A une époque, on attendait les nouveaux albums de MOTORHEAD, d’AC/DC et des RAMONES avec une ferveur quasi religieuse. Ce qui posait une sorte de dualité intéressante…On savait pertinemment ce qui nous attendait sur ces disques, mais on ne pouvait pas s’empêcher d’anticiper sur la nouvelle fournée de riffs d’acier, de refrains fédérateurs, dépendant de cette énergie incroyable que ces trois bandes de héros dispensaient à chacune de leurs sorties. Attendre impatiemment quelque chose qu’on connaissait déjà, voilà qui ne manque pas de contradiction, mais pourtant, le réflexe était logique. Après tout, même après avoir fait des dizaines de barbecues avec ses potes le week-end, on attend toujours le suivant puisqu’on sait tout le bonheur qu’il va procurer. Un bonheur simple, immédiat, qui permet d’oublier les petits tracas de la vie, comme une finale de coupe du monde, un soir de concert, ou tout simplement la dégustation d’un bon verre de bulles bien fraîches après une journée de boulot. Appelez ces plaisirs simples des exutoires fantastiques, des breaks dans la monotonie ambiante, des façons d’éviter d’aller se pendre en pensant à une existence dont les grandes et petites lignes sont déjà écrites depuis longtemps, et des pauses offertes par le destin qui s’en veut certainement d’être aussi cruel et linéaire. Et puisque parfois, les instants les plus populaires sont aussi les plus jouissifs (syndrome « oh la belle bleue », ou « mais il va marquer ce crétin avec ses deux pieds gauches ?? »), inutile de bouder notre plaisir sous de fallacieux prétextes élitistes lorsque les australiens d’AIRBOURNE sortent un album. Car oui, on sait qu’ils n’apportent rien de fondamental à la musique moderne, qu’ils recyclent les mêmes plans de façon systématique, que les riffs qu’ils dispensent sont calqués sur les refrains auxquels on pense, mais alors…Mais alors on s’en bat les noix comme de notre première dent de lait tombée sans que la petite souris n’ait poussé la générosité au-delà de cinq petits francs. AIRBOURNE, c’est un orgasme musical qui ne résulte pas d’une branlette intellectuelle, mais bien d’un paluchage en règle, avec ou sans chaussette, en faisant un tour discrétos sur YouPorn.
Cinquième album pour les frangins O’keeffe, et une philosophie qui ne changera jamais. D’ailleurs, Joel résume toute l’histoire avec ses mots sans détours. « Pas de ballades, pas de guitares acoustiques, pas de claviers. Il n’y a pas de tangentes bizarres ici, pas de foutaises. Juste une série de rock pur qui sent le caoutchouc brûlé et l’essence renversée. ». Le frontman qui aime tant grimper sur les tubulures de scène et faire éclater ses canettes sur le public enfonce même le clou avec un lapidaire « C’est un concert en studio. C’est toujours quelque chose que nous voulions faire : trouver un moyen de faire entrer l’âme et la puissance d’un concert d’AIRBOURNE dans un album. Cobb a capturé notre éclair et l’a mis dans une bouteille. ». De là, inutile de jouer la fine bouche, puisqu’à l’instar de Lemmy ou des cousins Young, la fratrie O’Keeffe n’a jamais eu d’autre prétention que de rocker, de roller, de boire des bières, de faire la fête, et d’avoir la générosité de partager leurs bonnes habitudes à un public qui en réclame toujours plus. De ce côté-là, inutile d’attendre de Boneshaker autre chose que Black Dog Barking, Runnin' Wild ou Breakin' Outta Hell n’aient déjà offert. AIRBOURNE, c’est un peu le mi-chemin temporel entre Noël et le mondial de foot, une célébration collective que l’on retrouve tous les trois ans, pile poil, puisque leurs tournées écument toujours les quatre coins du monde et durent des plombes. Il faut dire que la musique du groupe a toujours été taillée pour les festivals, les grandes scènes, les rassemblements énormes. On ne prend jamais plus son pied que lorsque le quatuor monte sur scène l’air hilare et le geste précis, et ce pied se transforme en épiphanie dès que Joel hurle « are you ready ??? » dans son micro avant de balancer la sauce. D’ailleurs, les australiens sont parfaitement conscients de ça, puisque ce cinquième album raccourcit encore plus les débats pour ne sauver qu’une demi-heure de Rock sauvage. Mais en dix morceaux et trente minutes, Boneshaker se montre plus efficace que quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la concurrence, sans forcer, en se fixant sur une recette qui a fait ses preuves. Beaucoup d’AC/DC, pas mal de KIX, et la dose est bonne, prête à enflammer les oreilles et le cœur. Et si « Boneshaker » en intro joue la modération (sans doute l’une des intros les plus raisonnables du répertoire du quatuor), le reste fait monter d’un cran à la fois la pression, pour un album qui n’a rien d’inédit, qui n’est sans doute pas le meilleur du groupe, mais celui qui sonne le plus sincère et le moins immédiat.
