Blowing Chunks

Pizzatramp

11/11/2016

Tns Records

Les mecs se plaignent, le Hardcore, le Thrash, le crossover deviennent trop sérieux, le fun d’antan manque, et après tout, ils n’ont pas tort puisque le truc était instinctif au départ, comme une sale blague qui fait rire les potes, une capote remplie d’eau et jetée d’un balcon sur un pauvre passant innocent.

Et c’est vrai. Terriblement vrai. Cette vie est suffisamment pénible pour ne pas se sentir obligé de se coltiner les prétentions artistiques de groupes qui finalement ne pissent pas plus loin que les clowns qu’ils pointent du doigt.

Et en parlant de clowns, les trois Pays de Galleux de PIZZATRAMP en sont de bons. Pas des clowns blancs, pas non plus de gros débiles au nez rouge, mais un truc entre les deux, qui prend la déconne avec sérieux.

Pourtant la pochette puait salement du graphisme avec son trait grossier plus symptomatique de la scène Punk fendard, et on ne s’attendait pas vraiment à découvrir caché dessous un énorme Punk Hardcore aux subtiles et néanmoins prononcées touches de Crossover.

C’est pourtant ce qui vous prendra à la gorge dès les premières secondes de Blowing Chunks, qui en effet coupe de larges tranches de Core au peppéroni rigolard et efficace, sans olives noires, mais avec une bonne dose d’anchois qu’on balance à la gueule du chat (parce que les anchois sur la pizza, c’est vraiment dégueulasse).

Alors d’où viennent-ils ces pourfendeurs d’humeur maussade ? Du Pays de Galles comme précisé, d’où ils ont émergé fin 2014 en configuration trio (Sammy Two Cabs – basse et grognements, Jimmy No Whammy – guitare et hululements, Danny Bang Bang – batteur rapide et cohérent).

Ils ont déjà eu l’impolitesse de sortir quelques EP, ce qui fait donc de ce Blowing Chunks leur premier effort en presque longue durée, puisque le machin n’excède pas la demi-heure.

Mais c’est un des atouts de cette farce qui n’en est pas vraiment une. Avec une quinzaine de titres courts et concis, fun mais précis, le trio frappe fort et juste, et n’envoie pas de tarte à la crème hors-jeu. On sent bien sûr de grosses influences, comme les MUNICIPAL WASTE en plus vintage, mais aussi la scène Core de Boston, les grosses guitares de Rocky George et le phrasé de Muir, la folie des STUPIDS et la vélocité paillarde des NO FX, et tout ça mélangé donne lieu à une grosse fête Hardcore qui donne le sourire et l’envie de fracasser la télé sur le cadre contenant le portrait fané de mémé.

Comme tous bons branleurs qui se respectent, les PIZZATRAMP s’affirment mauvais, mais évidemment, ne les croyez pas sur parole, ils n’en ont aucune. Ils acceptent comme influences notables les BLACK FLAG, MINOR THREAT, les DK et les PISTOLS, mais aiment aussi intégrer quelques éléments Thrash dans leur foutoir, ce qui le rend encore plus efficace et ludique. A vrai dire, et pour résumer la fête pas si bête, on pourrait dire que leur album ressemble beaucoup à une pente Californienne dévalée sur un skate à fond la caisse, et sans casque ni genouillères. C’est dangereux évidemment, mais tellement marrant qu’on se tape de savoir s’il reste du mercurochrome ou pas.

En l’état, Blowing Chunks propose quatorze tranches de vie qui ne dépassent jamais les deux minutes, et qui vont à l’essentiel. Et en mettant de côté le final improvisé et hautement dispensable de « Petrol Chicken » qui ne sert à rien sinon à se poser en ultime sketch pas drôle du tout, le tout frise la perfection dans les styles choisis, et pourrait bien incarner un gros revival Crossover comme on n’en a pas entendu depuis très longtemps.

Pour en arriver là, les trois barges ont fait le tri dans leurs riffs et n’ont retenu que les meilleurs, ce qui s’entend sans difficultés de «CCTV » à « Choruses Are For Cunts », et son aveu/boutade extrêmement clair.

  

Les refrains, c’est pour les petits malins (en version polie évidemment), mais les grosses guitares tronçonnées façon CRYPTIC SLAUGHTER qui se taillent une partie de rami avec les vieux SUICIDAL TENDENCIES, c’est pas pour les bouffis. C’est un peu la leçon à tirer de ce premier pamphlet qui expurge la crème rance du haut de la tasse de café.

