Encore une reformation qu’on n’a pas vu venir, et qu’on n’attendait pas vraiment d’ailleurs…Non que le plaisir des retrouvailles ne soit pas partagé, mais en étant honnête, les JETBOY n’ont jamais fait partie de la première catégorie de rockeurs hirsutes de la fin des années 80, plutôt d’une seconde division joyeuse et fière de l’être, de ces seconds couteaux qui apparaissent sur le tard et surfent bien malgré eux sur une vague. Que cette vague soit d’ailleurs assimilée au raz-de-marée Hair Metal tel qu’on se plait à le nommer ne pose pas de problème particulier, puisque de toute façon, à la fin des années 80, tout ce qui sonnait un peu Rock et sexy et qui émanait d’une bande d’olibrius aux coiffures fixées à la laque/glue y était de facto affilié. C’est ainsi que nos amis californiens et leur mohawk passé à la postérité ont été immédiatement accolés au wagon POISON/FASTER PUSSYCAT/TIGERTAILZ et autres chantres d’un Hard Pop facile à assimiler, alors que justement, ils étaient autre chose, en tout cas un peu plus qu’une simple bande de clones bradés par une maison de disques par les dollars alléchée. Et d’ailleurs, lorsque vous abordez cette tranche d’histoire en société, peu sont les convives capables de citer ces cinq californiens autrement qu’en se souvenant de la pochette très kitsch and shoulders de leur premier album, que 1988 avait légèrement noyé de son flot ininterrompu de parutions du cru. Et oui, cette fameuse année fut plutôt fertile en albums majeurs, et c’est ainsi que nos potes soignés et lookés durent souvent se contenter d’un entrefilet, d’une notule ou d’un bas de page pour se faire remarquer, ce qui fut d’autant plus dommage que leur musique avait ce petit je-ne-sais-quoi de marginal au regard de la production standardisée de l’époque. Et deux ans et un album plus tard, nous restâmes sans nouvelles des JETBOY, qui jetèrent l’éponge après le très bon Damned Nation, toujours sur MCA, sans savoir ni espérer qu’un jour ensoleillé, un autre label très engagé allait leur tendre une perche pour les sortir des eaux usées…
Et nous pouvions compter sur la pugnacité et le sens de l’opportunité de ce bon vieux Serafino pour exhumer les musiciens du placard sentant la naphtaline dans lequel ils étaient enfermés depuis presque trois décennies. Et c’est sans surprise que nous retrouvons les originaire de San Francisco signés sur le label italien Frontiers, qui a toujours avoué un penchant très prononcé pour la nostalgie illuminée. D’ailleurs, les musiciens à ce sujet jouent la carte de l’honnêteté, en avouant n’avoir pas composé la moindre chanson avant d’avoir été approchés par la maison de disque, sans avoir pour autant abandonné la musique pendant tout ce temps. Et en parlant de musiciens, à quoi s’attendre d’une telle reformation ? Sachant que bien trop souvent, ces retours en fanfare sont uniquement célébrés par un ou deux fondateurs, celui des JETBOY se doit d’être apprécié et dégusté, puisque pas moins de trois membres originaux ont remis le couvert, soit la paire Fernie Rod/Billy Rowe aux guitares, et l’immanquable vocaliste Mickey Finn. On les retrouve aujourd’hui secondés par Al Serrato à la batterie et surtout, Eric Stacy à la basse, des FASTER PUSSYCAT, ce qui donne à ce retour des allures de fête de famille de l’époque, organisée sur la tard, mais qui ramène bien des souvenirs sur la table, et surtout, ceux d’un Hard Rock sans artifices, Sleaze juste ce qu’il faut, mais puissant aux entournures, un peu bitchy, légèrement fardé, mais finalement très proche des racines, et symptomatique du virage opéré par la vague Glam à l’orée des années 90, lorsque le Blues et le Rock originels étaient devenus les deux seules obsessions viables pour enregistrer un véritable album maison. Et de fait, ce Born To Fly incarne en quelque sorte ce fameux troisième album que les californiens n’ont jamais réussi à graver en temps et en heure, et une nouvelle étape un peu tardive, ne confirmant pas grand-chose niveau avenir, mais validant un présent que les fans du groupe sauront déguster dans l’instant.
