Le monde du Metal est peu propice aux baby-groups. Certes, quelques exemples jonchent l’histoire de çà et là, à l’instar des BAD 4 GOOD et leur guitariste prodige de douze ans chaperonné par Steve Vaï, des BABYMETAL, sorte de gimmick publicitaire pour tête pensante avide d’imagerie lolita, et des plus récents et familiaux LILIAC, mais en dehors de ces quelques cas de figure bien précis, on ne peut pas dire que le Hard-Rock, le Heavy Metal et tous leurs dérivés fassent office de YMCA pour adolescents en manque de décibels. J’en conviens, à l’heure de leur première démo, les géniaux DEATH ANGEL étaient à peine pubères, et beaucoup de groupes ont commencé leur carrière alors qu’ils traitaient encore leur peau pour des afflictions diverses, mais peu de musiciens n’avaient pas encore atteint leur majorité au moment d’enregistrer leur premier album. Pour la simple et bonne raison que jusque-là, enregistrer le dit premier album demandait de l’abnégation, de la patience, et que les maisons de disques n’étaient que peu enclines à signer des instrumentistes dont la carte d’identité affichait une date de naissance un peu trop récente. Est-ce pour autant qu’il faut s’intéresser à l’état civil des groupes qui nous offrent leur premier effort ? Oui et non, car malgré l’aspect superficiel de la considération, un très jeune âge peut-être autre chose qu’un gimmick de promotion, et révéler le talent éclatant d’artistes en devenir, qui justement sont déjà devenus. Ce qui est assurément le cas des suédois de THREE DEAD FINGERS, un quintet de jeunes affolés scandinaves qui avec Breed Of The Devil se posent là en tant que teen wonders. Fondé en 2015 alors qu’ils se battaient encore pour savoir qui allait finir les chocapics, THREE DEAD FINGERS a rodé son répertoire pendant deux ans pour lâcher sa première démo, Injustice, et deux de plus pour oser le carton du premier LP alors que leur potes attendaient encore fébrilement leur première surprise partie. Et si l’adolescence des gamins semble bien mise en avant par leur label national, c’est d’abord leur musique qui importe, une musique à la croisée des chemins, encore un peu légère en termes de variation, mais terriblement mature.
Breed Of The Devil est donc une sorte de melting-pot géant des tendances extrêmes de ces vingt dernières années. Plus intelligents que des ados lambda s’emparant d’instruments pour exprimer leur colère, ces cinq sympathiques bruiteurs (Oliwer Bergman - chant/guitare, Gustav Jakobsson - basse, Remy "Fiskis" Strandberg - guitare, Adrian Tobar Hernandez - guitare et Anton Melin - batterie) ont donc opté pour une formule ouverte, tâtant du Thrash moderne pour mieux l’intégrer à un contexte de Mélodeath des nineties, agrémentant le cocktail d’une approche très Néo-Métal des années 2000, pour produire un son sinon nouveau, du moins rafraichissant dans le contexte actuel. Que les choses soient bien claires, les jeunes ne sont pas là pour révolutionner un style musical dans lequel ils refusent de s’enfermer, mais plutôt pour faire entendre leur voix, celle d’une nouvelle génération sans complexe, qui se sent prête à affronter sur leur propre terrain les cadors les plus réputés. Et en termes d’efficacité, ces gamins-là n’ont de leçon à n’apprendre de personne, eux qui composent comme une référence après dix ans de carrière, et qui balancent des bombes à fragmentation d’une puissance assez redoutable. Plus concrètement, ce premier album se démarque de son énergie de tous les diables, et de son professionnalisme. En citant une poignée de références, dont DEATH, SLAYER, SLIPKNOT, SEPULTURA, ARCH ENEMY, AMON AMARTH ou DISSECTION, les THREE DEAD FINGERS balisent un terrain large, mais oublient dans leur liste quelques noms plus pointus. En effet, impossible à l’écoute de ces onze morceaux de ne pas penser aux aînés de AT THE GATES, SOILWORK, et toute cette vague de Néo-Thrash/Néo-Death venue du froid, dont les cinq membres ont dû attentivement écouter les œuvres. Mêmes tendances à insérer de force une mélodie dans un cadre de brutalité maîtrisée, même versatilité de ton, même approche des guitares qui piochent dans le passé de quoi bousculer le présent, et même capacité à produire des hits de violence instantanés. Le mimétisme est d’ailleurs parfois flagrant, à tel point qu’on a régulièrement le sentiment d’écouter un LP de leftovers de Slaughter of the Soul ou A Predator’s Portrait, le tout mâtiné d’une subtile couche de CHILDREN OF BODOM version light, et du SLIPKNOT le plus abordable.
Mais l’esprit collectif est bien là, et les performances individuelles aussi. Si les soli se gardent bien de provoquer l’admiration en restant sobres, c’est l’impact collégial qui frappe le plus les esprits. On sent que les cinq potes ont bien cimenté leur partition, et se connaissent bien depuis leur création. Les passages les plus intenses sonnent comme le cri d’une adolescence qui revendique son droit à la liberté d’expression, et si certains passages font encore montre d’une maladresse de jeunesse, globalement ce premier LP tient largement la dragée haute à des productions modernes plus ambitieuses. Pour être totalement honnête, Breed Of The Devil s’asphyxie un peu sur la durée, et perd son intensité en cours de route, sa seconde moitié montrant des signes de fatigue artistique. Les burners les plus efficaces sont quasiment tous placés avant la demi-heure, à l’image de la mise en bouche terrassante de « Black Rainbows ». Pour autant, et malgré une percussion indéniable, difficile comme le prétend la bio fournie par le label de croire que les suédois ont grandi à l’écoute du Thrash des années 80, dont on ne retrouve que peu de traces dans leur musique. Il semblerait que les féroces nineties aient plus volontiers fait leur éducation, ce que le mélange growls/chant clair démontre dès les premiers instants. La sensation et le décalage temporel ne sont pas désagréables pour autant, même si certains plans semblent directement piqués dans les poches des groupes précités, et reconnaissons aux jeunes une propension à lester la nacelle avec des riffs bien lourds et gras. Ils ont le sens du rythme, le sens du plan qui tue, et « Into the Bloodbath », le premier single choisi et illustré d’une vidéo de confirmer qu’à l’avenir, les THREE DEAD FINGERS seront une force à prendre en compte, une fois qu’ils auront digéré leurs influences les plus marquantes.
Dommage en effet que la deuxième moitié du LP ne tombe dans la mièvrerie mélodique la plus lénifiante, avec des approximations vocales, des harmonies niaises et rebattues, une utilisation du mid tempo plus pataude que puissante, ce qui n’enlève rien de son immédiateté au méchant et grognant « Pighead », dont seul le refrain vient gâcher la fête. Mais pour un premier essai, on sent que le potentiel est là, et le délicat parfum MORDRED qui envoute certaines parties de chant clair d’apporter une plus-value sur laquelle il conviendra de capitaliser. Encore un peu linéaire et scolaire (sans mauvais jeu de mots) pour vraiment faire la différence, Breed Of The Devil est plutôt à prendre comme un avertissement que comme un postulat définitif. La nouvelle génération est déjà là, et veut sa part du gâteau. A la vanille ou au chocolat.
Titres de l'album :
1.Until the Morning Comes
2.Black Rainbows
3.Into the Bloodbath
4.Celestial Blasphemy
5.Breed of the Devil
6.A Virus Called Life
7.Pighead
8.Nocturnal Gates
9.Eveline
10.Goodbye
11.House of the Careless
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