Breaking The Spell

Sign Of The Jackal

15/06/2018

Dying Victims Productions

Ils sont cinq, aiment le jean, les clous, les gentils pseudos entre parenthèses, et ne se gênent pas pour piller sans vergogne une décennie qui a déjà alimenté tous les fantasmes depuis plus de trente ans. Cette description me direz-vous, pourrait concerner trente bons pour cent de la production actuelle, qui a franchement du mal à s’affranchir de la tutelle d’une décade qui n’en finit plus d’inspirer les musiciens ne l’ayant pas connue en temps et en heure. Et s’il est certain qu’elle a représenté une sorte de pinacle de créativité, son cadavre encore fumant en a peut-être assez d’être profané par des musiciens charognards qui tournent autour de son corps comme des riffeurs de mauvaise augure en mal de hook accrocheur. Mais puisqu’il faut bien supporter parfois une absence totale de morale et d’éthique pour accepter son époque, autant dire que le picorement peut parfois produire un bruit séduisant, spécialement lorsque les amateurs de passé à renouveler ont le savoir-faire nécessaire pour vous faire croire que ce-dit passé n’a jamais été enterré. C’est le cas de nos amis italiens de SIGN OF THE JACKAL, qui non contents d’emprunter au passage le titre d’un de ses albums au gang DAMIEN THORNE, en reproduisent aussi les tics de création, pour nous immerger dans une nostalgie mondiale qui prend des proportions assez inquiétantes au demeurant. Nous parlons donc ici de True Heavy, mais aussi de Power bien roussi, de Speed pas terni, en gros, de la quintessence de notre style de prédilection, qui aime encore se parer de clous et de perfectos pour accentuer la touche vintage, déjà bien prononcée musicalement…

Fondé en 2008, ce quintette (Laura "Demon's Queen" Coller - chant, Bob Harlock 666 & Max - guitares, Nick "DevilDrunk" - basse et Corra "Hellblazer"- batterie) a déjà proposé une démo en 2008 (Haunted House Tapes), un EP en 2011 (The Beyond), avant de plonger dans le grand bain d’ACID du longue-durée via l’inoxydable Mark Of The Beast il y a cinq ans. Et après une petite pause entre 2013 et 2018, le quintette nous en revient plus remonté qu’un tifosi frustré de voir son équipe absente de la coupe du monde, et aligne les flushs et autres carrés par l’entremise d’un nouvel LP, ce terrassant Breaking The Spell que vous n’allez pas manquer d’écouter une fois ma prose assimilée. Pourquoi donc ? Parce que ce deuxième effort est un condensé de tout ce que les eighties pouvaient proposer de plus métallique, et parce que cette collection de huit chansons passe en revue tous les tics et toutes les astuces d’époque, des riffs d’airain aux soli certains, en passant par un chant haut en couleurs et en aigus, et une rythmique explosive, qui a bien retenu les leçons de l’école ACCEPT et des vagues sidérurgiques allemande et américaine. Du Hard-Rock donc, bien relevé pour devenir du Heavy solide, lui-même méchamment épicé pour flirter avec les limites corsées du Speed échevelé. Ce que l’on note au prime abord en confiant nos tympans à cet effort qui n’en est pas un, c’est ce son dantesque qui transcende n’importe quelle partie de guitare en déclaration de guerre, et chaque coup de caisse claire en écho d’un retour en arrière pas si lointain qu’il n’en a l’air. En optant pour un son casher mais clair comme de l’acide de roche, les italiens permettent à leur Heavy classique de se transcender de lui-même, pouvant aussi compter sur une interprétation au-dessus de tout soupçon niveau investissement personnel. On nage en pleine passion, les mecs ne font pas semblant, et ça se sent, et on apprécie que tout ça ne sente pas le pilotage automatique ou le plagiat hors-saison.

