Tu es américain, tu joues du Hardcore, du Powerviolence ou un truc entre les deux, alors on retrouve logiquement derrière ta console et tes potards Brad Boatright ou/et Kurt Ballou. Non que leur omniprésence soit une fatalité, mais plutôt un passage obligé pour choper LE truc et avoir LE son. C’est comme ça, une trademark qui traîne dans l’air et qui donne derechef une AOC inimitable à ta musique. Un peu à l’image des Dierks Studios dans les 80’s, ou de l’omnipotence Death des Sunlight studios et de Tomas Skogsberg la décennie suivante. On n’y coupe pas, ça a parfois tendance à uniformiser les productions, mais ça a l’avantage d’être efficace et big. Larger than life. D’un autre côté, et dans une logique similaire, si ton propos artistique se situe du côté des 70’s, et que les cotes suédoises sont ton horizon quotidien, alors tu lorgneras tous les jours la tronche de Nicke Andersson derrière la vitre du studio, parce qu’il est l’un des rares à avoir pigé que pour copier sans plagier, il est inutile d’aller traquer l’ampli Orange d’époque ou le jack torsadé qui en fout plein la gueule. Et ça, les locaux de GRANDE ROYALE l’ont parfaitement pigé. Ils connaissent l’individu (mais qui ne le connaît pas ?), et pour leur première sortie officielle sur un label, ils n’ont pas hésité à lui confier leur destin, le sachant entre de rassurantes mains. Et admettons-le sans mordiller nos lèvres, l’animal et ex-batteur d’ENTOMBED a encore une fois accompli un travail admirable. Parce que la production de ce Breaking News est incroyablement claire, puissante, mais pas forcément trop collée aux préceptes en vogue il y a quarante ans. Nous sommes en 2017 man, plus en 74, alors inutile de faire semblant et de perdre du temps. Et non que leurs deux premiers albums fussent des balbutiements, mais avouons tout de go que ce troisième LP fait partie du haut du panier.
Et le panier est pourtant profond, et rempli des chaussettes de Nicke qui fout le bordel partout où il passe.
GRANDE ROYALE et les glorieuses seventies, c’est une longue et sincère histoire d’amour. Le quintette (Hampus Steenberg – chant, Gustav Wremer – guitare, Andreas Jenå – guitare, Calle Ljungström- basse et Mackey Gustafsson – batterie) n’a jamais caché son admiration pour le LYNYRD et la chose bluesy sudiste, et il est parvenu aujourd’hui à en synthétiser le meilleur de guitares flamboyantes, transcendées par des mélodies pas si Pop qu’elles n’aimeraient l’être. Le Vintage Rock, on le sait, c’est casse-gueule, que la copie vise le voisin des années 80, ou l’autre plus lointain de la décade précédente. Une poignée d’élus passent la rampe d’un loop alors que les victimes malchanceuses se ramassent à la pelle des feuilles mortes, et si les noms de THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, de GRAVEYARD ou justement des HELLACOPTERS sont restés gravés sur la potiche de la postérité, le hasard n’a pas eu à s’en mêler. Le talent ne s’achète pas, et même si celui des suédois est très marqué de celui de leur tripatouilleur de curseurs préférés (les COPTERS seraient fiers d’entendre cet album en sachant leur compère en partie responsable de l’affaire), ils n’en tirent pas moins leur épingle du jeu, en s’affirmant comme une valeur sûre qui ne doit rien à un hasard heureux. Au timing de cette troisième livraison bénéficiant enfin d’une bonne distribution, à peine une demi-heure de musique, comme à la grande époque, mais une fournée de tubes à reprendre en chœur les soirs d’été. Une musique toujours aussi limpide, simple mais intelligente, qui ose des couplets high on energy agrémentés de refrains hyper catchy. Le principe est toujours le même, mais pas aussi simple qu’il n’y paraît, parce que pour en arriver là, il faut savoir composer. Sous cet aspect-là, les GRANDE ROYALE n’ont aucune leçon de politesse à recevoir, puisque leur cahier des charges est bien rempli, mais exempt de figures imposées un peu trop usées.
