Il est tout seul, il est américain, il joue de tout, il propose son premier EP, il vient de Vancouver dans l’état de Washington, et il aime beaucoup le Thrash, le Hardcore, le Crossover et le Heavy Metal. Il ne crache pas sur un brin de NOLA par moments, mais il est relativement impressionnant de discipline et de lucidité musicale. En effet, se cache derrière le nom générique de BONFIRE ETERNAL celui plus personnel de Kerry Layne Jeffrey, qui se permet de mener seul sa barque dans un créneau qui d’ordinaire, justifie les rassemblements sociaux. On ne sait pas exactement quand l’idée de ce concept lui est venue à l’esprit, mais on sait aujourd’hui que Kerry est tout à fait capable de composer un album qui tient méchamment la route sans avoir besoin d’être épaulé, et cette éponyme introduction est quand même méchamment impressionnante de dextérité et de pugnacité. Avec sa tête de programmateur informatique poli et serviable, Kerry nous offre donc six morceaux pour trente minutes de musique, et se débrouille comme un chef, n’ayant eu besoin que d’un coup de main pour cette superbe pochette signée Jan Brokoola. Mais quid de la musique de ce premier EP décidément bien intrigant ? Elle est plurielle, navigue entre Heavy vraiment rageur, Thrash tapageur, Hardcore en fureur et South Rock en sueur, et présente donc un éventail de possibilités assez intéressant. D’autant que l’homme responsable de la composition n’est pas manchot lorsqu’il s’agit de manier les instruments, et toutes les parties instrumentales sont soignées, et complétées de lignes de chant rauques et bien hurlées, histoire de conférer au projet une patine encore plus puissante.
Kerry Layne Jeffrey fait feu de tout bois, et envoie méchamment la sauce, passant en revue tous les styles qu’il aime, et les reprenant à sa façon, très professionnelle, mais aussi très sincère. Et c’est ainsi que l’album démarre en trombe avec le Thrash cut « Crawling Towards the Light », qui cavale comme du EXODUS en furie, et fait monter la pression sans avoir besoin d’introduction. Capable en rythmique (les riffs sont nombreux et velus), très compétent en solo, Kerry ne se contente donc pas de reproduire des figures imposées mais fait étalage d’un talent certain, et d’un flair indéniable pour faire monter la température. On se dit alors que la voie est tracée et que l’homme va continuer sur sa lancée, mais loin de se contenter d’une linéarité Thrash d’usage, l’homme brouille les pistes, se rapproche du Hardcore pour mieux se la jouer southern, aménage des breaks, des soli, des cassures, et nous fait même croire qu’il est entouré de musiciens aussi compétents que lui. « Lesser Blood » ralentit la cadence mais ne fait pas retomber le soufflé, et on se replonge soudain dans les années Crossover les plus méchantes, avec toujours en exergue cette complémentarité entre un chant vraiment hargneux et ces guitares pugnaces et tenaces. C’est accrocheur en diable, un peu Hardcore de Boston sur les bords, mais totalement Metal dans le fond, et lorsque « Ritual » résonne, le Boogie raisonne, et le tempo se chaloupe pour se lover au creux d’un DOWN plus colérique que défoncé comme une trique.
L’art de l’américain pour jouer entre les ambiances est assez bluffant, et il se montre crédible dans tous les domaines et ambiances. Il est assez rare de tomber sur un one-man-band aussi versatile mais cohérent, mais en proposant six titres aussi homogènes que différents, BONFIRE ETERNAL marque les esprits et délimite son terrain, vaste, mais bien gardé. Soli impeccables, en tapping comme en coulé, voix qui ne déraille jamais, breaks mélodiques à la HYPNO5E, enchaînements fluides, et surtout, production nickel qui vaut largement des studios à la réputation immaculée. Aussi convaincant en terrain lourd qu’il ne l’est lorsqu’il s’emballe Hardcore, l’ami Kerry vitupère comme un beau diable sur « Ghouls », avant de gesticuler Hard Rock sur le terriblement catchy « Inherent Vice », qui hurle et s’époumone tout en plaquant un lick gluant et très eighties. Déhanchement, choix pertinent au moment de trier les riffs, chant qui module un peu, et on se retrouve face à une imitation plus que crédible du REFUSED le plus Rock. Le morceau éponyme termine en tant qu’épilogue massif, et ses sept minutes et quelques achèvent de nous convaincre du caractère fondamental de cette réalisation underground, qui mérite bien mieux qu’un anonymat sur la toile. En reprenant la cadence Thrash, mais en accentuant le poids des harmonies, Kerry propose un final digne de ce nom, qui laisse augurer d’un premier LP sentant le souffre et le talent. Capable d’allumer la mèche et de faire exploser les conventions, Kerry nous offre donc avec son projet BONFIRE ETERNAL un bûcher qui brûle toute la nuit, non des sorcières, mais des lieux communs. Belle réussite et à très vite car je suis certain que l’homme est prolifique en plus.
Titres de l’album:
01. Crawling Towards the Light
02. Lesser Blood
03. Ritual
04. Ghouls
05. Inherent Vice
06. Bonfire Eternal
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