Devoir chanter à seize ans un truc comme « Cherry Bomb », ça doit aider à murir plus vite, ou à rester traumatisée à vie. Si l’on regarde le film éponyme de Floria Sigismondi (et beaucoup ont découvert l’histoire du groupe par ce biais), on comprend vite que cette petite blonde n’avait pas l’air très à l’aise avec ses combinaisons la transformant en poupée sexuelle pour public avide de chair fraîche. J’ai toujours eu une admiration sans borne pour Kim Fowley, parce qu’au contraire de connards comme Malcolm McLaren, il avait le génie, il est était musicien, et il était vraiment barge dans sa folie, sans faire semblant. Il avait la classe des tarés qui obtiennent toujours ce qu’ils veulent. Et ce qu’il voulait en l’occurrence, c’était un groupe qui excite autant les yeux que les oreilles. D’où ces RUNAWAYS qui ont suscité bien des peines chez les mères américaines, désolées de voir leurs enfants par procuration emprunter le chemin d’un Rock n’Roll qui n’était pas de leur âge. Parce que Cherry CURRIE sur scène, ça n’était ni LITTLE EVA ni Diana ROSS, c’était une baby-doll aux moues étudiées, au phrasé élaboré, à l’attitude démesurée imposée par ce satané manageur qui en voulait plus niveau déhanchement et provocation. Bon bref, on ne va pas se refaire l’historique un peu triste des RUNAWAYS, elles ont carburé pendant quatre ans, mais c’était il y a quarante ans, et depuis, elles ont toutes suivi leur chemin même la pauvre Sandy partie en 2006 d’un cancer. Aujourd’hui, ce qui nous intéresse, c’est l’actualité de Cherry, qui en 2020 se propose de nous résumer son parcours solo de ces quelques dernières années, et comme à l’époque de son premier groupe, les choses ne sont pas faciles.
On pourrait se dire en écoutant Blvds of Splendor qu’il résulte d’un processus naturel, que sa mise sur le marché a été simple et logique, mais il n’en est rien. Lorsque Cherry a sorti son dernier solo, Reverie en 2015, Blvds of Splendor était déjà plus ou moins dans la boite et prêt à sortir. Sauf que le label du groupe désirait patienter un peu avant d’enfoncer le clou (sachant que Blackheart Records, comme vous l’aurez peut-être compris, est le label de Joan Jett et Kenny Laguna), alors même que l’album était en phase de travail depuis…2010 et la sortie du film The Runaways. En patientant, le hasard se dit qu’une petite intervention malheureuse ne pouvait pas faire de mal, et frappa de plein fouet la pauvre Cherry qui faillit mourir d’un coup de tronçonneuse qui la laissa partiellement paralysée au niveau du visage…
Encore dix mois de traumatisme, et puis une convalescence durant laquelle elle tombe sur Brie Darling, batteuse et chanteuse des légendaires FANNY, avec qui elle décide d’enregistrer The Motivator, l’année dernière. A ce point-là, on se dit que Blvds of Splendor est décidément un LP maudit, mais en 2019, il sort enfin en version vinyle très limitée, avant de connaître une seconde vie cette année en version digitale et physique. C’est donc un album qui accuse dix ans de travail auquel l’auditeur et fan aura affaire, et la moindre des attentes reste la perfection dans la composition…Avec un peu d’appréhension, me demandant de quoi l’ex-idôle sixteen était encore capable, j’ai glissé ce LP entre mes oreilles, et je dois reconnaitre une chose. Cherry comme tout le monde a vieilli, mais musicalement, elle est toujours aussi jeune, même si ses choix parfois s’adaptent à son époque, sans rien renier de son passé tumultueux et glorieux. Il y a des traces des RUNAWAYS dans ce disque, mais surtout, des preuves de la maturité musicale d’une chanteuse incroyable, qui n’a rien perdu de sa puissance et de son charme. Le timbre de sa voix est évidemment plus mature, mais il s’accorde merveilleusement bien des tonalités de Rock adolescent devenu adulte que ces quelques chansons adoptent. Composé en compagnie de Matt « G’N’R » Sorum, et produit par ce dernier, Blvds of Splendor charrie son lot de vedettes venues prêter main forte à la blonde chanteuse, et c’est ainsi qu’on retrouve dans la liste des invités Billy Corgan des SMASHING PUMPKINS, Slash et Duff McKagan de GUNS N' ROSES, mais aussi Juliette LEWIS, Brody DALLE, THE VERONICAS, soit pas mal de beau monde pour célébrer cette fête donnée en l’honneur du Rock n’Roll, celui-là même que Cherry chantait dans les années 70.
