Un piranha, ça fait « gnagna », et ça bouffe tout en quelques secondes. Parfois, ça vole et ça stimule l’imagination des scénaristes pour faire un film tout moisi. Mais il existe une sorte de piranha très particulier, venant du Mexique, et qui thrashe comme un malade en bouffant la morosité ambiante. Celui-là ne vous veut aucun mal, pour peu que vous aimiez ses mouvements Thrash, et souhaite au contraire vous procurer un plaisir radical, sans bouger de chez vous. Imaginez un peu la chose comme une piñata qui lorsqu’elle éclate sous vos coups de tête vomit des riffs comme une cascade éternelle, le tout sur un rythme trépidant qui fait plaisir aux enfants. C’est en tout cas comme ça que j’ai illustré mentalement l’écoute du troisième longue-durée de ce groupe de Querétaro, qui depuis 2003 fait beaucoup de boucan pour se faire entendre bien au-delà de ses frontières. Formé il y a donc dix-sept ans, ce collectif de furieux a été assemblé par deux hommes, César "Tarellevil" Tarello, guitariste/chanteur et membre ou ex de QUESTION, ZOMBIEFICATION (live), ANTIQUA, SATRAPAS et Samuel "Sammythrash" Olvera, autre guitariste chanteur et évoluant ou ayant évolué au sein de formations aussi variées que UNDENIED, WARCRUSHER, GENITAL RETROPLASIA, RAVAGER, SOULS CREMATORIUM, DEMONIZED, DOMAIN, ou SIX BEER. Après un premier EP qui se fit remarquer par l’underground en 2004 (Piraña Attack), les deux hommes furent rejoints par le batteur Fernando "Hammerfer" Nieto, avec qui ils enregistrèrent Destructive Animal Revolution. Première carte de visite qui autorisa le trio à arpenter les scènes nationales et autres, et tout ceci déboucha évidemment sur un second long, Corruption, en 2012, et qui restait jusqu’à lors le dernier témoignage en LP de la bande.
Aujourd’hui, huit ans après ce dernier LP et cinq après le EP Raw, les quatre (complété du bassiste Salvador "Chavagressor" Guerrero depuis 2015) s’en reviennent donc via le label mexicain Concreto Records nous conter fleurette sur fonds de riffs bien velus et de rythmiques bien chenues. Sans avoir changé leur recette après toutes ces années, les amis de PIRAÑA nous proposent donc une nouvelle dose de Thrahs old-school, qui mélange les influences comme un barman les fragrances, prenant un malin plaisir à diversifier les attaques avec ces huit nouveaux morceaux regroupés sous la bannière Blood Zone. Pochette vintage aux rouges suintants, musique riche pour plans qui se succèdent à grande vitesse, entrain, motivation, le bilan est bon, même si la musique est parfois un peu linéaire et aléatoire. Il faut dire qu’avec un batteur de la trempe de Fernando "Hammerfer" Nieto, pas de place pour un mid tempo trop régulier, et le musicien prouve sa dextérité à chaque occasion, nous bombardant de descentes de toms à une vitesse hallucinante, comme le démontre l’intro démoniaque de « Under Heavy Fire ». Combinant la franchise Thrash des eighties et la précision brutale du Death des années 90 (on a parfois le sentiment d‘entendre le DEATH de fin de carrière en moins pointu techniquement), tout en restant dans des balises bien précises, le groupe charcle sans se poser trop de questions, ce qui d’ailleurs n’est pas sans présenter quelques problèmes amusants.
En témoigne le premier morceau, « Going Down », qui change de rythme comme un politicien de bord, et qui alterne les BPM de façon assez erratique, sans vrai lien entre les idées. C’est assez surprenant dans les faits, et troublant dans l’écoute, à tel point qu’on se croirait revenu à l’âge d’or du Thrashcore, lorsque les punks jouaient un peu comme ils le sentaient, pour peu que ça joue le plus vite possible. Mais heureusement pour nous, après dix-sept ans de carrière, les PIRAÑA ne sont plus de jeunes chiens fous, et savent à peu près ce qu’ils veulent, même si leur inspiration est souvent assez étrange. Au milieu de cette déferlante de Thrash pur jus, on décèle quelques riffs plus formels et Heavy, mais aussi des accès de colère plus Hardcore, avec en exergue le furieux « Cráneos ». Bien joué, assez carré, peu original mais entraînant, le Thrash des mexicains est légèrement underground sur les bords, et compense son manque de culot par une énergie sans failles, et des tempi qui galopent, des riffs qui tranchent les escalopes, et des morceaux qui rappellent le meilleur de la scène série B allemande des années 80 (« Traitor »). C’est évidemment à peu près aussi original qu’une interview de Mille Petrozza, aussi déstabilisant qu’un concert de SLAYER, mais le principal, c’est que les pellicules tombent, ce qu’elles ne manquent pas de faire au rythme des BPM de « Gravedancer ». Sympathique à défaut d’être novateur ou essentiel, PIRAÑA sait se montrer raisonnable et laisser l’auditeur en paix quand il le faut, arrêtant le timing de ce troisième album à la demi-heure pile. C’est largement suffisant, les huit titres à la basse claquante (« Rebelión ») offrant un spectre de genres suffisant pour jauger du potentiel des musiciens, et en oscillant constamment entre Thrash à la ricaine et crossover à la sud-américaine, le quatuor assaisonne sa viande d’une bonne couche d’épices, et rappelle parfois les RATOS DE PORAO.
Rien de fondamental, de la nostalgie épileptique, mais de quoi assurer la transition entre deux sorties plus béton. Ce qui n’est déjà pas mal, mais attention pour la suite à ne pas répéter ad vitam aeternam les mêmes saltos arrière déjà applaudis des centaines de fois.
Titres de l’album:
01. Going Down
02. Traitor
03. Gravedancer
04. Doomed
05. Under Heavy Fire
06. Cráneos
07. The Hive
08. Rebelión
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@DPD: que METALLLICA n'apporte plus rien à la scène depuis 30 ans, je pense que ça fait plus ou moins consensus. Mais je ne vois pas ce que LORNA SHORE apporte non plus.Ceci étant dit, qu'est-ce qu'un "jeune" de la scène. Moins de 40(...)
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