Inutile de le nier, tout ce qui faisait le charme des JETBOY de 88/90 est encore là. Le feeling n’a pas été troqué par un opportunisme le confinant au jeunisme, et les boys n’ont pas changé de crédo, ni de méthode. D’ailleurs, les mecs affirment à qui veut bien l’entendre que la composition n’a pas posé le moindre problème, et que les textes ont tous été couchés en un temps record, ce qui confère à cet album une patine très raw et spontanée. La voix de Mickey, toujours aussi écorchée ne nous promet toujours pas un tour à Disneyland après la nuit, mais bien une virée dans des lieux interlopes, des soirées passées le verre à la main à écouter des groupes du coin, et des week-ends entre amis, à se raconter des anecdotes, et surtout à sortir des guitares pour impressionner les filles, et garder le teenage spirit alive. Et le tout sent encore l’adolescence, celle qu’on ressent parfois par intermittence une fois l’âge adulte franchi depuis longtemps, qui nous donne la chair de poule et l’envie de ressortir des vieux futals trop serrés et son perfecto un peu usé. Du Rock joué Hard, un peu dans la veine d’un AEROSMITH des grands jours, qui multiplie les allusions et nous fait tanguer à foison, entre deux riffs un peu polissons et une rythmique marteau-pilon. Oubliés donc les compilations un peu tristes des nineties parus sur Ferris Records, et bonjour le renouveau par le vieux, ou le ménage qui laisse un peu de poussière, ce que « Beating The Odds » et son aveu à mots entiers nous confirme de ses premières notes. Quatre minutes et une poignée de secondes pour remettre les pendules à l’heure du Roxy, et un burner overspeedé, mélange entre le MOTORHEAD le plus vitaminé et le VAN HALEN le moins emprunté, et vogue à nouveau la galère, entre binaire d’enfer et revanche à prendre sur hier, pour un refrain collégial qui fait du bien à l’âme.
Entre rage de circonstance et hits singles en transe, Born To Fly s’envole vers le paradis du Hard-Rock un peu greasy, mais propre aux entournures, et « Born To Fly » d’entériner la pertinence d’un comeback inopiné, avec ses coup de coudes appuyés aux STONES et à AC/DC. Restant concentrés sur un format compact et court, les JETBOY assurent les étapes du parcours et nous contaminent de leur groove, lâchant sans discontinuer des pelletées de gravier Rock pour bien enterrer le Glam dans la mémoire, et tout y passe, la wah-wah un peu crade et les guitares qui reluquent (« A Little Bit Easy »), l’up tempo mené tambour battant pour affoler le palpitant (« Old Dog, New Tricks » et son harmonicrade qui sent bon le Delta retranscrit dans un idiome californien), et le plombé/déhanché qui fait hurler les filles dans la queue une fois la nuit tombée (« Brokenhearted Daydream », le truc qui aurait fait trembler le Cathouse de Taime sans le faire s’écrouler). Pas de temps mort, pas de pause, pas de silence ni d’absence, les quarante minutes passent très vite, spécialement lorsqu’on pense aux D.A.D et à JACKYL (« She »), ou que la basse se la joue un peu salace sur fond de Blues rocky but punchy (« Smoky Ebony »). Et comme le quintet nous le dit lui-même, « Party Time ! », avec son point d’exclamation bien senti qui met l’emphase sur la sueur et les confettis, et qui conclut avec bonheur et ferveur un troisième album qui va remettre quelques pendules arrêtées à l’heure. Et alors que le monde commence à doucement se caresser d’une reformation annoncée des GUNS qui semblaient ne pas vraiment nous manquer, autant se concentrer sur des choses plus concrètes et enthousiasmées. Les JETBOY are back in town, et il serait franchement inconscient de les manquer. D’autant plus qu’ils ont toujours la pêche, et que leur musique a su s’adapter, tout en restant les cheveux en arrière du côté de la Californie de notre enfance…
Titres de l’album :
1. Beating The Odds
2. Born To Fly
3. Old Dog, New Tricks
4. The Way That You Move Me
5. Brokenhearted Daydream
6. Inspiration From Desperation
7. All Over Again
8. She
9. A Little Bit Easy
10. Every Time I Go
11. Smoky Ebony
12. Party Time!
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49