Professionnalisme ? A force, le groupe connaît la chanson par cœur, mais attribuons peut-être ce sursaut de mesure au travail de Dave Cobb, pointure de Nashville, dont le nom se retrouve sur l’OST du hit filmique A Star Is Born, et qui n’a pas cherché à rendre la musique des tarés plus bombastic qu’elle n’est déjà. D’où un son plus sec et plus nerveux qu’à l’habitude, qui se rapproche d’ailleurs des productions Young des années 70. Vintage sans l’être, AIRBOURNE continue de prêter allégeance à un Hard Rock sévèrement burné, toujours plombé de guitares incendiaires et de chœurs ne l’étant pas moins, sans prise de tête, mais avec une portée maximale. De fait, « Burnout The Nitro », sorte de « Whole Lotta Rosie » plus humble mais tout aussi libertine, fait figure de premier véritable hymne de l’album, qui n’en manque pourtant pas. Alternant avec toujours autant de flair les tempi martelés et les envolées cramées qui ont fait leur réputation, les AIRBOURNE célèbrent toujours autant la simplicité et l’hédonisme, ne se préoccupant pas forcément du monde qui les entoure, le leur leur convenant parfaitement. Cédant parfois au stupre d’un boogie suintant (« Sex to Go »), pour mieux multiplier les allusions classes et autres méthodes de drague salaces (« Backseat Boogie »), le Rock chauffé à blanc nous marque encore les chairs, comme le signale très justement Matthew Harrison, guitariste depuis 2017. « Nous étions tous convaincus du « rock'n'roll pour la vie ». Nous voulions créer quelque chose digne d'un tatouage. Cette œuvre est classique et résistera à l'épreuve du temps. ». Et peu importe qu’il parle de la pochette créée par Matt Read de Combustion Ltd. et Sean Tidy de Design House Studio Ltd ou du disque en lui-même, puisque le constat vaut pour les deux. Boneshaker est en effet digne d’un marquage à vie sur la peau, de ceux qu’on ne regrette jamais. Indélébiles les australiens ? Oui, et tout sauf débiles, puisqu’ils ont consenti à la jouer un peu plus fine cette fois, avec des hymnes qui résonneront encore dans trente ans sur scène (« She Gives Me Hell » encore ce parfait raccourci entre AC/DC et KIX, la trademark officielle), et des quickies sans prétention, mais qui donnent un gros coup de chaud (« Switchblade Angel »).
Pas la peine de se réveiller la nuit en sueur pour anticiper leurs délires à venir, puisque leur méthode n’a pas changé depuis les débuts. Seul l’approche varie, le son module, mais les morceaux sont toujours construits selon les mêmes plans. Parfois, un peu plus de lenteur pour se rapprocher d’Angus et Malcolm (« Weapon Of War »), mais la plupart du temps, un riff porteur, la voix écorchée et inimitable de Joel, une rythmique baston, et le compte est bon. Et finalement, puisque le terme « Rock n’Roll » désignait l’acte sexuel aux origines, quoi de mieux qu’un bon coït rapide mais costaud en compagnie des plus gros braquemards Hard qui ont quand même la décence de fournir le lub avant pénétration ?
Titres de l'album :
01. Boneshaker
02. Burnout The Nitro
03. This Is Our City
04. Sex To Go
05. Backseat Boogie
06. Blood In The Water
07. She Gives Me Hell
08. Switchblade Angel
09. Weapon Of War
10. Rock 'N' Roll For Life
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