Noël approche avec son cortège de repas interminables et de cadeaux moisis. Une vingtaine de jours nous séparent de cette fête immonde, et je pense sincèrement consacrer cette période aux groupes les plus affreux, les plus vilains, et les plus sales de la toile. Je commence donc ce calendrier de l’avant acheté chez le boucher par une entité germaine à cheval sur des principes morbides, qui avec son premier album ne fait pas de quartier, sauf de viande faisandée.
GRAVEHAMMER et son patronyme prévisible nous vient de Kiel, ville dans laquelle il s’est formé voilà un peu moins de dix ans. Depuis sa naissance, ce quatuor infernal (J.S - batterie, T.W - guitare, M.B - textes et Arillus - basse/chant) a privilégié les formats courts et partagés, et a signé pas moins de deux démos, deux splits et un EP. Il était donc temps de passer à la vitesse supérieure avec un premier long, ce qui est chose faite puisque Bones to Harvest est disponible depuis hier sur les plateformes.
Récolter les ossements. Voilà donc un drôle de hobby, pour un groupe qui ne ménage pas ses efforts macabres. Assez symptomatique de ce que les Etats-Unis ont pu proposer de plus symbolique dans les années 90, le tout recouvert d’un glaçage à l’allemande qui casse les dents, GRAVEHAMMER se propose de résumer le Death Metal à ses attributs les plus nauséabonds, sans toutefois tomber dans les travers Noise de ses concurrents européens.
Et alors qu’on aurait pu s’attendre à du concis bien tassé, le quatuor se permet de développer ses arguments, au point de signer des morceaux empiétant les neuf minutes. Du Death, du Doom, du glauque, du lent, de l’overspeedé, tout est passé en revue pour transformer ce premier essai en petit miracle underground. Proche d’un AUTOPSY des années légendaires, Bones to Harvest va du boucan à l’insistant, et ose même vomir ses tripes à l’occasion d’un nauséeux « Peace Above – Death Below », qui fait clairement de l’œil à ce cher Chris Reifert. Mais l’avantage des allemands est de pouvoir passer d’une nuance à une autre sans sonner bordélique ou opportuniste, et il est relativement courant de se faire bousculer par une humeur changeante, ce qui a le don de rendre cet album fascinant.
Pas gai certes, mais fascinant. En broyant les os des différentes incarnations d’un Death cryptique et belliqueux, en flirtant parfois avec la frontière le séparant d’un Black Metal classique, GRAVEHAMMER donne un grand coup de masse sur la tombe du Death old-school, pour révéler un cercueil bouffé par la végétation, et peinant à dissimuler un corps rongé par les asticots.
« Nails To The Coffin Of Divinity And Grandeur » arrache donc les clous du bois, tandis que la pelle s’apprête à reboucher ce trou béant au milieu du cimetière. Grave sans être incompréhensible, intègre tout en acceptant des influences externes et plus modernes, Bones to Harvest trie les os avec minutie, et s’aménage un ossuaire magnifique, quelque part entre OBITUARY et SUFFOCATION.
Mais alors qu’on pensait la machine lancée à son régime maximum, GRAVEHAMMER troque sa tombe contre un enfer gelé, se prenant pour un HELLHAMMER des temps modernes, mais toujours aussi traumatisé par AUTOPSY et le séminal Slowly We Rot.
« Triumphator », à l’image de « Triumph of Death », est le pinacle de cette démarche absolue qui consister à aller piocher dans la terre congelée de quoi faner toutes les fleurs de la création. Neuf minutes de douleur, de lenteur, d’oppression et de soumission, pour un Death Metal des origines qui trouve ici un nouvel héritier pour une couronne fanée.
Créatif dans le traditionalisme, Bones to Harvest pose les fémurs d’un côté, et les bassins de l’autre. Avec l’aide de quelques blasts bien placés, le quatuor passe d’une ruade dans une horde de zombies à une planque nocturne les yeux rivés sur la lune avec une facilité rare, produisant de fait une bande-son tout à fait honnête pour film d’horreur à la pellicule décrépie, et aux images granuleuses.
Et ce côté underground séduit. « Immortal Penitence (Flagellanten) », laid comme une grimace d’agonie, « The Stench Of Eternal Putrefaction » et son insistance presque hypnotique respectent le cahier des charges, et nous emmènent jusqu’à a fin d‘une œuvre qui n’a pas à rougir de ses arguments. La pourriture, la décomposition, les squelettes, les fosses communes, l’agonie de la plèbe, le renoncement, l’acceptation d’un destin funeste, le plaisir de constater que l’humanité ne lève pas le pied au niveau de ses vices, constituent les éléments d’un album sombre, poisseux, qui pue la mort mais qui est bien en vie.
Une dernière accolade aux floridiens maudits de MORBID ANGEL (« Via Dolorum »), et la fête blasphématoire est terminée, tout comme la profanation des souvenirs nostalgiques. Pour une première fenêtre ouverte sur un calendrier de serial-killer, GRAVEHAMMER fait admirablement bien le job, et nous promet des lendemains peu joyeux.
Dans ta gueule Noël. Va pourrir en enfer.
Titres de l’album:
01. From Glory To Oblivion
02. Self-righteousness Breeds Torture
03. Relics Of A Dying Breed
04. Peace Above – Death Below
05. Nails To The Coffin Of Divinity And Grandeur
06. Triumphator
07. Immortal Penitence (Flagellanten)
08. The Stench Of Eternal Putrefaction
09. Via Dolorum
Je rajoute une couche avec l'album d'Anialator sorti en fin d'année dernière. Je l'ai beaucoup écouté et l'écoute encore avec plaisir.
22/04/2025, 19:35
Plus fan de Massacra que de Loudblast perso, même si je possède les deux premiers albums du groupe.
22/04/2025, 19:34
De mon côté j'ai toujours eu du respect pour le groupe même si ce n'est pas ma génération, je n'étais pas né quand ils se lançaient... Donc ils ne m'ont pas marqué comme ils ont pu le faire avec leurs fans de la prem(...)
22/04/2025, 17:35
Pour moi Loudblast, ce sont des suiveurs avec un bon train de retard sur ce qui se fait à chaque époque et Clearcut fait partie de cela... Bref, je ne suis pas très client de leurs albums, on m'avait chanté les louanges de Burial Ground, je me suis ennuyé..(...)
22/04/2025, 16:04
@RBD : ton dernier paragraphe est plein de vérité. Quant au pseudo DPD je préfère le laisser croire ce qu'il veut. Vu comment il écrit, il a pas dû encore sortir de l'école. J'encourage néanmoins les thr(...)
22/04/2025, 13:35
@Tourista : tu t'es trompé, la news sur les 40 ans de Loublast, c'est plus haut
21/04/2025, 20:53
Le Metal est parfois sur le fil du rasoir de la beauferie... Voire tombe carrément dedans.
21/04/2025, 11:45
Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)
20/04/2025, 18:02
Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.
20/04/2025, 14:08
Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir).
20/04/2025, 12:45
Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)
19/04/2025, 14:36
J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)
19/04/2025, 09:13
J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?
19/04/2025, 08:38
Jus de cadavre, je parle pas des captations audio dans un instant précis, je crois d'ailleurs que certaines œuvres sont intemporelles, mais ce qu'il reste de ces gens aujourd'hui, c'est extrêmement différent. Bien entendu qu'il faut écoute(...)
19/04/2025, 05:07