Alors après…Que les mecs sonnent comme les SLAYER qui reprennent du Hardcore, mais cette fois-ci, pas par-dessous la jambe (« Fuck You Heavy », au moins c’est clair), ou comme des DRI du dimanche qui n’ont pas que ça à faire («Nunchunks Of Hell », douze secondes de blague Télé Z, mais drôle), ou qu’ils se prennent pour Ian MacKaye qui tâte du « Possessed To Skate » en pensant à « Filler » (« Blowing Chunks », peut-être le meilleur brûlot du lot), ils assurent et rassurent quant à la mentalité d’un Crossover qu’on pensait déjà galvaudé et trop sérieux pour encore faire marrer.

Une basse brillante qui n’hésite pas à en rajouter dans les cordes relâchées (« Piss Smasher », le plus méchamment Core sombre de l’ensemble), et qui part en vrille pour survoler un Fastcore à parfum Thrash qui dévore (« Pollyticks », jeu de mots OK, mais salaison bien corsée et breaks amoncelés), rythmique volubile qui touche sa bille et qui appuie des guitares Heavy méchantes comme un jour de pluie au skate park (« Slick Witch », avec ses parties de chant hurlées comme un gosse qui vient de s’écraser le nez contre la rampe),et puis une soudaine humeur Core N’Roll qui se permet un hymne que les FLAG auraient pu oser sur leur début de carrière (« Queen of Ringland »).

On n’oublie pas au passage de ratisser les allées avec un Fastcrossover qui dépouille le pauvre clébard de ses puces sans produit toxique (« Scumbag Boogie », pas vraiment ZZ TOP, mais habile et débile dans sa rencontre fortuite entre les NOFX et les JERRY’S KIDS), on peaufine le travail d’un « Two Dogs Six Legs » qui justement honore la race canine handicapée d’un tonitruant revival Hardcore qui aurait fait d’eux des leaders il y a quelques années.

Alors, en mettant de côté cette conclusion ni marrante ni très futée, on obtient quand même un des meilleurs albums du style qui fonce sans forcer et renvoie dans les caves les groupes qui ne se sentent plus péter. PIZZATRAMP avec Blowing Chunks parvient à rassasier tous les fans attablés, qu’ils aient faim de Hardcore, de Punk, de Metal, de Crossover ou de tout ça en même temps, sans utiliser le micro-ondes ni servir du réchauffé.

Pochette moche, mais blagues amusantes pour une musique franche et légère, traitée avec respect.

Si ça vous intéresse, une vidéo est dispo pour illustrer « Town Clown », et un vinyle en forme de pizza sortira via le label TNS Records.

 Alors un conseil, invitez des potes à la maison et faites tourner ça à fond. Les meubles ne devraient pas rester en place très longtemps et votre soirée va vite virer à l’ersatz de Jackass, avec une meilleure bande-son. Très con, mais c’est comme ça qu’on l’aime non ?

Bandcamp officiel



par mortne2001 le 24/11/2016 à 12:02
85 %    1172

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Obscura + Gorod + Skeletal Remains

RBD 17/02/2025

Live Report

Doom, Rock'n'Roll & Vin rouge

Simony 10/02/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : le tape-trading

Jus de cadavre 09/02/2025

Vidéos

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

Mold_Putrefaction 28/01/2025

Live Report

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

RBD 23/01/2025

Live Report

Antropofago + Dismo + Markarth

RBD 16/01/2025

Live Report

Sélection Metalnews 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : MONOLITHE

Jus de cadavre 15/12/2024

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Styx

De rien, avec plaisir amie métalleuse.   

20/02/2025, 19:34

Moshimosher

Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...

20/02/2025, 19:08

Humungus

J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...

20/02/2025, 18:52

l\'anonyme

Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé. 

20/02/2025, 09:27

Simony

Hello Styx, problème remonté à notre webmaster, merci.

20/02/2025, 08:00

Tourista

Ça devient de la chaptalisation ce rajout permanent de groupes.

20/02/2025, 06:42

LeMoustre

Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci. 

19/02/2025, 17:51

Styx

Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.

19/02/2025, 16:32

Ivan Grozny

Merci pour le report, ça me tente bien d'y aller jeudi à Paris.

18/02/2025, 22:44

Jus de cadavre

Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !

17/02/2025, 21:39

Saul D

Moi je regrette quand même le line up des années 80...mais bon....

17/02/2025, 14:08

RBD

Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)

17/02/2025, 13:18

Humungus

Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)

17/02/2025, 06:50

RBD

C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)

15/02/2025, 18:14

Humungus

Super titre !Cela donne envie putain...

14/02/2025, 09:45

NecroKosmos

Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)

14/02/2025, 05:50

Warzull

AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)

13/02/2025, 18:38

Jus de cadavre

Toujours le même riff depuis 35 ans    Mais toujours efficace !

13/02/2025, 17:13

Simony

Excellente initiative, dommage que je sois si loin !

12/02/2025, 07:08

RBD

Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)

12/02/2025, 01:30