Mais ce sont des détails que l’on remarque au premier coup d’œil, et à la première note. Car malgré la brièveté globale de l’album, les SIGN OF THE JACKAL ne se privent pas d’une intro de deux minutes qui nous plonge dans le bain à grand renfort de claviers à la KING DIAMOND et de guitares montantes à la MAIDEN (« Regan », le modernisme baise ta mère en enfer), avant de nous heurter de plein fouet d’un Heavy Speed digne du meilleur de l’école belge des ACID et autres CROSSFIRE (« Night Curse », plus vrai que nature, avec vampire et loup-garou s’affrontant à coups de pieux et de rasoir mécanique). Sauf que contrairement à nombre de leurs contemporains, les originaires de Rovereto ne se contentent pas de d’accrocher à un genre pour le ronger jusqu’à l’os. Ils survolent toute une décennie pour en tirer la substantifique moelle, et nous offrent donc une synthèse qui leur permet de rester allusifs, mais aussi de faire preuve de conviction dans la rébellion (« Class of 1999 », épitomé de l’acier inoxydable des années 80 transposé dans une copie en carbone typiquement 2K). Alors, certes, on se gausse des intitulés, qui sentent bon les clichés, on s’amuse parfois d’une emballée qu’on a déjà headbanguée jusqu’à en perdre nos tifs dans l’évier (« Mark Of The Beast », limite LIVING DEATH des deux premiers albums, avec même quelques similitudes hystériques entre Laura et Thorsten Bergmann), mais en définitive, on se laisse séduire par ces flammes de l’enfer qu’on a plaisir à retrouver et à subir (« Heavy Rocker »,  banal à pleurer avec son riff testé en laboratoire, mais jouissif dans son désir de remiser la honte au placard avec ses chœurs revanchards). Et si par le plus grand des hasards vous cherchiez le meilleur raccourci existant entre 2018 et 1986, alors jetez-vous sur l’imparable « Terror At The Metropol », l’un des meilleurs instrumentaux du moment, qui pourrait même faire rougir d’envie les NIGHT FLIGHT ORCHESTRA…

Classique, éprouvé, déjà entendu, certainement éculé, Breaking The Spell ne brisera certainement pas le sort qui enchaîne les musiciens contemporains à un liquoreux et créatif passé, mais profite de plusieurs atouts pour se démarquer. Une intelligente brièveté, puisque les trente minutes imparties ne nous condamnent pas à nous lasser, une totale transposition dans une décade qui ne supportait pas les demi-tons, et surtout, des musiciens qui connaissent leur partition, et qui la retranscrivent comme si leur vie de hard-rockeur en dépendait. Des parties de guitare homériques, des soli héroïques, un chant typique mais magnétique, et une rythmique pilonnée mais pas mécanique, pour un surplus d’hédonisme qui fait cruellement défaut à nos propres années. Une façon de revêtir un costume que l’on se plaît à porter, histoire de se replonger dans une époque où le ridicule ne tuait pas, et rendait même plus fort. On espère cependant que les SIGN OF THE JACKAL sauront petit à petit s’éloigner de ce mimétisme pour le moment charmant et suintant, mais qui risque de vite devenir redondant. La nostalgie d’accord, le passéisme pas forcément, même lorsqu’il ne manque pas de mordant.               

          

Titres de l'album:

                        1. Regan

                        2. Night Curse

                        3. Class of 1999

                        4. Mark of the Beast

                        5. Heavy Rocker

                        6. Nightmare

                        7. Terror at the Metropol

                        8. Beyond the Door

                        9. Headbangers

Facebook officiel


par mortne2001 le 24/08/2018 à 16:13
85 %    1187

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Obscura + Gorod + Skeletal Remains

RBD 17/02/2025

Live Report

Doom, Rock'n'Roll & Vin rouge

Simony 10/02/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : le tape-trading

Jus de cadavre 09/02/2025

Vidéos

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

Mold_Putrefaction 28/01/2025

Live Report

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

RBD 23/01/2025

Live Report

Antropofago + Dismo + Markarth

RBD 16/01/2025

Live Report

Sélection Metalnews 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : MONOLITHE

Jus de cadavre 15/12/2024

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Styx

De rien, avec plaisir amie métalleuse.   

20/02/2025, 19:34

Moshimosher

Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...

20/02/2025, 19:08

Humungus

J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...

20/02/2025, 18:52

l\'anonyme

Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé. 

20/02/2025, 09:27

Simony

Hello Styx, problème remonté à notre webmaster, merci.

20/02/2025, 08:00

Tourista

Ça devient de la chaptalisation ce rajout permanent de groupes.

20/02/2025, 06:42

LeMoustre

Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci. 

19/02/2025, 17:51

Styx

Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.

19/02/2025, 16:32

Ivan Grozny

Merci pour le report, ça me tente bien d'y aller jeudi à Paris.

18/02/2025, 22:44

Jus de cadavre

Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !

17/02/2025, 21:39

Saul D

Moi je regrette quand même le line up des années 80...mais bon....

17/02/2025, 14:08

RBD

Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)

17/02/2025, 13:18

Humungus

Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)

17/02/2025, 06:50

RBD

C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)

15/02/2025, 18:14

Humungus

Super titre !Cela donne envie putain...

14/02/2025, 09:45

NecroKosmos

Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)

14/02/2025, 05:50

Warzull

AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)

13/02/2025, 18:38

Jus de cadavre

Toujours le même riff depuis 35 ans    Mais toujours efficace !

13/02/2025, 17:13

Simony

Excellente initiative, dommage que je sois si loin !

12/02/2025, 07:08

RBD

Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)

12/02/2025, 01:30