Il n’est plus question de Glam de bac à sable depuis longtemps, tout comme le Punk a remisé ses derniers oripeaux au placard, et le Rock, le vrai, joué Hard ou non occupe le centre des débats sur ce nouvel album qui connaît de fait une seconde jeunesse en 2020, agrémenté de trois inédits. Et comme pour bien marquer son allégeance au Hard Rock le plus classique et formel, dame CURRIE a voulu débuter les hostilités par un up-tempo high on energy, profitant de l’aide de Slash et Duff McKagan se déchaînant sur « Mr. X ». Mais on sait la chanteuse versatile et électrique dans ses goûts, et rien d’étonnant à tomber sur un boogie Pop-Rock comme « Roxy Roller » juste après. Le ton est vrai, mais la production moderne, avec un vrai désir de s’adapter au marché contemporain sans trahir ses racines. Là est l’atout majeur de ce qui aurait pu n’être qu’un album solo de plus, peut-être de trop, son identité qui résume tout le parcours d’une artiste attachante, et en quelque sorte inspiratrice majeure du mouvement Riot grrl qui agita les nineties. Cherry fut Rock, Punk quelque part, Glam, et mélange le tout aujourd’hui, se souvenant avec affection de la simplicité des hymnes de son ancien groupe (« You Wreck Me »), tout en embrassant le vingt-et-unième siècle d’une touche de modernité bienvenue (« Black Magic » et on intro à la APOLLO 440).
Bien épaulée, CURRIE nous offre un véritable festival de joie de jouer. Tous les morceaux de cet album sont d’importance, sonnent authentiques, et développent toujours une idée intéressante. On sent la patte de Billy Corgan sur « Blvds of Splendor », qui s’incruste même au niveau du chant, mais on retrouve la rage juvénile et le plaisir exubérant de l’adolescence sur l’enivrant « Force to be Reckoned With ». De sa voix inimitable, à mi-chemin entre Benatar et Lita Ford, Cherry ne se contente pas de cerises rouges comme le désir, mais rocke comme elle l’a toujours fait, utilisant les codes de la Pop et du Pop Punk pour développer des refrains addictifs. Rarement plus de trois minutes, à quelques exceptions près, l’essentiel, des guitares au son un peu trafiqué mais toujours râpeuses, et des instants plus lourds de conséquences, lorsque l’émotion s’installe au coin des souvenirs (« Rock & Roll Oblivion »). Ces moments-là sont précieux, parce que gorgés de feeling, comme cette sublime ballade « Shades » qui jette une ombre sur le présent. Qui est vraiment Cherry CURRIE en 2020, et quelqu’un la connaît-elle vraiment ? Nous en connaissons tous une partie, celle qu’elle a bien voulu dévoiler à travers son art, mais la femme elle, reste secrète. Blvds of Splendor en substance, est sans doute l’album le plus personnel de la chanteuse, bien plus que son premier Beauty's Only Skin Deep, paru un peu trop tôt en 1977. En bonus, nous nous voyons offrir trois inédits en bonus-tracks, ou presque, puisque Cherry se permet une autocitation via l’éternel « Queens of Noise » entonné en compagnie de Juliette LEWIS, Brody Dalle, et THE VERONICAS. Un clin d’œil au passé, un de plus, ce passé trop fameux qu’on ne peut pas oublier. Mais ce clin d’œil, loin d’être un souvenir de prison sent bon la nostalgie d’années passées tellement vite qu’elle aurait du les oublier à jamais.
Certes, pour beaucoup, Cherry CURRIE sera à jamais cette petite blonde à croquer, chanteuse des RUNAWAYS, et rien d‘autre. Blvds of Splendor prouve que quarante ans plus tard, elle est toujours là, plus vivante et rockeuse que jamais. Pas sûr qu’elle ait encore envie de fuguer à son âge.
Titres de l’album :
01. Mr. X
02. Roxy Roller
03. You Wreck Me
04. Black Magic
05. Blvds of Splendor
06. Force to be Reckoned With
07. Bad and Broken
08. Rock & Roll Oblivion
09. Shades
10. Draggin’ the Line
11. Breakout
12. The Air That I Breathe
13. What Do All the People Know? (bonus track)
14. Gimme (bonus track)
15. Queens of Noise (bonus track)
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
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Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
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27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
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J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)
26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
26/03/2025, 14:33
La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.
26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
26/03/2025, 13:37
Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
26/03/2025, 11:24