’outre-tombe pour faire passer l’amertume d’un trépas violent, et ces écrasements soudains qui pulvérisent les derniers restes d’os (« Revelation », plus Heavy et syncopé tu meurs…ce qui est le but), ces petits inserts plus humbles mais encore plus vicieux de leur bestialité avouée (« Conviction »), BLOODPHEMY joue un jeu plus compliqué qu’il n’y parait, en agrémentant sa violence d’une petite touche de sophistication.
Cette touche est évidemment diffuse, pas forcément remarquable les premières écoutes, mais s’impose sur la durée, en termes de construction et d’interprétation, avec une justesse de ton incroyable, et une précision rythmique hallucinante. En faisant preuve d’objectivité, on pourra arguer que le tout reste quand même conventionnel, mais on ne pourra pas nier la plus-value apportée par un morceau aussi roublard et cruel que « Bloodborne », ou réfuter l’importance de l’épilogue « Derogated Salvation », quintessence du Death brutal qui se refuse à sombrer dans le Brutal Death.
La voix d’Olivier van der Kruijf, ferme et grognon, les guitares de Bart van Wallenberg (le petit dernier) et Arjan van Dune (le moyen avant-dernier), la basse concentrique de Robin Zwiep et évidemment, la batterie volubile du seul membre d’origine Edwin Nederkoorn font de ce Blood Sacrifice un tourbillon de brutalité qui vous aspire vers des lendemains qui ne chanteront certainement pas, mais qui hurleront d’une douleur clinique. La Toussaint avant l’heure je vous disais. Et les fleurs fournies par BLOODPHEMY sont déjà fanées en plus. Tiens, la pluie s’est calmée…Quelle autre calamité nous attend ?
Titres de l’album:
01. Last Cry For Humanity
02. House of Souls
03. Pledge of Allegiance
04. Sin
05. Flock of Lambs
06. Revelation
07. Conviction
08. Bloodborne
09. In Cold Blood
10. Righteous Solitude
11. Derogated Salvation
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