Ils ne sont pourtant pas allé chercher bien loin la solution au faux problème, puisque Breaking News n’annonce aucune nouvelle fracassante, se contentant de reprendre les fax, notules et télex déjà envoyés à l’occasion de Cygne Noir et No Fuss - A Piece by Resolute Men. Le titre est donc trompeur à plusieurs niveaux, puisque la satire sociale en est purement absente, et puisque la nouveauté n’en est pas plus marquante. Mais on marche une fois de plus, le deal étant tout à notre avantage, et les dix morceaux salement sauvages, mais harmonieux à l’ouvrage.
Notons quand même une professionnalisation qui ne sacrifie rien aux ambitions pas forcément domptées, puisque le calibrage cette fois-ci est quasiment parfait, avec des guitares qui lacèrent sans faire saigner, une basse qui négocie les virages avec un dos rond comme un nuage, un kit qui tanne les peaux sans écho, et un chanteur sobre au timbre rauque et Rock qui partage la vedette avec quelques chœurs disséminés avec une intelligence remarquée. Musicalement, pas de grande métamorphose, et les choses sont clarifiées dès « Know It All », qui de son titre en aveu et de son riff un peu baveux jure allégeance au Rock le plus intrépide et le moins insipide. On se retrouve à batifoler en terrain connu, à mi-chemin entre des HELLACOPTERS plus polis que d’ordinaire et un CORROSION OF CONFORMITY nineties un peu plus clair, avec ce mélange subtil de fragrances Rock et Pop, pour un hit en puissance que les charts des seventies auraient célébré avec jouissance. Si l’enregistrement donne tous les aspects d’un live de studio, avec cette spontanéité qui transforme chacun des arrangements en idée sur le pouce, on comprend quand même que les compos ont été étudiées et rodées avant d’être lâchées. Tout tourne rond, mais reste suffisamment naturel pour séduire sans rimmel, et le job de Nicke a été de permettre à ces morceaux de conserver toute leur énergie sans les dénaturer d’artifices surproduits.
Breaking News défile, et si l’on se dit que tout ça est convenu, on se prend au jeu d’un Rock à tendance Hard velu mais pas rompu, qui coule comme une rivière Classic Rock le long des oreilles, tout en gardant un air détaché voulu. De là, chacun fera son propre menu, du charnu « Brake Light », au plus tendu « Daily Illustration », aux accents bluesy lippus, en passant par le binaire si cher aux frères Young de « R’N’R Business », qui ne cache rien de son message de foi en massage riffé, le lapidaire « Devil’s Place » qui a de quoi satisfaire un Lucifer toujours persuadé que le Rock ne doit pas s’en faire…Le choix est vaste, et la cohérence aérée de nuances dispersées, qui se remarquent à peine, mais qui achèvent de nous persuader. Respectant à la lettre le commandement de leur lieutenant Andersson, les GRANDE ROYALE ont pris grand soin de se concentrer sur des accroches facilement mémorisables pour nous hypnotiser, et le truc marche, et nous courrons, de « Got To Move » et sa bougeotte à « I’m On The Loose » et son émotion réciproque, qui tente le coup des déchirements soul sur fond de Rock N’Pop qui nous font triper, peu importe l’époque. Alors, en définitive, troisième album en forme de reprise ou de méprise ? Aucun des deux chers amis, mais encore une grosse étape de franchie pour ce quintette suédois qui se montre de plus en plus adroit. Producteur connu certes, mais musiciens alertes qui savent encore qu’une bonne chanson est le remède contre tous les maux, et qui se contentent de jouer simple pour nous faire grimper aux rideaux.
Pas le genre d’album que les infos signaleront à grand renfort de bandeaux, mais un truc qui reste dans la tête et qui frotte agréablement le dos.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09