Il y a violence et violence. La violence bête et méchante, qui détourne l’essence de son but pour tout détruire, mais qui finalement, passe comme un typhon inoffensif, et ne fait aucun dégât. Et puis il y a la vraie violence. Condensée, réfléchie, parvenue à une maturation de destruction, et qui frappe de façon chirurgicale, ne laissant
planer aucun doute sur son efficacité.
Un peu comme un gros pain dans la gueule après dix minutes d’écoute et de fausse compréhension, avant que la véritable nature ne reprenne ses droits. Vous savez, ce genre de non-baston, avec un opposant calme comme un glaçon, qui soudain, fatigué de vous voir gesticuler et vitupérer vous en colle une bonne dans la face, vous mettant KO pour le compte.
Ce genre de violence directe et percutante, j’aime. Et ce matin, un exemple m’en a été donné par un quintette Belge sûr de son fait. Oui, des Belges, des gens d’ordinaire très calmes et chaleureux, qui lorsqu’ils se mettent en colère ne font pas semblant d’être belliqueux.
Cet exemple, c’est le second album des méchamment remontés INDEMNITY, qui s’ils vous flanquent une rouste, vous feront passer l’envie de leur en réclamer.
Il faut dire que les mecs sont rodés. Leur émergence ne date pas d’hier, et ils ont eu le temps de peaufiner leurs plans depuis leur création il y a une douzaine d’années. Ils ont vu défiler pas mal de petites frappes dans leurs rangs, avant de se stabiliser autour d’une équipe solide et soudée (Matthias Debaets – batterie, Matthias De Boitselier – lead et chœurs, Tomas Herremans – rythmique et chœurs, Arne Daelman – chant et Ken Koeckelberghs – chant/basse), ce qui leur a permis d’enregistrer une poignée de démos aux intitulés sans équivoque (The Beauty of Violence en 2006, Violent Opposition Threath en 2008) et un premier LP il y a quatre ans (The World Is Beautiful for Those Who Live in Another One, pas faux).
Depuis 2013, l’histoire est en marche, et nous retrouvons nos cinq chevaliers de la rue en pleine forme sur ce second album qui ne trahit en rien leur philosophie, baptisé d’un très à-propos Bloody Minded Bullet Headed. Niveau définition de l’éthique, les amis du plat pays aiment à voir leur agression sonore comme « du Punk et D-beat sauvages, recouverts de Thrash avec une tranche de Hardcore). En gros, du…Hardcore, surboosté par un jeu puissant hérité des gloires nineties de l’algarade rythmique, pour une union temporelle entre la scène D-Beat/Crust nordique et le Core typique des New-York streets. Et croyez-moi, une fois pris en plein visage, leur barouf laisse des traces et des yeux au beurre noir.
INDEMNITY ne fait pas de quartier. Certes, leur musique est à quatre-vingt-dix pour cent constituée de Hardcore teigneux et relevé, mais quelques impulsions nous ramènent en effet en territoire Thrash, un peu comme si les NORMA JEAN taillaient le bout de gras avec une version très remontée des CHANNEL ZERO reprenant SLAYER dans le texte, et légèrement énervés par la tournure que prennent les choses. Vingt minutes à peine de concentré de haine, qui explose à chaque break, à chaque couplet, et qui incendie votre casque ou vos enceintes sans pitié. Sans avoir plus de renseignements à vous prodiguer sur l’enregistrement de ce second-né (la page Facebook du groupe, seule source fiable reste discrète à ce propos), je peux vous assurer qu’il dispose d’une production parfaitement adaptée, aux graves rebondissant et aux aigus caressant, qui assure aux guitares tout le tranchant dont elles ont besoin, tandis que le duo rythmique impose son train, sans que le chant ne se sente trop seul dans son coin. Bel équilibre de mixage donc, pour une belle osmose stylistique de sentiments antagonistes. Colère, rejet, activisme, tout y passe et avec une belle rage de conviction, pour un trait d’union entre la scène Hardcore des 80’s, celle plus Thrash et gonflée des 90’s, le tout enrobé dans une véhémence très actuelle, sans pour autant tomber dans le piège du Metalcore ou dans le plagiat D-beat usuel.
Il faut dire que nos cinq combattants ont agi très intelligemment et ont pris leur temps pour ne pas laisser traîner les choses le moment venu.
Avec des compositions qui ne dépassent que très rarement les deux minutes, et jamais les trois, des intermèdes d’une poignée de secondes (« Controlled » bourrée Thrash à la limite du Crust, comme un DISCHARGE des grands jours), et quelques interventions plus développées qui offrent des thèmes à l’arraché et groovy à souhait (« Left For Dead » et son riff d’intro gluant sur couplets brûlants), Bloody Minded Bullet Headed se pose en archétype de l’album de Hardcore métallisé moderne, sans non plus verser dans le convenu et l’attendu/entendu.
Ce qui est certain, c’est que son message l’est. De l’intro bombardée de lourdeur de « Never Hold Back » qui laisse ses guitares soudainement divaguer d’un D-beat asséné, au véritable final « What You Think » et son riff aussi Thrash qu’un staccato de Jeff Hanneman, le tour de force des INDEMNITY est d’avoir ressui à faire un état des lieux du Hardcore moderne en refusant de se laisser corrompre par ses poncifs les plus éculés.
Alors certes, les figures imposées pointent parfois le bout de leur nez, mais l’originalité d’un Crossover vraiment bien équilibré crève les yeux et les oreilles, ce qui permet à notre quintette de tenter des choses vraiment salement corsées (« You Fucking Disgust Me » et son Thrashcore à la basse claquante, « Eye Of The Storm », concentré de PANTERA, d’URSUT et de MADBALL), ou au contraire d’opter pour des slogans au groove chaloupé (« Drowning at the Gates of Fortress Europe », beat qui évolue sans cesse mais qui balance bien des fesses).
Mais le leitmotiv est clair, la violence, et rien d’autre. Ainsi, le crédo est affiché sans gêne via un « Violence has Never Done Me Wrong » qui ne laisse planer aucun doute de sa charge lourde, et l’album se termine même par une dernière attaque frontale aux blasts Thrashcore fatals (« Onward To Destruction »).
De fait, inutile de dire que les mecs vous ont pris en traitre, puisque personne ne vous croira.
Mais comme je le disais, il y a violence et violence. Celle présentée par Bloody Minded Bullet Headed associe celle de la rue, aveugle et sourde, et celle plus pensée et distillée des groupuscules anarchistes qui préparent toujours bien leurs coups.
Un mélange de blitzkrieg soudain et imprévisible et de manif’ aux slogans bien visibles. Mais il y a toujours plusieurs façons d’exprimer sa contestation. Ce que démontre fort bien ce deuxième album en forme de déclaration d’intention.
Titres de l'album:
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